“Je voudrais un produit pour soulager mes jambes !”

1 Je questionne

Préciser la demande

« Que ressentez-vous exactement ? » et « Pouvez-vous me montrer vos jambes ? » vérifient l’absence de signes d’alerte.

Rechercher certains critères

« Est-ce la première fois ? », « Avez-vous déjà utilisé quelque chose pour vous soulager ? », « Êtes-vous suivi (e) pour une pathologie particulière ? », « Portez-vous déjà des bas ? » déterminent le type de conseils à apporter.

Apprécier le contexte

Selon le cas : « Êtes-vous enceinte ? », « Un voyage en avion est-il prévu ? » orientent vers un produit particulier.

2 J’évalue

Très fréquentes, les sensations de jambes lourdes, exacerbées par la position debout et la chaleur, sont le plus souvent bénignes. Elles peuvent toutefois signer une insuffisance veineuse chronique débutante. En plus des mesures d’hygiène de vie partie intégrante de la prise en charge, la prise d’un veinotonique et surtout le port d’une compression médicale, recommandée en cas de varices installées, soulagent les symptômes.

Des symptômes faisant évoquer une thrombose veineuse, tels que œdème et/ ou rougeur, chaleur et douleur, nécessitent une consultation médicale en urgence.

Un suivi médical est nécessaire en présence de varices, signes d’une maladie déjà évoluée, d’artériopathies, d’antécédents de phlébite ou de port d’un article de compression médicale, ainsi qu’en cas de médicaments générateurs de douleurs dans les jambes ou d’œdèmes et d’impression de jambes lourdes, tels que tamoxifène, inhibiteurs de l’aromatase, autres anticancéreux…

3 Je passe en revue

Veinotoniques

• Par voie orale. Des plantes ou des extraits de plantes contenant flavonoïdes ou citroflavonoïdes et substances antioxydantes (vitamine C) contribuent à renforcer la contractilité des veines et exercent une action anti-inflammatoire. Proposées au stade précoce de l’insuffisance veineuse chronique, ils aident à soulager les douleurs et sensations de jambes lourdes. Exemples : rutine, diosmine, hespéridine, troxérutine, oligoproanthocyanidines (ou OPC), vigne rouge, marronnier d’Inde, hamamélis, mélilot, petit houx…

Médicaments : BiCirkan, Cyclo 3 Fort, Diosmine, Daflon, Esberiven Fort, Veinamitol, Climaxol, Elusanes Vigne rouge, Arkogélules Marronnier d’Inde…

Compléments alimentaires : Arkopharma Veinoflux, Synergia Veinoform, Nutreov Circuveinol, Intrait marron d’Inde gélules Biogaran, Forté Pharma FortéVeinol, Granions Veinomix, CircActifs Circulation, Nutravance VeinoRegul LP, New Nordic Activ’jambes…

Précautions : l’heptaminol, associé à la troxérutine et au ginkgo biloba dans Ginkor Fort, est un sympathomimétique qui peut augmenter la tension artérielle et/ou exposer à une tachycardie ; il est à éviter en cas de tension artérielle mal équilibrée. Le ginkgo biloba, aux propriétés antiagrégantes, doit être évité sous anticoagulants ou antiagrégants plaquettaires. La reine-des-prés est contre-indiquée en cas d’allergie aux dérivés salicylés. Selon le Centre de référence sur les agents tératogènes (Crat), diosmine, troxérutine, hespéridine et rutoside sont, du fait d’un long recul d’utilisation, les veinotoniques à privilégier en cas de grossesse et d’allaitement.

• En application locale. Les veinotoniques en crème ou en gel à effet frais immédiat, en raison notamment de la présence de menthol, soulagent ponctuellement. Utilisation possible lors de la grossesse, sauf indication contraire du fabricant.

