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« Je voudrais un thermomètre »
La voie rectale reste la méthode de référence pour mesurer la température corporelle. La fiabilité des techniques innovantes, peu évaluée, dépend des conditions optimales de mesure.
La demande
Les thermomètres médicaux mesurent la température corporelle. Ce sont des dispositifs médicaux de classe I ou IIA s’ils sont actifs (besoin d’une source d’énergie comme une pile). Leur mise sur le marché nécessite le marquage CE, gage de conformité. La marque NF, label de qualité non obligatoire, peut être apposée en plus.
La température corporelle normale
L’homme est homéotherme, sa température corporelle centrale est maintenue en permanence au niveau cérébral par l’hypothalamus. On considère que la température centrale normale se situe autour de 37 °C +/– 0,5 °C. Hors pathologie, des facteurs sont susceptibles de la faire varier : l’heure de la journée (+ 0,5 °C en moyenne entre 8 et 18 heures), le sexe (+ 0,2 °C en moyenne chez la femme, + 0,5 °C en seconde partie de cycle), la position (mesure allongé ou assis inférieure à celle debout), l’alimentation, le stress, une émotion et l’exercice (élévation).
La fièvre
• C’est l’élévation de la température corporelle centrale au-dessus de 38 °C, via le centre thermorégulateur, en l’absence d’activité physique intense et dans une ambiance tempérée. Elle se distingue de l’hyperthermie, qui correspond à l’accumulation de chaleur d’origine exogène (coup de chaleur) ou endogène (effort).
• Elle n’est qu’un symptôme, une réaction naturelle du système immunitaire en réponse à une infection (le plus souvent), à une inflammation, un cancer, des médicaments… Sans gravité par elle-même, ses rares complications sont principalement la déshydratation et les convulsions thermiques, le plus souvent chez les moins de 5 ans. L’inconfort peut cependant être important (baisse de vigilance, apathie…). Dans certains cas, une consultation médicale s’impose (voir encadré). Dans tous les cas, elle doit être surveillée.
La température centrale
Elle n’est mesurée de façon précise qu’à l’aide de sondes internes. En pratique quotidienne, on recourt aux sites de mesure périphériques, en relation plus ou moins étroite avec la température centrale.
L’interrogatoire
« A qui est destiné ce thermomètre, quels âges ont les utilisateurs ? », « Sera-t-il employé fréquemment ? », « Avez-vous déjà un thermomètre, lequel ? », « Souhaitez-vous favoriser la précision ou l’aspect pratique ? » permettent d’adapter le conseil.
Expliquer la démarche
Tous les thermomètres n’ont pas le même usage. La mesure rectale avec un thermomètre électronique sert de référence pour une mesure précise ; d’autres voies ou appareils moins invasifs sont suffisants pour tester et/ou suivre l’évolution de la température. Quel que soit l’appareil, la fiabilité dépend du respect du mode opératoire et du nettoyage. Pour connaître sa température « normale », il faut mesurer sa température en condition de bonne santé (voir encadré p. 31).
Types d’appareils
Les conductifs
Le contact d’une sonde en métal permet la mesure par conduction au niveau du site.
• À dilatation. Le mercure, interdit depuis 1999, a été remplacé par un alliage métallique (indium, gallium, étain) dans un corps en verre. Précautions : tenir le thermomètre au niveau des yeux pour lire le résultat ; avant et après la mesure, le secouer afin de faire redescendre la colonne d’alliage en deçà de la première graduation.
• Digitaux électroniques. Plus rapides, ils sont les appareils de référence en utilisation domestique. Précautions : choisir un embout olive et flexible chez l’enfant pour limiter le risque de traumatismes. Les thermomètres « tétines », censés mesurer la température buccale chez les tout-petits, sont mal évalués. De plus, ils indiquent la température supralinguale et non sublinguale, zone de référence (Babymouth, Thermomètre sucette Magnien).
• Conductif RATE. La technologie RATE (Rapid Accurate Temperature Establishment) est une nouvelle mesure conductive rapide. Une sonde évalue par contact les flux thermiques de l’artère temporale vers la surface de la peau et les convertit en température corporelle. Mesure quasi instantanée.
Les infrarouges
La technologie infrarouge calcule les rayonnements thermiques d’une surface émettrice et les transforme en température corporelle. Ces appareils n’émettent pas de rayonnement, mais enregistrent celui émis naturellement par le corps. Certains offrent la possibilité de mesurer la température ambiante ou de surface (eau, biberon…). Précautions : laisser les appareils à température ambiante de la pièce de mesure au moins 15 minutes pour limiter les erreurs. La plupart d’entre eux corrigent automatiquement la température pour donner directement la température rectale correspondante. Consulter la notice pour s’en assurer.
• Auriculaires. Les dispositifs mesurent la température tympanique sans contact direct avec la membrane. Le milieu fermé de l’oreille limite la variabilité des mesures à condition d’une insertion correcte. Certains nécessitent des couvre-sondes à usage unique.
• Frontaux, temporaux. Deux types d’appareils existent, avec ou sans contact. Attention, les bandelettes à cristaux liquides ne sont que des indicateurs de température. L’affichage, selon une échelle colorimétrique, ne donne pas une mesure fiable.
• Mixtes. Conçus pour permettre des mesures auriculaires et frontales ou temporales.
Les critères du choix
Les sites de mesure
• Rectal, la référence. La température rectale étant la plus proche de la température centrale, aucune correction n’est nécessaire. Sa principale limite est sa lente adaptation (elle reste élevée après que la température interne a commencé à baisser et vice-versa). Avantages : fiable, peu influencée par la température ambiante. Inconvénients : stressante et parfois difficile (enfant agité…), possibles contaminations par des micro-organismes fécaux et microtraumatismes. Contre-indications : chirurgie ou lésions locales, péritonite.
