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La compression pour le sport

Publié le 27 octobre 2021
Par Marianne Maugez
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Proposés pour améliorer la performance et/ou la récupération après l’effort, les manchons et chaussettes compressives ont le vent en poupe. Largement inspirés de la compression médicale, ils n’en partagent néanmoins pas les normes.

Définition

Les manchons et les chaussettes de compression pour la pratique du sport sont des dispositifs médicaux de classe I en textile élastique qui exercent une pression active sur une partie de la jambe.

Classiffication

• Formes.

→ Les chaussettes englobent le pied et montent à mi-mollet et s’appellent soquettes ou chaussettes mid 1, ou jusqu’en haut du mollet.

→ Les manchons, ou « molletières », de forme tubulaire, se positionnent au-dessus de la malléole jusque sous le genou.

• Genre. Ces produits sont disponibles en version femme ou homme, telle la gamme Thuasne Up Activ Runtrail 1, ou unisexe.

• Classe. Au contraire des orthèses de compression médicale, il n’existe pas de normalisation de la force de pression pour les dispositifs à destination des sportifs. Rarement précisée par les fabricants, elle varierait selon les études menées sur différents modèles de 5 à 50 mmHg(1), soit d’une classe 1 à 4 en compression médicale. Les références qui indiquent cette donnée avancent une force de pression de 15-20 mmHg, soit l’équivalent d’une classe 2 médicale. Exemples : gamme Compression Zone de Cizeta, gamme Thuasne.

Fabrication

• Ces dispositifs sont fabriqués selon les techniques de tricotage de la compression médicale.

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La structure du tricot résulte de l’entrecroisement régulier de fils de trame dans la largeur et de fils de chaîne dans la longueur, élastiques (élasthanne) ou non (polyamide, polyester, fibres naturelles…). La compression évolutive résulte de l’espacement progressif entre les fils.

• Des spécificités adaptées à la pratique sportive sont avancées pour :

→ renforcer l’action, avec une semelle massante à picots pour stimuler la voûte plantaire, une zone de contention non élastique au niveau du mollet pour accroître le retour veineux quand le muscle se gonfle… ;

→ protéger, avec des renforts pour atténuer les impacts sur les zones d’appui vulnérables comme le talon, les métatarses ou les orteils, une zone « strapping » de la cheville, des coutures plates ou un tissage en bouclette pour limiter les frottements… ;

→ le confort, avec un bord-côte large et confortable pour limiter l’effet garrot, des fibres naturelles douces (coton, soie, lyocell(2)…) dont la forte capacité d’absorption lutte contre la transpiration et dont la capacité d’isolation assure une bonne régulation thermique.

→ Ces produits sont souvent proposés dans des couleurs vives : bleu canard, orange, etc.

Mode d’action

• Action hémodynamique. La pression mécanique sur le membre agit sur la circulation sanguine, avec pour objectif de stimuler le retour veineux.

La compression dite dégressive est très majoritairement utilisée, notamment dans les gammes proposées en officine. Sur le même principe que la compression médicale, la pression est plus importante au niveau de la cheville, puis décroît en remontant.

À noter : la compression dite progressive – gradients de pression ici inversés, plus forts au mollet qu’à la cheville –, voire sélective, c’est-à-dire avec une pression exercée spécifiquement sur la zone du triceps sural, muscle postérieur superficiel du mollet, est plus rarement proposée. Ces compressions, notamment brevetées par la marque BV Sport et essentiellement distribuées en magasins de sport, s’appuient sur le principe que l’activité musculaire de cette zone serait davantage efficace sur la pompe veineuse.

• Autres actions. Sont avancées des actions sur le gainage musculaire, une amélioration de la proprioception (voir Dico+ p. 50) et une action thermique locale.

Intérêts

• Après effort. Les effets avancés pour parfaire la récupération s’appuient sur l’amélioration du retour veineux, avec notamment :

→ diminution de la sensation de « jambes lourdes » ;

→ accélération du processus de ré-oxygénation du sang par le cœur et les poumons et de l’apport de nutriments au niveau musculaire, avec diminution notamment des crampes post-effort, et de l’élimination des toxines accumulées, avec réduction du risque de courbatures ou de contractures.

Ces bénéfices montrent particulièrement un intérêt après un effort soutenu en endurance, par exemple un marathon, mais aussi en termes de performance en cas d’efforts répétés après un court délai : course cycliste, ultra-trail…

• Pendant l’effort. L’effet bénéfique de la compression sur la performance durant l’effort fait davantage débat. L’effet de la compression externe étant bien moindre que celle de la contraction musculaire (force de pression jusqu’à vingt fois supérieure), elle ne devrait influencer que modestement la circulation sanguine. D’autres intérêts sont néanmoins démontrés, tels :

→ le gainage musculaire, en diminuant les vibrations des muscles, retarderait le délai d’apparition de la fatigue et limiterait le risque de microlésions musculaires, et donc, à la longue, le risque d’inflammation : périostite, tendinite… C’est notamment intéressant pour les efforts de longue durée et/ou à haut risque d’impacts répétés tels que vélo, course, trail, triathlon, basket, tennis, foot, ski de fond, escrime… ;

→ l’amélioration de la proprioception, par pression sur les mécanorécepteurs cutanés, mais aussi par un effet psychologique « rassurant », optimise l’équilibre et permet une meilleure coordination des mouvements. Connu pour les orthèses médicales (chevillères…), cet effet est intéressant en particulier pour réduire le risque de récidive de blessure ;

→ l’effet thermique diminue le risque de blessure, notamment durant l’échauffement par temps froid, et favorise la récupération en gardant le muscle « au chaud ».

