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Les prothèses mammaires externes
Essayage, confidentialité et accompagnement sont indispensables. Plus de 250 000 femmes en France portent une prothèse mammaire externe. Le rôle du dispensateur est d’adapter la délivrance aux besoins, aux préférences et au mode de vie de la patiente.
Définition
Les prothèses mammaires sont des dispositifs médicaux. Elles se présentent comme des coussinets de forme et de texture variables destinés à reproduire ou à restituer la masse volumique et/ou la forme d’un sein.
Indications
Elles sont indiquées en cas d’asymétrie congénitale ou acquise, en cas d’hypoplasie majeure ou d’aplasie ou, plus fréquemment, après une mastectomie totale ou partielle. Elles peuvent être utilisées de façon provisoire, dans l’attente d’une reconstruction mammaire, ou définitive.
Classification
Prothèse transitoires
• Description : coussinets lavables souples en mousse ou en coton destinés à être glissés dans un soutien-gorge ou dans la poche d’un soutien-gorge post-mastectomie. Légers, ils ne pallient pas le poids du tissu manquant mais évitent les frottements.
• Indication : pendant la phase de cicatrisation après l’opération de mastectomie ou durant les traitements de chimio/radiothérapie.
Prothèses permanentes
• Description : coussinets généralement constitués de silicone enveloppé d’une fine membrane protectrice de polyuréthane. Plus élastiques et plus lourds qu’une prothèse temporaire, ils permettent de compenser la forme et la masse volumique du sein manquant.
Il existe des prothèses dites « non techniques » ou « standard » en silicone de mono-densité et des prothèses « techniques » qui offrent différentes densités de silicone, de surfaçage, de systèmes d’adhérence… Se distinguent :
→ les prothèses non adhérentes : proposées généralement en premier lieu, huit semaines au moins après les traitements. Elles se portent glissées dans le bonnet du soutien-gorge ou dans la poche d’un soutien-gorge adapté ;
→ les prothèses adhérentes : proposées en général dans un second temps, quelques mois après la fin des traitements et lorsque les femmes sont habituées au port d’une prothèse. Elles se fixent sur la peau grâce à leur face interne adhérente (Amoena Contact) ou par l’intermédiaire d’un support adhésif collé sur la peau, auquel se fixe la prothèse (Amoena Natura ou Essential avec support Contact Multi, Anita Vario adhésive, Thuasne Silima Direct…).
→ Indication : à buts esthétique, psychologique et thérapeutique, elles restaurent l’équilibre statique, la symétrie du corps et préviennent ainsi d’éventuelles complications posturales (douleurs dorsales, épaule tombante…). Elles sont conseillées après cicatrisation totale et disparition de l’œdème.
À noter : aux côtés des prothèses pleines, transitoires ou permanentes, il existe des prothèses partielles dites aussi « compléments » ou « enveloppes », de forme et de taille variables. Elles sont adaptées pour rétablir un déséquilibre du sein lorsqu’une partie seulement du tissu mammaire a été enlevée. Elles sont en silicone ou en mousse, adhérentes ou non.
Critères de choix
Délai après intervention/traitement
• Une prothèse transitoire peut être prescrite dès que la mastectomie a eu lieu ou ultérieurement, durant un traitement par radiothérapie.
• La prothèse permanente en silicone est prescrite dans un délai de deux à trois mois minimum après l’intervention.
Taille, forme et couleur
Rondes, triangulaires, en cœur, asymétriques pour compenser un creux axillaire prononcé…, tailles de galbe pour une bonne symétrie avec le sein restant et couleur pour s’adapter à toutes les peaux ; certaines proposent une forme variable de mamelons.
Confort
• Les adhérentes offrent une solution plus proche de la réalité et davantage de liberté de mouvement : Amoena Contact, Silima Direct et Shell Direct One de Thuasne…
• Les allégées ou « light » sont 25 à 35 % moins lourdes que les prothèses de compensation complète du poids grâce à des densités variables de silicone. Elles facilitent la pratique d’une activité physique et sont particulièrement recommandées lors de pathologies sous-jacentes comme un lymphœdème ou des douleurs dorsales. Toutes les marques en proposent : Amoena Natura Cosmetic, Natura Light, Energy Light, Essential Light et Contact Light, Anita Light & Soft ou Light & Vario, Silima Soft & Light et Silima Ultra Light de Thuasne…
• Les prothèses à régulation de température intègrent un matériau qui régule la température et évite une sensation de moiteur : technologie microfibre respirant chez Anita, technologie thermorégulatrice Comfort + chez Amoena avec perles tridimensionnelles et canaux de ventilation…
• Les prothèses plus souples se rapprochent au plus près d’une forme naturelle et suivent la forme du sein lors des mouvements : Technologie Flex-Gap chez Anita, Amoena Natura…
• Les prothèses avec un revêtement doux sont adaptées aux peaux fragilisées : Amoena Nature, Silima Classic Soft de Thuasne, microfibre chez Anita…
• Les prothèses adaptées à la natation permettent de nager sans que la prothèse ne soit entraînée vers le bas par le maillot mouillé : Light & Active d’Anita à dos cannelé qui permet l’évacuation de l’eau, Amoena Swimform Aqua Wave en silicone très léger avec canaux d’évacuation sur la face interne…
Prix
Il est en moyenne de 25 € pour les prothèses transitoires et de 70 € à plus de 200 € pour les permanentes.
