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Les brossettes interdentaires

Publié le 20 janvier 2020
Par Caroline Bouhala
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Frotter, sans flotter ni forcer, voilà les caractéristiques idéales d’une brossette interdentaire. Le chirurgien-dentiste détermine la gamme adaptée à chaque patient mais l’officinal peut accompagner le choix en donnant des conseils d’utilisation.

Définition

• Les brossettes interdentaires sont des outils de soins bucco-dentaires destines au nettoyage des espaces étroits situes entre les dents et inaccessibles lors du brossage. Elles s’utilisent en complément d’une brosse a dents des lors que l’espace interdentaire est assez large.

• Elles sont en général composées d’un manche en plastique plus ou moins long, prolonge par une tige métallique sur laquelle sont insérés des brins en plastique.

• Elles ne sont pas inscrites sur la liste des produits et prestations, donc pas prises en charge.

Contexte de l’hygiène

• La brosse à dents permet d’accéder a trois des cinq faces dentaires, soit 60 % de la surface dentaire.

• La surface des dents n’est pas lisse. Les faces interproximales. – entre deux dents – peuvent présenter des espaces concaves. – en creux –, particulièrement entre les dents postérieures.

Mécanisme d’action

Comme les brosses a dents, les brossettes interdentaires visent à désorganiser et retirer la plaque dentaire (voir encadré p. 42). Elles sont insérées entre les dents pour brosser les faces « proximales » d’une dent – celles en contact avec les dents voisines –, et le sulkys, le sillon forme entre la gencive et la dent. Cet espace peu oxygène est particulièrement a risque de colonisation par des bactéries pathogènes pour la gencive. Une fois insérée, la brossette déploie ses brins sur les surfaces de cet espace et éjecte d’éventuels débris alimentaires et bactériens.

Indications

• Les brossettes interdentaires sont utilisables par toute personne présentant des espaces interdentaires suffisants. Y compris les enfants des lors que deux dents de lait se touchent, éventuellement sous la supervision des parents et après avis du dentiste. Ceci afin de les habituer a maintenir un très haut niveau de prévention.

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• Leur utilisation est particulièrement indiquée chez les porteurs d’appareils dentaires, bridges, implants, etc.

• Il n’existe pas de contre-indication formelle a leur usage mais des précautions a respecter : ne pas employer en cas d’espace interdentaire insuffisant, de difficultés pour leur maniement…

Description

Une brossette comporte une tête et un manche.

Tête

Elle est faite d’un fil métallique torsade appelé toron, sur lequel sont positionnes des brins.

• Forme conique ou cylindrique. La partie fine d’une tête conique facilite l’insertion et l’adaptation aux différentes tailles d’espaces, mais avec un risque de brossage moins homogène et moins efficace pour éliminer des débris. La forme cylindrique est recommandée.

• Le toron est recouvert de plastique afin de protéger la dent et de limiter le risque de sensibilité ou d’abrasion des amalgames, bridges ou implants, et ne pas avoir de goût métallique. Il est en majorité recouvert de brins. La partie sans brins, ou toron « nu », est reliée au manche.

• Les brins sont en plastique tels que nylon, polyester, ou Tynex, nylon résistant. Ils se différencient par leur diamètre, leur densité, leur longueur et leur couleur.

→ Leur diamètre définit la dureté. Il varie selon les gammes. Les souples seraient à privilégier car la dureté influe sur la formation de récessions gingivales (perte en hauteur et épaisseur de gencive, liée le plus souvent a une méthode de brossage inadaptée, trop agressive, trop horizontale, etc.) et de lésions dentaires non carieuses, par abrasion surtout. En revanche, plus les brins sont souples, plus ils sont fragiles. Exemples : médium pour les gammes Original et Angle et extra-souple pour Extrasoft chez TePe, 5 a 13/100 mm chez Inava, médium chez Gum, souple chez Elmex (Colgate), souple et extra-souple chez Papilli… Inava de Pierre Fabre propose deux diamètres différents sur une même brossette, avec une partie antérieure plus souple pour faciliter l’insertion.

→ La densité correspond au nombre de brins présents sur un tour d’hélice, ou spire, forme par le toron. Plus il y a de brins, plus la densité s’avère importante et plus le brossage se montre efficace.

→ La longueur. Pour brosser, le brin doit pouvoir toucher la surface de la dent et des gencives. Plus l’espace interdentaire est grand, plus les brins doivent être longs. Exemples : les brossettes Elmex ont deux longueurs de brins pour s’adapter a la forme triangulaire de l’espace…

→ La couleur : les brossettes sont le plus souvent blanches, mais certaines ont des brins blancs et noirs pour moitié. La partie blanche témoigne d’un éventuel saignement, alors que la noire visualise le retrait de la plaque dentaire. Exemples : Inava, Crinex …

→ Options. Brins imprégnés de chlorhexidine pour une légère action antiseptique, néanmoins limitee dans le temps. Exemples : gammes Trav-ler, Clic et Classic de Gum (Sunstar).

