Les anti-inflammatoires peuvent causer de graves troubles infectieux

Les anti-inflammatoires ne sont pas des médicaments anodins. Ils ne doivent pas être pris en dehors d’une prescription et surtout pas à la sauvette », insistait le Pr Patrice Tran Ba Huy, chef du service ORL de l’hôpital Lariboisière, lors du 115e Congrès national de la Société française d’ORL qui s’est tenu le 14 octobre à Paris.

On soupçonne, en effet, ces médicaments d’être responsables de la forte augmentation des cas de cellulite cervicofaciale, sans qu’il soit possible de le démontrer formellement. « Cette affection était très rare, mais, depuis 1998, nous recevons chaque année près de 120 adultes âgés de 20 à 80 ans dans le service des urgences de l’hôpital qui couvre toute l’Ile-de-France », déplore Patrice Tran Ba Huy. Il s’agit d’une infection bactérienne exceptionnellement grave due le plus souvent à un streptocoque ou un germe anaérobie.

Attention à l’automédication en cas de dentalgie !

Les otorhinolaryngologistes s’inquiètent du recours trop facile des patients aux anti-inflammatoires en cas de rage de dents. Outre l’automédication, la prescription de doses insuffisantes lors des soins dentaires est aussi évoquée.

La prise de corticoïdes ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens figure toujours parmi les facteurs favorisant la survenue des cellulites et l’extension de l’infection vers le thorax. Les portes d’entrée de l’infection sont, en général, un abcès dentaire mal traité, une angine mal soignée ou un phlegmon de l’amygdale. Le foyer infectieux initial pouvant être minime, les signes sont souvent négligés pendant quelques jours. Or, les cellulites cervicofaciales sont de « véritables urgences chirurgicales avec un taux de mortalité avoisinant les 10 % » rapporte le Patrice Tran Ba Huy. Les soins sont très lourds et peuvent entraîner de redoutables séquelles (dysphagies, paralysies, séquelles esthétiques…).