Exemples : Arnicactiv Jambes légères, Ginkor Spray fraîcheur, Intrait marron d’Inde Phlébogel, Jouvence Gelée Ultra Fresh, RAP Phyto gel ou crème, Akiléïne Spray cryo relaxant…

Compression veineuse

Traitement de référence de l’insuffisance veineuse, la compression accroît le débit sanguin, améliore l’efficacité de la pompe musculaire du mollet au cours de la marche et exerce un effet anti-œdémateux. Elle est aussi utile dès les premiers symptômes de la maladie veineuse pour son action « antalgique ». Principe. Quatre classes de compression sont disponibles selon la force de pression exercée à la cheville, et dégressive jusqu’à la cuisse : classe 1 entre 10 et 15 mmHg, classe 2 entre 15 et 20 mmHg, classe 3 entre 20 et 36 mmHg et classe 4 au-delà de 36 mmHg. Les gammes « confort », « bien-être » regroupent des bas, collants ou chaussettes qui assurent une pression dégressive depuis la cheville mais très inférieure à la compression de classe 1. Les articles pour les pratiques sportives visent à limiter l’apparition de crampes et à favoriser la récupération musculaire. Ce sont des articles de confort en 40, 70 et 120 deniers proposés en l’absence de problèmes particuliers. Le niveau de maintien est mesuré en deniers, norme internationale qui indique le poids en grammes pour 9 000 mètres de fil. 70 deniers signifient qu’un fil de 9 000 m pèse 70 g. Dès 50 deniers, un article est opaque. Un article 70 deniers assure une pression modérée non dégressive et un article 170 procure une pression forte.

Indications : la force de compression s’adapte au degré d’insuffisance veineuse. La classe 1 est proposée en prévention de l’insuffisance veineuse. Une classe 2 au moins est indiquée au stade de varices. Les articles de la classe 1 améliorent le retour veineux et soulagent l’inconfort. Ils ne sont pas plus « esthétiques » qu’une classe 2 et le choix est moindre, mais ils sont un peu plus faciles à enfiler. Une classe 2 est recommandée au cours de la grossesse en l’absence d’autres facteurs de risque de thrombose veineuse et jusqu’à six semaines après l’accouchement, ou six mois en cas de césarienne, ou encore lors d’un trajet en avion dès trois à quatre heures de vol si d’autres facteurs de risque sont associés : grossesse, antécédents de thrombose veineuse, varices, contraception estroprogestative… En pratique : les classes 1 et 2 peuvent relever du conseil officinal mais ne seront pas remboursées, à la différence d’une prescription par un médecin, une sage-femme, un kinésithérapeute ou un infirmier (pour le renouvellement uniquement), avec mention de la classe de compression et du modèle (bas jarret, bas cuisse ou collant). Contre-indications : artériopathie évoluée des membres inférieurs, microangiopathie diabétique évoluée.

4 Je choisis

Selon les symptômes

• Symptômes légers, peu gênants, avec sensation de pesanteur le soir : veinotoniques par voie orale et éventuellement locaux +/- bas de compression gamme « confort », classe 1 ou 2.

• En prévention en cas de facteurs de risque de maladie veineuse (hérédité, travail debout ou assis prolongé…), sans symptômes particuliers : compression de classe 1 ou 2.

• Symptômes invalidants (jambes douloureuses, œdème vespéral) et dans tous les cas au stade de varices : compression de classe 2 au moins, +/- veinotoniques par voie orale, et éventuellement locaux.

Selon le contexte

• Grossesse : compression de classe 2 +/- certains veinotoniques.

• Voyage en avion : compression de classe 2.

• Patient portant déjà un article de compression : veinotonique oral en complément.

5 J’explique

Les sensations de jambes lourdes résultent d’une stase veineuse, le plus souvent chronique, qu’il est possible de limiter par des conseils d’hygiène de vie. Les veinotoniques, simples d’emploi, peuvent aider à soulager les symptômes, mais ils n’ont qu’une action symptomatique. Ils ne remplacent pas la compression médicale si celle-ci est recommandée, notamment au stade des varices ou aux stades plus sévères, lors d’une grossesse…

6 Je conseille

Veinotoniques

• Voie orale : en cure de deux à trois mois ou 20 jours par mois, renouvelable. L’action est progressive sur quelques semaines. Ne pas associer les veinotoniques entre eux.

