- Accueil ›
- Préparateurs ›
- Délivrance ›
- Les pansements hydrocellulaires superabsorbants
Les pansements hydrocellulaires superabsorbants
Les pansements superabsorbants sont caractérisés par leur forte capacité d’absorption et de rétention des exsudats, y compris avec un dispositif compressif associé. Ils s’adressent aux plaies très exsudatives. Absorption, forme et mode d’emploi diffèrent selon les marques.
Définitions
• Les pansements hydrocellulaires sont constitués de polymères absorbants, notamment de la mousse de polyuréthane. Ils visent à favoriser la cicatrisation en milieu humide des plaies aiguës et chroniques, modérément à très exsudatives (voir Dico+). Depuis 2016, la liste des produits et prestations (LPP) les distingue en trois familles selon leur niveau d’absorption : moyenne, importante et les superabsorbants. Ce sont des dispositifs médicaux de classe IIb.
• Les pansements hydrocellulaires superabsorbants, ou superabsorbants en langage courant, sont composés de plusieurs couches, dont une couche hydrophile contenant des polymères superabsorbants. Ils sont caractérisés par leur forte capacité d’absorption et de rétention des exsudats, y compris sous compression.
Description
Les superabsorbants sont constitués d’une couche en contact avec la plaie, adhésive ou non, non-adhérente (voir Dico+ p. 38), qui laisse passer les exsudats vers une couche absorbante centrale, et d’une enveloppe externe le plus souvent déperlante (voir Dico+), permettant les échanges gazeux.
• Aspect général. La partie absorbante, ou « coussin » absorbant, peut occuper la quasi-totalité de la surface du pansement ou être centrée et cernée d’une bordure de 1 à 3 cm sur tout le pourtour (Tegaderm Super absorbant, Vliwasorb Pro) ou sur deux côtés (DryMax Extra Easy).
• La couche centrale absorbante est à base de cellulose et de particules de polyacrylate de sodium « super » absorbantes qui se gélifient au contact des exsudats. Le polyacrylate, qui est aussi le composé des couches pour bébé, est plus absorbant que la cellulose. Les matériaux absorbants et leurs proportions jouent sur la capacité d’absorption. DryMax Extra Soft : le polyacrylate est associé à des couches de tissu viscose-polyester, moins absorbant que la cellulose. Cutimed Sorbion et DryMax Extra Easy : la masse absorbante est contenue dans un sachet de polypropylène hydrophile, ce qui permet une absorption sur les deux faces. KerraMax Care : masse 100 % en polyacrylate dans une enveloppe non-tissée (NT) thermocollée de fibres de polyéthylène permettant une utilisation sur ses deux faces et sa conformabilité.
• L’enveloppe externe isole le gel formé de la surface de la plaie. Pour la plupart des pansements, elle se compose :
→ d’une face interne hydrophile en non-tissé de polypropylène, de polyéthylène ou de viscose-polyamide. Cette interface avec la peau doit permettre le passage des exsudats dans le coussin absorbant. Elle doit donc être hydrophile ou perforée si elle est enduite de silicone, hydrophobe. Sorbact Superabsorbant : la face interne est enduite d’une substance « antimicrobienne » (chlorure de dialkyl carbamoyle, ou DAAC) par interaction hydrophobe avec les micro-organismes (1) ;
→ d’une face externe hydrophobe, déperlante en non-tissé de polypropylène ou de polyéthylène. DryMax Extra Soft, Cutimed Sorbion, KerraMax Care ont une face externe non hydrophobe et sont absorbants des deux côtés. Vliwasorb Adhésive : la face externe est un film de polyuréthane imperméable.
• Entre la face interne et la couche absorbante, il peut y avoir une couche de diffusion en polypropylène non-tissé, en cellulose, en viscosepolyester qui favoriserait la répartition de l’exsudat dans la couche superabsorbante. Exemples : KerraMax Care, Mextra, RespoSorb, Sorbact Superabsorbant, Vliwasorb.
• L’adhésivité. Selon la LPP, un pansement est adhésif quand il ne nécessite pas de pansement secondaire pour être tenu en place.
→ La plupart des superabsorbants ne sont pas adhésifs, mais quand ils le sont, leur couche externe adhésive a une superficie supérieure à celle de la partie absorbante et permet son maintien en place. La partie « active » absorbante est entourée, ou bordée, d’où le terme anglais « Border » de certaines marques.