Préférences individuelles
Les attentes peuvent varier en termes de confort, de sensation, de technologie, notamment adhérente ou non. Le désir de la patiente est le critère principal pour le choix.
Essayage
• Dans un local isolé, lors d’un rendez-vous dédié avec suffisamment de temps de prévu pour que la femme se familiarise avec le matériel lors d’une première délivrance.
• Lui conseiller de porter un vêtement moulant et de se faire accompagner d’un proche qui connaît sa silhouette habituelle et pourra donner son avis.
• Faire essayer plusieurs modèles et plusieurs marques avec un soutien-gorge habituel et un soutien-gorge post-mastectomie pour valider l’application, et avec un maillot de bain si besoin.
Emploi
Port
Attention aux ongles trop longs et aux aiguilles, broches, ciseaux… qui pourraient endommager la prothèse et laisser s’écouler le silicone.
Entretien
• Peau : la nettoyer soigneusement à l’eau et au savon doux ou avec un produit spécifique (Amoena Skin Preparation Tonic) avant de porter une prothèse auto-adhésive ; ne pas appliquer de corps gras.
• Prothèse : la nettoyer chaque jour avec de l’eau et un savon doux (pas de produits abrasifs ni huileux) ou un produit spécifique (Amoena Soft Cleanser). La laisser sécher à l’air libre avant de la replacer dans son étui pour la nuit afin qu’elle garde sa forme initiale.
La conserver à température ambiante, loin d’une source de chaleur.
Durée de vie
Dans de bonnes conditions d’entretien, elle est estimée à deux ans mais il peut être nécessaire de changer la prothèse chaque année, voire plus en cas de modifications morphologiques importantes, notamment une variation de poids du sein restant, fréquente dans les mois suivant la chirurgie.
Législation
Prescription
Elle est effectuée par tout médecin : le chirurgien réalisant la mastectomie, ou tout autre médecin, y compris traitant, impliqué dans la prise en charge.
La prescription renseigne idéalement l’indication de la prothèse, le cas échéant le sein opéré, la date de la mastectomie et son caractère partiel ou total, les symptômes cicatriciels, le risque d’œdème, les éventuelles douleurs cervicales…
Délivrance
Aucune obligation de formation n’est actuellement nécessaire pour délivrer des prothèses mammaires externes mais cela pourrait changer (voir plus bas).
Inscription à la LPP
À l’exception de la prothèse auto-adhérente Amoena Contact inscrite sous nom de marque, les prothèses mammaires externes permanentes sont inscrites sous ligne générique « Prothèse de sein, en matériau solide ou de forte viscosité sur la liste des produits et prestations (LPP) » dans le titre II : « Orthèses et prothèses externes > Prothèses externes non orthopédiques > Prothèses de sein ».
Les supports double face utilisés pour certaines prothèses adhérentes sont inscrits en ligne générique.
Prise en charge à la LPP
Les conditions de prise en charge devraient être modifiées en 2016 (voir plus bas), mais en septembre 2015 :
• seule une prothèse par an est prise en charge par l’Assurance maladie, à l’exception des prothèses transitoires qui ne le sont pas du tout.
• Il n’y a pas de prix limite de vente sauf pour l’auto-adhérente Amoena Contact.
Tarif LPP
• Prothèse de sein, en matériau solide ou de forte viscosité : 69,75 €. Un dépassement à faire payer à la patiente est autorisé mais non souhaitable. Il est parfois pris en charge par des mutuelles.
• Support double face (code LPP 2447219) : 2,54 €. Dépassement possible.
• Prothèse auto-adhérente Amoena Contact : 160 €. C’est un prix limite de vente, donc pas de dépassement possible.
Ce qui devrait changer en 2016
La procédure d’inscription et les conditions de prise en charge des prothèses de sein vont certainement évoluer dans le courant de l’année 2016 (lire Décryptage p. 15). Un texte paru au Journal officiel le 19 mai 2015 prévoit les modifications suivantes :
• l’inscription et la prise en charge à la LPP des prothèses transitoires, avec un prix limite de vente de 25 € ;
• une inscription sous ligne générique des prothèses permanentes « non techniques » et sous nom de marque pour les « techniques » ;
• un tarif LPP plus élevé et un prix limite de vente avec :
– prothèses « non techniques » : 180 € ;
– prothèses « techniques » : 240 € ;
• un délai de renouvellement plus long : dix-huit mois au lieu de douze, sauf modifications morphologiques importantes ;
• une formation obligatoire de vingt heures pour les officinaux non titulaires d’un DU d’orthopédie.
Mémento de la délivrance
→ Prendre le temps de la délivrance avec plusieurs essais avec les sous-vêtements classiques de la patiente.
→ Dépassement tarif LPP : autorisé sauf pour l’auto-adhérente Amoena Contact.
→ Substitution de marque interdite sauf autorisation du prescripteur.
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