• Voie locale : l’application en massages légers circulaires de la cheville vers le haut de la cuisse stimule la microcirculation locale. Attendre au moins 20 minutes avant d’enfiler un article de compression pour éviter toute détérioration des fibres textiles, même si certains fabricants proposent une application directement sur le collant.

Compression veineuse

• Type d’article : collants, bas ou chaussettes d’une même classe ont la même efficacité et sont à choisir selon les goûts ou les besoins. Le haut d’une chaussette ou d’un bas ne doit pas comprimer une varice. Des articles destinés aux femmes enceintes, avec taille réglable, existent dans de nombreuses gammes.

• Quelle matière ? Elle conditionne le confort et l’esthétisme, et donc l’observance. En été, orienter vers des mailles en polyamide-élasthanne, fines et transparentes. Certains textiles bénéficient de technologies thermorégulatrices qui évacuent rapidement l’humidité vers l’extérieur. Exemples : Climat Comfort et Climat Fresh chez Medi, fibres végétales de Tencel chez Gibaud, fibres Be Cool chez Innothera… Les multiples tonalités beiges offrent un rendu naturel ou hâlé en fonction de sa carnation.

Exemples : Smartleg Transparent 7, Varisma Nuances 8 avec des teintes effet « peau nue » et chaussettes Legger Surfine pour homme chez Innothera 9, Venoflex Incognito Absolu chez Thuasne, Styles Transparent chez Sigvaris 6, La femme Finesse 1 4 ou L’homme La Chaussette fine chez Gibaud 2, Mediven Karesse chez Medi 3 … En cas de peau sensible ou facilement réactive, optez pour des fibres naturelles : coton et surtout lin en été car il est à la fois léger, résistant et laisse la peau respirer. Exemples : chaussettes hommes ou femmes Venoflex Fast Lin, Sigvaris Active Confort fraîcheur… Le bambou est également respirant. Exemples : chaussettes Sigvaris Active loisirs 5 pour homme ou femme…

• En pratique : port quotidien jusqu’au coucher, en enfilant l’article le matin au lever, voire après la douche, en commençant par le pied, zone la plus difficile à enfiler car la partie la plus compressive. Puis, dérouler le long de la jambe, sans laisser de plis. En prévention, le port de la compression peut être restreint aux activités à risque : shopping, station assise prolongée… En cas de difficulté d’enfilage, proposer un enfile-bas ou de superposer deux bas de compression inférieure : par exemple, deux classes 1 pour une compression de classe 2. Lavage à 30 voire à 40 °C, sans adoucissant, et séchage à plat.

Hygiène de vie

• Éviter l’exposition à la chaleur si possible : bains chauds prolongés, chauffage au sol… Perdre du poids le cas échéant.

• Une activité physique régulière est recommandée. Limiter dans tous les cas la station debout ou assise prolongée, notamment les jambes croisées, le piétinement. Marcher régulièrement, y compris lors de trajets en train ou en avion, en déroulant le pas pour bien faire fonctionner la « pompe » du mollet.

Le contexte

Les sensations de jambes lourdes sont le plus souvent les premières manifestations d’une insuffisance veineuse chronique, qui survient lorsque le réseau veineux n’assure plus un drainage correct. Il en résulte une hyperpression veineuse prolongée qui peut être consécutive à une altération primitive des veines ou des valvules qui empêchent le sang de refuser, ou secondaire à une maladie postthrombotique (thrombose veineuse profonde).

→ Facteurs de risque : âge, grossesse, obésité, antécédents familiaux de varices ou d’ulcères des membres inférieurs, sédentarité.

→ Signes cliniques : « jambes lourdes », tension douloureuse dans les jambes, impatiences (engourdissement), œdème vespéral de la cheville, d’autant plus évocateurs qu’ils sont favorisés par la station prolongée debout ou assise, la chaleur, la grossesse, ou améliorés par le froid, la surélévation des jambes, la marche, la compression. Des varicosités ou des varices peuvent être associées.

→ Complications : au stade de varices, risque de rupture ou d’apparition d’une thrombose veineuse super cielle ou profonde ; aux stades sévères, des troubles trophiques surviennent, dont le stade ultime est l’ulcère veineux.