→ La bordure collante est en polyacrylate, en polyuréthane (PUR), voire les deux associés. L’adhésif utilisé peut être irritant pour les peaux périlésionnelles fragilisées, notamment lors du retrait. Exemples : RespoSorb Silicone Border comporte un film de PUR avec une masse adhésive en polyacrylate et une enduction de silicone perforée (voir ci-dessous), l’adhésif de Vliwasorb Adhésif est en acrylique et PUR.
• L’enduction siliconée correspond à l’application d’une couche de silicone sur la partie du pansement en contact avec la plaie. Elle confère une adhérence légère au pansement sur la plaie, ce qui libère les mains du soignant le temps du soin, facilite le repositionnement du pansement et limite le traumatisme du retrait. Le silicone minimiserait l’adhésion du non-tissé à la plaie. Le silicone étant hydrophobe, la couche siliconée est perforée pour permettre le passage de l’exsudat à la zone absorbante. Pansement enduit sur la surface : RespoSorb Silicone.
• Feuillet(s) protecteur(s). Les pansements non adhésifs sont présentés dans un sachet comme les compresses. Ceux adhésifs et/ou enduits comportent en plus des feuillets protecteurs pouvant faciliter la mise en place sans coller.
• Formes. Un pansement superabsorbant se présente sous la forme d’une plaque définie comme « un élément d’une matière quelconque, plein, relativement peu épais par rapport à sa surface »(3), de forme anatomique standard ou complexe.
→ Une forme anatomique est dite géométrique standard quand il s’agit d’un carré, cercle, ellipse, losange, rectangle ou triangle. Les bords sont arrondis, en angle droit ou aigu.
→ Une forme anatomique complexe est tout autre forme destinée à des localisations difficiles comme le talon, le sacrum ou le coude.
• Dimensions. Carrés ou rectangulaires de 7,5 × 7,5 cm, 10 × 10 cm, 40 × 60 cm… Il existe des formes botte-jambe (Eclypse Boot) ou très grandes (37 × 56 cm pour DryMax Extra Soft, Cutimed Sorbion en forme de lunette). Attention à la taille « active » ! Parfois, les dimensions indiquées correspondent à la taille totale du pansement, alors que c’est la zone absorbante qui doit déterminer le choix de la taille.
Capacité d’absorption
La nomenclature LPP impose aux superabsorbants une évaluation de leur capacité d’absorption libre sur le pansement total, sous charge, et de rétention sous pression. La plupart des superabsorbants ont « des capacités d’absorption intrinsèques proches si on les exprime en grammes par 100 cm2 de zone absorbante ».(1) La partie réellement absorbante ou active du pansement ne correspond pas toujours à la totalité de sa surface. Ces tests apprécient également l’humidité transmise par le pansement à la peau périlésionnelle, et donc le risque de macération, qui semble moindre avec Vliwasorb, Mextra et RespoSorb Silicone.(1)
Utilisation
• L’intérêt principal des superabsorbants est leur capacité à absorber et à séquestrer dans leur masse absorbante des quantités élevées d’exsudats sans les relarguer, même sous pression.(1) Cela permet d’espacer les changements de pansement, tout en tenant compte de la prise de poids du pansement, qui peut devenir lourd et inconfortable pour le patient.
• Indication : plaies aiguës sans distinction de phase et plaies chroniques très exsudatives, en traitement séquentiel (voir Dico+ p. 36) pour les phases de détersion et de bourgeonnement. Exemples : plaies chirurgicales, ulcères de jambe veineux, pied diabétique, plaies cancéreuses…
L’usage des pansements hydrocellulaires superabsorbants est préconisé dès que la fréquence de renouvellement des pansements absorbants classiques est supérieure ou égale à deux fois par jour. En cas de plaie cavitaire, le superabsorbant peut être associé à un pansement primaire adapté, devenant pansement secondaire.
Mode d’emploi
• Après nettoyage de la plaie, appliquer le pansement, dont la taille doit recouvrir les berges. La zone absorbante doit dépasser la plaie de 1 à 2 cm en moyenne. Il peut être laissé plusieurs jours si besoin. Ne pas découper en raison des fibres superabsorbantes.
• Ne pas utiliser sur une plaie sèche, peu exsudative, cavitaire, sur des brûlures du troisième degré ou une plaie très hémorragique.
• Dans les ulcères de jambe veineux, plaies potentiellement très exsudatives qui nécessitent une bande de compression, le superabsorbant est placé entre la plaie et la bande.
Législation
• Prescription. Elle est possible par tout médecin et tout infirmier.
