Les dispositifs de série pour abduction des hanches du nourrisson

Définition et principe

Les appareils visant à mettre en abduction les hanches du nourrisson sont des orthèses de correction appartenant aux dispositifs médicaux de classe I. Il en existe différents types, mais tous visent à garder les genoux écartés de l’axe du corps (en abduction) et fléchis de façon à maintenir la tête fémorale dans la cavité cotyloïde (position de « grenouille »). Cette cavité, également nommée acétabulum, reçoit la tête du fémur pour former l’articulation coxo-fémorale qui joint la cuisse au bassin. Pour que l’articulation soit stable, il faut que le fémur s’emboîte dans le cotyle, lequel doit en recouvrir totalement la tête.

Intérêts et indications

La mise en abduction des hanches est indiquée en cas de dysplasie de la hanche (une hanche dysplasique présente une malformation qui autorise la tête du fémur à sortir plus ou moins de la cavité cotyloïde), un défaut de développement avec instabilité de l’articulation. Elle peut se manifester diversement : de la simple laxité à la subluxation, voire à la luxation si la tête du fémur est partiellement ou complètement sortie du cotyle.
On parle de dysplasie congénitale de la hanche car dans la plupart des cas l’enfant naît avec cette anomalie, la cavité du cotyle ne s’étant pas développée suffisamment pendant la gestation. Les facteurs de risque sont un manque de place dans l’utérus (grossesse multiple, par exemple), la position en siège, des antécédents familiaux. Cette anomalie touche environ 6 enfants pour 1 000 naissances en France, avec une prédominance féminine. Sans prise en charge, elle peut être à l’origine de complications, notamment boiterie et arthrose précoce. Elle bénéficie d’un dépistage systématique à la naissance. Le traitement diffère selon le degré de dysplasie : simple surveillance, orthèse d’abduction, plâtre, voire chirurgie. Les orthèses visent à réduire l’éventuelle luxation, recentrer la tête fémorale dans le cotyle et stabiliser l’articulation dans cette position le temps nécessaire pour que la tête du cotyle finisse son développement.

Classification

On distingue deux principaux types de dispositifs, la culotte/lange/coussin et le harnais :

– Le coussin d’abduction type Becker ou culotte d’abduction se compose d’un coussin – ou de deux demi-coussins – en latex recouvert de tissu à placer entre les jambes pour maintenir leur écartement (genoux fléchis), telle une couche épaisse. Il est maintenu en place par un système de brides latérales à boucles ou velcro et des bretelles réglables. Il peut être souple ou muni de baleines rigides. Exemples de produits : coussin d’abduction baleiné Mignon et Becker Neut, Becker souple Neut, culotte de Frejka Prim, coussin attelle d’abduction 4Kids… 
Le lange « câlin », lui, est un tissu épais souvent molletonné muni d’un rabat qui se ferme en « H », à la manière des anciens langes pour bébé. Exemples de produits : lange câlin Neut, Mayzaud…

– Le harnais de Pavlik est formé d’un harnais thoracique capitonné auquel sont attachées des sangles de coton solidaires entre elles et fixées par velcro. Les sangles aux épaules sont destinées au maintien du harnais, les autres se prolongent sur la jambe et se terminent par des étriers où logent les pieds. Le réglage de la tension des sangles permet d’ajuster la flexion des genoux. L’abduction s’obtient progressivement et naturellement grâce au poids des membres inférieurs. Ce dispositif laisse davantage de mobilité à l’enfant et permet de le changer plus facilement. Exemples de produits : harnais de Pavlik Neut, Prim, Breg…

Délivrance

Choix : il dépend du type de dysplasie et des objectifs thérapeutiques, sur avis médical uniquement.
Taille : selon les modèles, la mesure est définie par la circonférence du thorax pour les harnais, l’écart entre les creux poplités en position d’abduction de hanches pour les culottes, le poids du bébé pour les langes. Le modèle et la taille sont déterminés par le médecin – la prise de mesure, notamment en abduction, nécessitant de manipuler la hanche dysplasique de l’enfant. La taille évolue avec la croissance de l’enfant.
Essayage : pas d’essayage en pharmacie, la mise en place, le réglage et l’éducation des parents sont assurés par le praticien selon les objectifs thérapeutiques.
Port : selon indications médicales, jour et nuit le plus souvent, y compris durant le bain au départ, souvent pendant plusieurs mois.
Conseils : les gestes de la vie quotidienne (toilette, change, transport…) doivent être adaptés au type d’appareillage et sont enseignés aux parents par l’équipe médicale. Dans tous les cas, les manœuvres qui réduisent l’abduction sont à proscrire : change en chandelle (pieds joints), fauteuils de voiture avec baquet… Le réglage et l’adaptation du matériel doivent se faire uniquement sous contrôle médical. Le suivi médical et radiologique doit être régulier pour vérifier l’efficacité du dispositif, mais aussi limiter le risque de complications : rétractation des muscles ischio-jambiers, instabilité du genou, nécrose de la tête fémorale…
Entretien : selon indications pour chaque modèle et parties du système : à 30°C en machine (notamment les langes) ou à la main avec un détergent doux ou encore avec une éponge humide. Dans tous les cas, laisser sécher à l’air libre, à distance d’une source de chaleur.

Réglementation

Prescription : uniquement par un médecin, généralement un pédiatre chirurgien orthopédiste. 
Prise en charge : les dispositifs pris en charge par l’Assurance maladie sont inscrits au titre II de la liste des produits et prestations (LPP) « Orthèses et prothèses externes > Orthèses > Appareils divers de correction orthopédique > Hanche », en nom générique ou en nom de marque.

Inscription générique :

• « Coussin d’abduction, membre inférieur, enfant » : code 2120725, tarif LPP 18,68 € ;
• « Harnais d’abduction, hanche dysplasique, enfant » : code 2117500, tarif LPP 47,47 €.

Les dispositifs inscrits en nom de marque avec leur propre code bénéficient des mêmes conditions de remboursement.
Le prix unitaire n’est pas réglementé (dépassement possible).
Pas d’entente préalable nécessaire.

Mémo de la délivrance

• Deux types d’orthèses d’abduction existent chez le nourrisson : culotte/lange/coussin ou harnais. Prescription, choix, mise en place et suivi relèvent uniquement du médecin orthopédiste.
• Éducation des parents en milieu hospitalier, suivi régulier.
• Prise en charge LPP possible, à hauteur de 18,68 € ou 47,47 € selon le modèle.
• Pas de prix limite de vente, pas d’entente préalable.
• Renouvellement selon la croissance de l’enfant.