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Les orthèses stabilisatrices de cheville de série

Publié le 19 février 2020
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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Comme la pionnière Aircast, les nombreuses orthèses stabilisatrices sont un pilier du traitement aigu des entorses moyennes à graves de la cheville. Quel que soit leur niveau de sophistication, l’essayage et les conseils pour un ajustement individuel sont des points clés.

Définition

• Une orthèse est un appareillage orthopédique qui vise à compenser une fonction déficitaire d’une partie du corps, à soutenir une structure articulaire ou musculaire, voire à l’immobiliser durant une phase de réadaptation ou de repos.

• Semi-rigide pour immobiliser partiellement la cheville, l’orthèse stabilisatrice est de ce fait souvent appelée « attelle » de cheville. Son action stabilisatrice est supérieure à celle des chevillères élastiques de série(1) qui maintiennent sans immobiliser.

Description

• L’orthèse est constituée de deux montants ou coques latérales anatomiques en plastique rigide qui enserrent la cheville en « U », reliés sous la voûte plantaire par une bande talonnière élastique ou réglable selon la largeur du pied. Le plus souvent ouverte, elle peut également être semi-fermée par du tissu, sous forme de chaussette ou de botillon.

• La face interne des coques est munie d’inserts souples en mousse et/ou de gel et/ou de coussins d’air conformables à l’anatomie de la cheville, parfois recouverts de tissu doux et aéré pour davantage de confort.

• L’orthèse se ferme et s’ajuste par un système de bandes transversales auto-agrippantes et/ou de lacets.

• Fabriqués en série, les modèles peuvent être bilatéraux ou unilatéraux, droits ou gauches, en taille unique ou déclinés en plusieurs tailles pour s’adapter à l’âge et à la morphologie.

Mode d’action

• L’orthèse bloque les articulations de la cheville pour la stabiliser dans le plan frontal. Les mouvements d’inversion, c’est-à-dire la torsion du pied en dedans, et d’éversion, la torsion en dehors, sont empêchés tandis que les mouvements de flexion et de dorsiflexion restent le plus souvent possibles (voir schéma ci-contre).

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• Elle favorise en outre le contrôle proprioceptif, c’est-à-dire la perception et l’adaptation permanente de la posture du pied.

• Les coques rigides protègent l’articulation et, en empêchant les mouvements indésirables à l’origine de l’entorse, favorisent la cicatrisation des structures anatomiques lésées et limitent le risque d’aggravation ou de récidive. L’immobilisation partielle, avec respect des mouvements de flexion/dorsiflexion, permet un appui du pied et une rééducation fonctionnelle précoce, recommandée en cas d’entorse.

• Les inserts souples assurent le confort et participent à la réduction de l’œdème par compression. L’orthèse a aussi un effet antalgique.

Classification

Il n’y a pas de classification officielle, mais les modèles diffèrent selon leur utilisation et leur degré de sophistication qui offre davantage de confort, une immobilisation supérieure ou encore une fonctionnalité supplémentaire.

• Les orthèses stabilisatrices « statiques » sont utilisées pour immobiliser la cheville en phase post-traumatique ou en période de repos, tout en permettant la rééducation.

→ Indications : entorse externe de la cheville sévère ou de gravité moyenne, instabilité fonctionnelle, hyperlaxité ligamentaire chronique, récidive d’entorse, suites opératoires, relais d’un plâtre.

Les modèles se distinguent à différents niveaux.

→ Les inserts sont le plus souvent constitués : de cellules pneumatiques prégonflées comme Aicast Classique II 13 ; de mousse dans Actimove TaloCast 5, Gibortho Orthèse stabilisatrice de cheville avec 8 ou sans boucles de serrage ou à lacets 11, Ligacast Anatomic, Salvacast Mémo Confort 4 et Orliman Memoforme avec mousse à mémoire de forme 6, etc. ; ou des deux comme dans Aircast Light 15.

L’orthèse FusioLight de Donjoy 17 ajoute à la mousse des coussinets en silicone pour réduire la pression sur les points douloureux au niveau de la malléole.

Certains modèles à pneumatiques sont gonflables/dégonflables via un système de valves et de poire ou de tube dans lequel souffler afin de s’adapter à l’anatomie et à l’évolution de l’œdème : Actimove TaloCast-Air, Gibortho Orthèse stabilisatrice de cheville à air, Ligacast Air+, etc.

D’autres contiennent un gel pour cryothérapie afin de combiner froid et immobilisation : Actimove TaloCast-AirGel, Salvacast, Orliman Cryotec Air/Gel, Gel Donjoy, etc.

→ Le renforcement de l’immobilisation est assuré par des sangles de strapping amovibles, comme Thuasne Ligastrap Immo 3, ou par un système de poulies latérales pour Orliman Memostab, un modèle semi-fermé 10.

Les systèmes de blocage du talon empêchent les mouvements de flexion plantaire, laissant la dorsiflexion libre afin d’optimiser la cicatrisation en cas de lésions combinées. Ainsi, A2T de Cizeta 12 bloque l’arrière-pied, du calcanéum au cuboïde, et laisse la malléole dégagée pour favoriser son glaçage. Malléogib 2 est articulée, avec une cupule talonnière 9.