• Insertion sur le manche.

→ Inamovibles ou clipsées sur le manche. Têtes rechargeables permettant de conserver le manche. Exemples : Proxabrush Click (tête a clipser) et Proxabrush Classic (ouvrir puis clipser) de Gum (Sunstar), Clip-Handle (Papilli), Curaprox (Curaden)…

→ Multi-têtes : la gamme TrioCompact d’Inava propose trois tailles de têtes de brosse 3 9 sur un même manche pour s’adapter aux espaces.

Manche

Il permet la prise en main de la brossette.

• Matériau. Il est le plus souvent en plastique. Plus rarement, un fil métallique prolonge le toron. Exemples : Papilli Plast …

• Formes. Droite ou angulée, rigide ou flexible, et plus ou moins longue. Les formes petites et droites sont peu encombrantes et pratiques pour les dents de devant. Exemples : gamme PHB (Crinex), gamme CPS Prime Plus Handy 7 (Curaprox)… Pour certaines personnes, les manches longs et coudes sont plus faciles a manier pour les espaces interdentaires postérieurs ou en cas de difficultés de préhension. Exemples : Interprox Plus (Crinex), Flexi Max (Papilli), CPS Perio Plus et CPS Prime Plus (Curaprox). Beaucoup de gammes présentent des têtes flexibles pour choisir l’angulation avec plusieurs positions possibles. Exemples : flexibles droite ou coudée pour Gum Bi-direction 5 (Sunstar), flexibles multi-positions chez Gum-Trav-ler 1 (Sunstar), Interprox (Crinex), Mono Compact (Inava).Parfois, le capuchon sert a prolonger le manche. Exemples : Mono Compact 2 (Inava), Brossettes Elmex (Colgate)…

Certains manches ont une forme avec creux pour le pouce et rainures antidérapantes, et/ou un matériau avec revêtement antidérapant afin de favoriser l’utilisation. Exemples : Elmex, Gum Trav-ler, CPS Prime Handy de Curaprox…

• Couleur. Chaque laboratoire propose son propre code pour différencier les tailles (voir plus bas). Attention au risque de confusion.

Taille de la brossette

Elle se définit de plusieurs façons.

• Selon la taille minimale de l’espace interdentaire dans lequel il est possible d’insérer la brossette, également appelé Passage Hole Diameter (PHD). Il va en général de 0,6 a 2,6 mm.

• Selon la norme internationale ISO 16409 basée aussi sur le PHD. Elle définit neuf catégories de taille : ISO 0 pour PHD ≤ 0,6, ISO 1 pour 0,7 < PHD 0,8 mm, ISO 2 pour 0,9 < PHD 1 mm, ISO 3 pour 1,1 < PHD 1,2 mm, ISO 4 pour 1,3 < PHD 1,5 mm, ISO 5 pour 1,6 < PHD 1,8 mm, ISO 6 pour 1,9 < PHD 2,3 mm, ISO 7 pour 2,4 < PHD 2,8 mm et ISO 8 pour un PHD ≥2,9 mm. Cette norme ISO définit aussi plusieurs critères de qualité (notice…).

• Selon le diamètre du toron, de 0,34 à 2,5 mm, ou de l’ensemble toron + brins, de 1,8 a 16 mm. Exemples : Curaprox, Crinex, Papilli…

• La longueur du toron sur la partie brossante est à prendre en compte car il est préferable que la brossette traverse l’espace interdentaire de part en part. Exemples : de 11 a 20 mm pour Inava, de 11 a 32 mm pour Papilli…

La plupart des laboratoires indiquent soit l’ISO, soit l’espace interdentaire en millimètres, soit le diamètre du fil en millimètres.

Critères de choix

• Les chirurgiens-dentistes sont les plus à même de déterminer la ou les taille(s) nécessaire(s). Pour cela, ils s’appuient sur l’examen clinique, leur expérience, voire des outils d’aide a la mesure des laboratoires. Un rendez-vous de contrôle vérifie l’adhésion et réévalue la taille, notamment après une gingivite car, une fois l’œdème disparu, l’espace interdentaire s’élargit. Un bref entretien téléphonique avec les prescripteurs du secteur de l’officine permet de comprendre leurs choix et d’accorder le discours au comptoir. Dans l’attente d’un rendez-vous, conseillez les packs comportant plusieurs tailles. Exemples : Mixed Pack de TePe, Multipack de Gum (Sunstar), CPS 457 Pocket Set de Curaprox (Curaden)…

• Respecter la règle des 3F. Une brossette doit :

→ frotter : les brins doivent être assez longs pour toucher les surfaces interdentaires ;

→ sans flotter : les brins trop courts ne permettent pas le brossage;

→ ni forcer : ce qui signifierait une brossette trop grande, avec un risque de léser la gencive ou bien la dent.