• Buccal. La mesure en sublingual donne la température des artères linguales ; elle nécessite une correction de – 0,6 °C en moyenne par rapport à la rectale. Avantages : peu invasive. Inconvénients : influencée à la baisse par la respiration, l’ingestion de boissons froides, la température ambiante et à la hausse par l’ingestion de boissons ou d’aliments chauds, le tabac. Contre-indications : coma, détresse respiratoire, nourrissons.
• Axillaire. Mesure peu sensible mais facile à mettre en œuvre, elle nécessite une correction moyenne de – 0,8 °C par rapport à la température rectale. Avantage : non invasive. Inconvénients : très influencée par la mise en place et la température ambiante. Contre-indications : agitation.
• Auriculaire. La température de la membrane tympanique reflète précisément celle de l’hypothalamus car ils sont irrigués par le même sang. Les nombreux facteurs de variabilité empêchent néanmoins de la considérer comme une référence. Un écart-type moyen entre 0 et – 0,5 °C est observé par rapport au site rectal. Avantages : rapide, non invasif. Inconvénients : nombreux facteurs de variations liés au patient (structure du conduit auditif, cérumen, forte pilosité…), au positionnement de la sonde, à la température ambiante. Contre-indications : décubitus latéral (surestimation), forte production de cérumen ou pilosité, otite, otorrhée.
• Frontal et temporal. La présence d’artères au niveau frontal et temporal relie la mesure à la température centrale, mais elle est facilement perturbée par l’environnement (température ambiante, rides, maquillage…), d’où une grande variabilité des mesures selon les conditions d’utilisation.
L’âge
• Mesure précise par voie rectale : tout âge.
• Dépistage ou suivi de température.
– Avant 2 ans : axillaire, frontal ou temporal. Du fait de l’étroitesse du conduit auditif, la mesure auriculaire est jugée moins fiable (l’embout trop large décèle les émissions infrarouges tant du tympan que de la paroi du conduit).
– Entre 2 et 5 ans : axillaire, frontal, temporal, tympanique.
– Après 5 ans : axillaire, buccal, frontal, temporal.
En pratique
Les bonnes conditions
• Avant la mesure, se reposer si possible au calme pendant 15 minutes.
• Ne pas multiplier les mesures rectales chez l’enfant pour limiter le risque de traumatismes.
• Attendre une heure au moins après la prise d’un médicament (pic d’action moyen).
Mode de mesure
• Rectale : idéalement sur le dos, genoux pliés, insérer l’embout dans le rectum de 2 cm environ. Possibilité de lubrifier la sonde avec de la vaseline.
• Buccale : placer l’embout sous la langue, en contact avec la région sublinguale (contre le frein de langue), la bouche fermée et la langue abaissée.
• Axillaire : embout dans le creux de l’aisselle, maintenu en place au contact de l’artère axillaire.
• Auriculaire : insérer la sonde dans le conduit auditif en direction du tympan en tirant doucement le pavillon de l’oreille vers l’arrière. Attention, si le capteur est mal orienté, on mesure la température du conduit auditif et non du tympan.
• Frontale ou temporale : balayage frontal avec ou sans contact ou positionnement de la sonde sur la tempe, dans le prolongement du sourcil.
Entretien
• Nettoyage. Il est déterminant pour la précision des mesures. À effectuer avant et après chaque mesure. Ne pas utiliser de nettoyants abrasifs ni ébouillanter les sondes.
– Thermomètres à dilatation et digitaux électroniques : à l’eau tiède et savonneuse. Désinfecter à l’aide d’un tampon d’ouate imbibé d’alcool.
– Thermomètres infrarouges et conductifs RATE : avec un chiffon doux ou une compresse imbibée d’alcool à 70 %.
• Calibrage. La majorité des appareils est précalibréé par rapport à la température corporelle standard. Certains peuvent être calibrés selon la température « normale » d’un individu, prise lors de la première utilisation en dehors de toute fièvre. Il se peut que les appareils électroniques dérivent dans le temps ; vérifier tous les ans les mesures en les comparant à un autre thermomètre et/ou à une mesure rectale. Si un écart supérieur à celui prévu par la notice est constaté, un retour chez le fournisseur est nécessaire.
Quand consulter le médecin en cas de fièvre ?
• Enfant 38,5 °C ;
• Enfant avec température > 40 °C, s’il présente forte somnolence, apathie ou irritation, diarrhée, vomissement, refus de boire ou convulsions ;
• Adultes avec température > 41 °C ou 40 °C (si exposition à la chaleur, effort physique intense, grossesse) ;
• Si la fièvre persiste plus de 48 heures ou s’accompagne d’essoufflements,
maux de tête inhabituels, éruption cutanée, signes urinaires.
• En cas d’affection chronique (dénutris, diabétiques, insuffisants cardiaques…)
Que faire en cas de fièvre ?
• Chez l’adulte : la fièvre est sans danger en tant que telle lorsqu’elle est inférieure à 41 °C. La prise en charge dépend de l’inconfort.
• Chez l’enfant : si elle est mal tolérée, un traitement éventuel n’est recommandé qu’à partir de 38,5 °C (Afssaps). La prise en charge fait appel en premier lieu à des moyens simples (se découvrir, boire abondamment, garder une température ambiante entre 18 et 20 °C) suffisant généralement pour abaisser la température. Un antipyrétique peut être utilisé, de préférence le paracétamol, en monothérapie.
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