→ L’action anti-glisse du talon est instaurée par les systèmes de blocage du talon (voir cidessus) ou par le jeu de sangles qui se croisent et s’ajustent en position antéro-latérale de l’articulation, comme avec MalleoLoc 7 pour un usage sans chaussure.

→ Des modèles sont adaptés aux enfants, notamment Actimove TaloCast, TaloCast-Air et TaloCast-AirGel, Salvacast Kid, Gibortho Orthèse stabilisatrice de cheville junior, Orliman Memostab, Ligacast Junior, Aircast Classique II.

→ Les orthèses stabilisatrices « dynamiques » sont conçues pour stabiliser la cheville lors d’activités quotidiennes, généralement avec des matériaux profilés qui facilitent le chaussage, des sangles plus fines avec fonction strapping, voire un tissu type chaussette dont l’aspect est proche d’une chevillère élastique de série.

→ Indications : reprise d’activité sportive, instabilité chronique de la cheville, œdème chronique, aigu ou inflammatoire.

→ Exemples : Actimove TaloStep avec coussins de gel internes amovibles pour cryothérapie, Malleo Dynastab 2 avec sangle strapping et serrage par lacet ou système rotatif BOA 1, Donjoy Active avec étrier rigide articulé renforçant le maintien dans l’axe frontal, Aircast A60 14 avec coques latérales moulées, AirSport+ 16 avec lacet et système de fermeture BOA pour régler le degré de compression, Gibortho Orthèse stabilisatrice de cheville à lacets 11, etc.

Contre-indications

Ces orthèses ne doivent pas être utilisées sur une peau lésée.

Prise de mesures

La plupart des orthèses sont unilatérales, pour la cheville gauche ou droite.

Pour les modèles déclinés en plusieurs tailles, les instructions de prise de mesure sont très variables selon la sophistication et la marque : mesure de la taille du patient, de la pointure, voire de la largeur du talon, mesure du tour soltalon, du tour de cheville, etc.

Essayage

L’essayage est obligatoire pour vérifier la taille et l’ajuster si besoin.

→ Placer le pied muni d’une chaussette haute entre les coques, en regard des malléoles, en prenant garde, le cas échéant, de respecter le sens, indiqué parfois par un pictogramme de positionnement sur la talonnière.

→ Serrer l’orthèse par le biais des sangles et/ou des lacets, en commençant par le bas.

→ Ajuster le serrage selon la douleur et la morphologie et, si le modèle le permet, via le système complémentaire : gonflage/dégonflage des cellules pneumatiques, serrage fin par le système BOA, sangles strapping additionnelles, etc., en se référant à la notice du fabricant.

→ Introduire le pied dans une chaussure large et confortable, de type basket, de préférence montante et à lacet, bien la serrer pour stabiliser davantage l’articulation.

Port

La durée quotidienne du port dépend du traumatisme et est précisée sur l’ordonnance établie par le médecin.

Sauf dans le cas particulier du système antiglisse du talon, il est préconisé de porter l’orthèse dans une chaussure qui joue un rôle stabilisateur, au même titre que les sangles. En présence d’inserts pour cryothérapie, il convient de placer l’orthèse ou les inserts amovibles au moins 30 minutes au congélateur avant la pose.

Entretien

Laver les parties en plastique à l’eau tiède et au savon et laisser sécher à plat à l’air libre sans utiliser de détergent, d’adoucissant ou de produit chloré. Certaines mousses amovibles se lavent en machine.

Prise en charge

• Prescription. Par un médecin, sur une ordonnance à part qui doit désigner l’article (chevillère de contention, ligamentaire, malléolaire, etc.) et préciser la finalité médicale.

• Inscription sur la liste des produits et prestations (LPP). Au titre II (Orthèses et prothèses externes) > Chapitre 1 : Orthèses (ex-petit appareillage) Sous-chapitre D7 : Appareils divers de correction orthopédique sous la dénomination générique Orthèse stabilisatrice de cheville dans le plan frontal. Code LPP : 2107972(2).

• Prise en charge à la LPP. Elle est assurée dans les cas d’entorses externes récentes de la cheville, sévères ou de gravité moyenne.

→ Prix unitaire : le tarif LPP est de 27,44 €. En l’absence d’un prix limite de vente, un dépassement est possible.

→ Délai de renouvellement : non spécifié.

→ Entente préalable : non.

→ Droit de substitution : non.

Mémento de la délivrance

→ La plupart des orthèses sont unilatérales, cheville gauche ou droite.

→ La prise de mesures varie selon la marque et le modèle.

→ L’essayage est systématique, avec démonstration d’une bonne mise en place et ajustement à la morphologie et à l’évolution de la lésion.

→ La prise en charge est possible si l’orthèse est prescrite par un médecin, à un tarif LPP unique.

→ Pas de prix limite de vente, coût variable selon la sophistication.

→ Pas de substitution si l’ordonnance mentionne un nom de marque.

(1) Voir Matériel dans Porphyre n° 557, novembre 2019.

(2) Les codes LPP sont amenés à changer cette année. Voir Actus dans Porphyre n° 557.