• Inscription LPP. Les superabsorbants sont inscrit à la LPP au Titre 1 > Articles pour pansements, matériel de contention > Articles pour pansements > Pansements > Pansements hydrocellulaires > Pansements hydrocellulaires superabsorbants. Ils sont inscrits sous lignes génériques par taille en cm2 et par laboratoire afin de suivre les prescriptions. Les codes LPP commencent désormais par le chiffre 6. Ils se présentent en boîtes de dix.
• Tarifs LPP. Ils varient selon la surface totale du pansement et l’adhésivité, et vont de 11 € pour une taille inférieure à 60 cm2 à 119,83 € pour une taille supérieure ou égale à 600 cm2. Ils ont des prix limite de vente, donc il n’y a pas de dépassement à faire payer. Les superabsorbants ont un prix de cession, qui est le prix de vente du laboratoire au prestataire (pharmacien…), à ne pas dépasser.
• Prise en charge. Elle est subordonnée à l’indication « Plaies aiguës et chroniques très exsudatives, en traitement séquentiel pour les phases de détersion et de bourgeonnement ». Il n’y a pas de limite mais, comme pour tout pansement, mieux vaut délivrer au fur et à mesure car la quantité d’exsudat peut rapidement diminuer et il faudra alors passer à un hydrocellulaire moins absorbant.
(1) Pansements hydrocellulaires superabsorbants, performances in vitro, Yves Lurton, Carmen Renard, Revue francophone de cicatrisation , janvier-mars 2019.
(2) Les pansements hydrocellulaires, 25 ans d’évolution , Yves Lurton, revue Soins n° 802, janvier-février 2016.
(3) Évaluation des pansements primaires et secondaires , Haute Autorité de santé, octobre 2007.
Dico +
→ Déperlant : signifie que la matière a été traitée afin de repousser l’eau sous forme de gouttelettes incapables d’imprégner le revêtement.
→ Plaie exsudative (3) : plaie présentant une production de liquide séreux d’abondance plus ou moins élevée. Il peut s’agir d’un exsudat (> 30 g de protéines/L) ou d’un transsudat (< 30 g de protéines/L).
La quantité d’exsudat s’évalue cliniquement selon la saturation du pansement.
→ Traitement séquentiel : signifie que l’on prend en compte le stade de cicatrisation (détersion, bourgeonnement…).
Mémento de la délivrance
→ Délivrer le format adapté à la taille de la plaie, en se référant à la partie active du pansement et non à la surface totale. La zone absorbante doit dépasser la plaie de 1 à 2 cm en moyenne.
→ S’assurer de l’indication en demandant si la plaie est très exsudative.
→ Ne pas faire payer de dépassement, car des prix limites de vente sont fixés.
Dico +(3)
→ Pansement primaire : a un contact et une action directe sur la plaie.
→ Pansement secondaire : utilisé sur un pansement primaire pour le fixer, protéger, absorber l’exsudat…
→ Plaie aiguë : plaie dont le délai envisagé de cicatrisation est supposé normal (sans cause pouvant retarder la cicatrisation).
→ Plaie chronique : plaie au délai de cicatrisation allongé en raison d’un retard de cicatrisation. Une plaie est dite chronique après quatre à six semaines d’évolution.
→ Non-adhérence : capacité du pansement à se séparer de son support sans difficulté, ou dont l’ablation n’est pas traumatisante.
→ Viscose : fibre artificielle issue de la cellulose naturelle, douce, absorbante.
Petit lexique à l’usage des pansements
Adhésif : a des bordures adhésives, collantes sur la peau périlésionnelle. Ne nécessite pas de fixation supplémentaire. La superficie de la couche externe adhésive est supérieure à celle de la partie absorbante « active ».
Non-adhésif : nécessite une fixation appelée pansement secondaire, « ne tient pas en place seul ».
Micro-adhérent : possède une couche d’enduction en contact avec la plaie, souvent en silicone. Certaines marques utilisent également le terme « auto-adhésif ». C’est rare chez les superabsorbants, sauf pour RespoSorb Silicone.
Remarque : un pansement peut être adhésif et enduit, tel RespoSorb Silicone Border, seul superabsorbant concerné.
- Formation à la vaccination : pas de DPC pour les préparateurs en 2025
- [VIDÉO] De la grossesse à la naissance : un accompagnement en officine personnalisé proposé par Amandine Greco, préparatrice
- [VIDÉO] Accompagnement post-natal en officine : les papas aussi !
- Entretiens pharmaceutiques en oncologie : tous concernés !
- Océane vient d’être diagnostiquée narcoleptique