Indications

• Les chaussettes, pendant ou après l’effort, voire avant l’effort pour procurer une sensation de légèreté, surtout si un trajet en voiture est prévu avant l’activité. Certains modèles, pourvus de zones d’amortissement des chocs, ciblent une indication pendant l’effort. Exemples : Bauerfeind Sock Performance 6 et Training (zone strapping cheville), Cizeta Performance chaussettes 8 et soquettes, Thuasne Up Activ Runtrail chaussettes 10 et Mid chaussettes 1. D’autres se positionnent davantage sur la récupération : Cizeta chaussettes de récupération Sigvaris chaussettes Recovery 9, Thuasne chaussettes Up Recovery… ou sur une indication mixte : Gibaud Sport 11, Orliman Sport 7

• Les manchons, en général indiqués durant l’effort : Cizeta Mollet Performance 3, Sigvaris manchons Pulse Road 4 5, Thuasne manchons Up Activ Runtrail, Gibaud Sport molletières 2 … Après l’effort, on préfère les chaussettes qui englobent la cheville, optimales pour le retour veineux, mais les manchons peuvent être utilisés sur un délai court (voir plus bas).

Contre-indications

Ce sont les mêmes que celles de la compression médicale : artérite des membres inférieurs, microangiopathie diabétique, infection cutanée, dermatoses suintantes… Un avis médical est nécessaire en cas d’insuffisance veineuse.

En pratique

• Prise des mesures.

→ En fin de journée, contrairement à la prise des mesures pour la compression médicale, pour prendre en compte l’augmentation de volume du mollet durant l’effort et éviter l’effet garrot : dans l’idéal après un footing de quinze minutes, tout au moins sur un mollet contracté.

→ Selon indications du fabricant : circonférence de la cheville mesurée 3 cm au-dessus de la malléole, et/ou du mollet, hauteur de la jambe du sol au creux poplité, et/ou pointure. Entre deux tailles, préférer la plus grande.

• Port.

→ Pendant l’effort : durant toute la séance.

→ Après l’effort : pour une efficacité optimale, les chaussettes de récupération doivent être enfilées rapidement et portées au moins deux heures. La durée de port dépend du temps d’activité et de l’intensité de l’effort.

Le port du manchon doit être limité, deux heures au maximum, afin d’éviter une stagnation du sang au niveau du pied.

• Enfilage. Selon les mêmes techniques que la compression médicale : retourner les chaussettes ou les manchons sur eux-mêmes, enfiler le pied jusqu’à la malléole ou au talon, puis dérouler régulièrement le long de la jambe sans tirer. Masser la jambe de bas en haut pour gommer les plis.

• Entretien. Lavage à la main à l’eau tiède avec un savon neutre, voire, selon les indications, à la machine en programme délicat à 30 ou 40 °C, sans adoucissant. Séchage à plat, à l’air libre, loin de toute source de chaleur. Ne pas repasser. La durée de vie des chaussettes dépend de l’intensité et de la fréquence de l’activité. Néanmoins, des laboratoires garantissent l’efficacité de la compression durant six mois. Exemples : Sigvaris, Compression Zone de Cizeta…

Législation

→ Inscription à la LPP. Dispositifs médicaux de classe I non inscrits à la LPP.

Prise en charge. Aucune.

(1) Les bénéfices des vêtements de compression dans une pratique sportive , Pr Romuald Lepers, Vincent Gremeaux, Dr Didier Rastel, Bertrand Lun, www.lamedecinedusport.com, n° 119, 27 mai 2015.

(2) Le lyocell, ou Tencel, est la cellulose de la pâte de bois obtenue à partir d’arbres comme l’eucalyptus, le chêne et le bouleau, décomposée chimiquement en une boue boueuse qui est ensuite transformée en fibres pouvant être tissées.

Mémento de la délivrance

→ Choisir le modèle selon les besoins du sportif : effort, récupération ou mixte.

→ Prise de mesures en fin de journée sur mollet contracté.

→ Mêmes modalités d’enfilage et d’entretien que pour la compression médicale.

Pas de prise en charge au titre de la LPP.

Dico +

→ Proprioception : ensemble des informations nerveuses transmises au cerveau permettant la régulation de la posture et des mouvements du corps.