Les séparateurs et écarteurs d’orteils

Des dispositifs médicaux de classe I

Les séparateurs et correcteurs d’orteils, plus rarement dits « épandeurs », sont des dispositifs médicaux de classe I qui se placent dans un espace interdigital. D’action essentiellement protectrice, on les qualifie généralement d’accessoires podologiques et non d’orthèses.

Ces dispositifs se présentent sous forme de bobine, d’osselet ou de demi-lune de taille et d’épaisseur variables. Leurs matériaux – gel, silicone, caoutchouc souple ou mousse – se moulent à l’anatomie du pied, absorbent les chocs et frottements, puis reviennent à leur forme initiale après utilisation. Ils se présentent isolément ou intégrés à une coquille protectrice de l’articulation métatarso-phalangienne.

Plusieurs objectifs

> Réduire la pression et les frictions locales : ils protègent de l’apparition de lésions, d’inflammations ou de callosités dues à un frottement ou un chevauchement d’orteils, ou en limitent l’aggravation.
> Soulager : ils soulagent la gêne ou la douleur des zones cutanées déjà lésées, en particulier lors de la marche.
> Retrouver un alignement naturel des orteils : ils viennent soulager la gêne et limiter l’aggravation de la déformation, lorsque ces derniers ont tendance au chevauchement. Optimiser l’écartement des orteils pourrait également améliorer l’équilibre lors d’activités physiques (notamment sportives) et favoriser la circulation sanguine.

Séparateurs et écarteurs d’orteils : quelle indications ?

Prévention et prise en charge des cors interdigitaux (œil-de-perdrix) ou d’autres irritations dues aux pressions et frottements, en association aux éventuels traitements (pansements, kératolytiques…).
Soulagement de l’inconfort et correction (modeste) d’une déviation anormale des orteils, notamment du gros orteil vers le deuxième orteil avec déformation en saillie de l’articulation métatarso-phalangienne (hallux valgus ou oignon). Les séparateurs ou écarteurs d’orteils peuvent ainsi offrir une alternative au port d’orthèses, en cas d’hallux valgus à son stade débutant. Ils peuvent également avoir une utilité pour redresser et soulager des orteils en griffe (courbés vers le bas) ou en marteau (pliure anormale au niveau d’une articulation), en cas de métatarsalgies (douleurs de l’avant-pied liées à une pression des métatarses) en association à un coussinet plantaire ou encore dans le névrome de Morton (compression d’un nerf interdigital entre deux têtes métatarsiennes).

Zoom sur l’œil-de-perdrix

L’œil-de-perdrix est un cor qui se développe entre deux orteils, le plus souvent entre le quatrième et le cinquième, ou par paire (deux cors face à face). Il correspond à une couche de peau morte qui pénètre en cône dans les couches cutanées profondes.

• Le reconnaître : lésion de couleur blanchâtre, plus ou moins molle en raison de la macération locale, souvent entourée d’un halo rouge (inflammation) et présentant un point noir en son centre, d’où son nom courant « d’œil-de-perdrix ». Le cor peut provoquer des douleurs, parfois vives, notamment à la marche, gêner le chaussage et les activités physiques. Un risque d’infection existe.
• Facteurs de risque : âge (peau plus fine des personnes âgées), port de chaussures serrées ou inadaptées à la morphologie, orteils chevauchés ou déformés, frottements répétés (marche, sport…).
• Précautions : l’apparition d’un œil-de-perdrix chez un patient souffrant de neuropathie ou de troubles circulatoires, notamment chez les diabétiques, doit motiver une consultation systématique chez un pédicure-podologue.

Séparateurs et écarteurs : classification

La plupart des références sont classées selon deux catégories : séparateurs et écarteurs, qui diffèrent selon leurs formes, fonctions et épaisseur. À noter cependant que cette classification n’est pas universelle, certains dispositifs similaires pouvant porter l’une ou l’autre de ces appellations…
Les séparateurs. Ils désignent généralement les modèles les plus minces, le plus souvent en forme de demi-lune, qui peuvent être insérés dans tous les espaces interdigitaux : Akiléïne séparateurs d’orteils demi-lune, Aircast Softoes séparateur d’orteil, Scholl séparateur d’orteils fins, Valdispharm séparateur d’orteils demi-lune, Orliman FeetPad séparateur gel demi-lune, Epitact séparateurs, Pediplus séparateurs d’orteils, Berkemann séparateur d’orteils… Leur action est uniquement protectrice.

Les écarteurs (dits aussi « séparateurs osselet »). Ils désignent généralement les modèles plus épais, en forme d’osselet ou bobine, destinés à l’espace interdigital entre le gros orteil et le deuxième orteil : Aircast Softoes écarteur d’orteil, Valdispharm séparateur d’orteils osselets, Akiléine osselet séparateur, Orliman FeetPad écarteur de doigt hallux valgus, Pedisoft écarteur d’orteils Neut, Epitact écarteurs (association de deux séparateurs), Pediplus écarteur d’orteils, Berkemann écarteurs d’orteils, Scholl séparateurs d’orteils épais… Leur action est protectrice, voire légèrement correctrice de l’alignement, d’où leur indication possible dans l’hallux valgus.

Les références intégrées à une coque protectrice de l’articulation métatarso-phalangienne visent spécifiquement l’hallux valgus : Akiléine correcteur hallux valgus avec séparateur d’orteil, Aircast Softoes protection séparatrice d’orteils pour hallux valgus, Orliman FeetPad écarteur et protecteur hallux valgus, Pediplus hallux valgus…

Conseils et précautions

Taille. Tous les modèles sont bilatéraux. Certains modèles – mais peu – se déclinent en plusieurs tailles pour s’adapter à la morphologie. Un essayage est alors recommandé.
Port. À même la peau, de jour, en augmentant progressivement la durée de port pour habituer les articulations, notamment pour les écarteurs. L’utilisation de nuit (sous une chaussette par exemple) requiert un avis médical. Choisir des chaussures fermées – du moins au bout – confortables, non pointues. Ne pas appliquer de crème ou de lotion avant le port du dispositif (risque de détérioration des matériaux possible).
Entretien. Les dispositifs se lavent après chaque utilisation à la main, avec de l’eau et du savon. Les laisser sécher naturellement, sans source de chaleur, puis les talquer. Les remplacer dès l’apparition de fissures ou de déformations permanentes.
Précaution. Ne pas utiliser si l’articulation est enraidie, en cas de fracture, de crise de goutte, de maladie rhumatismale, d’hallux valgus avancé non réductible, d’arthrite ou de neuropathie sans avis médical. Ne pas appliquer en cas de plaie ouverte, de maladie cutanée évolutive, d’allergie connue à l’un des constituants.

Séparateurs et écarteurs d’orteils : quelle prise en charge ?

Prix de vente libre, aucune prise en charge de ces dispositifs par l’Assurance maladie.

Mémento de la délivrance

• Dispositif interdigital de protection, voire de correction modeste d’une déviation.
• Modèle séparateur demi-lune fin ou écarteur osselet/bobine plus épais pour l’espace entre le gros et le deuxième orteil.
• Taille unique le plus souvent.
• Modèles bilatéraux.
• Réutilisables, entretien par lavage à la main.
• Pas de prise en charge par l’Assurance maladie.