• S’adapter aux espaces. Une même bouche possède plusieurs tailles d’espaces interdentaires. Les dents postérieures présentent des espaces plus importants. Il est classique qu’un patient ait besoin de deux, voire trois tailles de brossettes. Compléter par du fil dentaire aux endroits ou la brossette ne passe pas, après vérification avec le chirurgien-dentiste.

• La praticité. Pour les espaces postérieurs, préférez une tête coudée ou flexible. En cas de difficultés de préhension, un manche large et long, etc. A chacun sa préférence, donc proposer différents modèles pour une même taille.

• La brossette idéale a :

→ un toron assez fin pour laisser le maximum d’espace aux brins mais assez épais pour résister a la pliure, pour ne pas blesser la gencive et décourager le patient, et avec une longueur suffisante pour traverser l’espace interdentaire ;

→ des brins souples, en quantité importante et assez longs pour atteindre et ainsi tout brosser ;

→ une tête de brosse cylindrique ou très faiblement conique afin de brosser uniformément et éjecter d’éventuels débris alimentaires ;

→ un manche facile à manier et adapté à la localisation, avec des têtes coudées ou flexibles pour les dents postérieures, et des têtes plutôt droites ou flexibles pour celles en avant.

Conseils d’utilisation

• Utiliser idéalement avant ou après chaque brossage. L’Union française pour la santé buccodentaire (UFSBD) recommande de le faire avant le brossage afin de ne pas éliminer toute trace de dentifrice, et ainsi conserver l’action du fluor.

• Du dentifrice sur la brossette semble inutile car c’est l’action mécanique qui est recherchée. Une exception avec les dentifrices hautement fluorés chez les patients a haut risque individuel de carie, comme Duraphat 500 mg/100 g, qui peut être mis sur la brossette.

• L’humidifier avant usage est optionnel. Cela peut assouplir les brins et faciliter son insertion, notamment si elle n’est pas neuve. Ponctuellement, la tremper au préalable dans un bain de bouche antiseptique mais pas au long cours.

• Pour la manipuler. Insérer la brossette sous le point de contact entre les dents, de façon horizontale, cote joue, plus simple que cote langue. A chacun de choisir ce qui lui convient le mieux. Effectuer un ou deux mouvements de va-et-vient, puis bien la rincer. La secouer légèrement pour éliminer l’excès d’eau et la laisser sécher dans un endroit propre.

• En cas de gingivite, des saignements au passage de la brossette sont possibles les premiers jours. Leur disparition en sept a quinze jours signe l’amélioration de l’état inflammatoire.

• Quand en changer ? Lorsque le fil métallique est trop déformé car risque de blessure, trop souple, ou quand les fils sont aplatis au risque de « flotter » dans l’espace interdentaire. Leur durée de vie avoisine sept a dix jours.

• Un brossage réussi sur www.sfpio.com/espacegrand-public/les-cles-du-brossage.html

Mémento de la délivrance

→ Le brossage interdentaire grâce à une brossette est fondamental pour une bonne hygiène bucco-dentaire, si l’espace interdentaire le permet.

→ Règles des 3F : une brossette doit frotter, sans flotter, ni forcer.

→ Un examen dentaire est préférable pour déterminer la taille nécessaire.

→ Respecter les prescriptions des chirurgiens-dentistes. Ne pas intervertir sans leur accord, même en respectant la taille indiquée, car plusieurs facteurs ont déterminé leur choix.

→ Prévenir et rassurer le patient sur la possibilité de saignements les premiers jours.

Le risque de la plaque dentairev

Cette substance blanchâtre présente naturellement à la surface des dents est un biofilm. Elle est surtout constituée de protéines salivaires, d’aliments (sucres et acide), de bactéries et de leurs toxines. Si le biofilm n’est pas désorganisé par le brossage, la résistance de la plaque augmente avec le temps et un écosystème s’organise. Il peut se minéraliser en incorporant des éléments de la salive et former le tartre. La charge bactérienne est à l’origine d’une réaction inflammatoire des gencives, ou gingivite, qui peut s’aggraver en une inflammation durable de l’ensemble des tissus de soutien de la dent, c’est-à-dire en parodontite, appelée communément déchaussement. Le brossage dentaire et interdentaire, en désorganisant et retirant la plaque dentaire, protège des caries et des maladies parodontales.

Avec tous nos remerciements au Dr Valentin Garyga, chirurgiendentiste à Lyon (69), et au Dr Lequart, dentiste membre de l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD).