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“Je voudrais un lait pour mon bébé”

Publié le 27 mars 2017
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1 Je questionne

Préciser la demande

« Quel âge a votre bébé ? », « Est-ce que vous l’allaitiez jusque-là ? » ou « Quel lait lui donnez-vous habituellement ? » évaluent le contexte.

Chercher les motifs de la demande

Si elle concerne un changement de lait, chercher pourquoi il ne convient pas : « Votre bébé a-t-il des selles trop molles ou dures, des régurgitations ? », « Pleure-t-il beaucoup ? » Et « Depuis combien de temps ces symptômes sont-ils apparus ? », « Sa courbe de poids est-elle correcte ? » orientent vers le médecin en cas de « cassure » de la courbe de poids.

Guider le conseil

« Avez-vous essayé d’autres laits de marque ou avec des indications différentes ? » permet d’affiner le conseil.

S’informer du suivi

« En avez-vous parlé au pédiatre ? » et « Le bébé est- il suivi pour une maladie comme un reflux ou autre ? » assurent que la maman est en lien avec un médecin.

2 J’évalue

Le choix d’une demande de lait peut être guidé par un conseil officinal pour un nourrisson bien portant sans symptôme et avec courbe de poids normale, allaité au sein et passant au lait infantile ou à un lait 2e âge. Idem pour un changement en cas de troubles bénins passagers : constipation, selles molles, régurgitations légères, coliques…, mais recommander une consultation pédiatrique en l’absence d’amélioration au bout de 48 heures.

Un avis médical est impératif en cas de prise de poids insuffisante, de diarrhées – une déshydratation peut survenir en quelques heures -, de troubles sévères avec régurgitations douloureuses, refus d’alimentation… Un avis médical est nécessaire pour les enfants suivis pour une pathologie digestive, tel un reflux gastro-œsophagien (RGO), ou une dermatite atopique résistante au traitement car un bilan allergologique peut être indiqué.

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3 Je passe en revue

Définitions(1)

• Les préparations pour nourrissons (moins de 12 mois) sont « les denrées alimentaires destinées à l’alimentation particulière des nourrissons pendant les premiers mois de leur vie et répondent à elles seules aux besoins nutritionnels de ces nourrissons jusqu’à l’introduction d’une alimentation complémentaire appropriée. »

• Les préparations de suite sont destinées « à l’alimentation particulière des nourrissons lorsqu’une alimentation complémentaire appropriée est introduite et constituent le principal élément liquide d’une alimentation progressivement diversifiée… »

• 1er ou 2e âge ? La législation n’en parle pas (voir plus haut). Cette notion de 1er ou 2e âge distingue les laits donnés quand l’alimentation est exclusivement lactée (1er âge) et quand la diversification est installée (2e âge, qui peuvent être qualifiés de préparations de suite). Si l’on s’en tient à la définition des préparations pour nourrissons, les laits dits 1er âge peuvent être administrés jusqu’à l’âge de 12 mois.

Composition

• Origine. Les laits sont préparés à partir de lait de vache, parfois de chèvre.

• Leurs teneurs minimales et maximales en nutriments, vitamines et minéraux et les résidus en pesticides sont fixés(1). Ils sont plus pauvres en protéines et sel et enrichis en acides gras essentiels, fer et vitamines.

• Différences entre 1er et 2e âge. Les 2e âge, dits laits de suite, ont des teneurs légèrement supérieures en protéines, glucides, minéraux, vitamine D, acide folique et fer. Les laits issus de l’agriculture biologique portent le logo AB : Physiolac Bio, Picot bio, Modilac Expert Bio, Milumel Bio…

Différents laits

• En relais de l’allaitement maternel. Ils diffèrent peu des laits standard. Enrichis en probiotiques et en acides gras essentiels pour s’approcher du lait maternel, ils faciliteraient, sur le plan digestif, la transition vers le lait en poudre. Exemples : Gallia Calisma Relais, Novalac Relia, Modilac Doucéa 1, Milumel Relais…

• Hypoallergéniques (HA). Les protéines sont partiellement hydrolysées pour diminuer le risque de sensibilisation allergique aux protéines de lait de vache. Ces laits sont indiqués en cas de terrain allergique familial, mais ne conviennent pas en cas d’allergie avérée ou même probable aux protéines de lait de vache. Ils sont parfois proposés en relais de l’allaitement maternel, pour ne pas confronter brutalement le bébé à des protéines « classiques ». Ils n’ont pas d’intérêt quand l’alimentation est diversifiée. Plus onéreux que les laits standard, ils peuvent diminuer la satiété et accroître les régurgitations. Exemples : Gallia Expert HA, Novalac HA, Modilac Expert HA, Nutribén H.A.…

• Selles dures. Ces laits ont souvent une teneur réduite en caséine, protéine du lait qui améliore la satiété mais réduit la vidange gastrique et le transit intestinal. Ou bien ils renferment une plus grande quantité de lactose dont une partie, non digérée, arrive dans le côlon, où elle subit une fermentation à l’effet laxatif. Ils peuvent aussi être acidifiés sous l’action de ferments lactiques, ce qui améliore la digestion de la caséine, ou présenter une restructuration des lipides avec ajout d’acide palmitique. Exemples : Novalac Transit +, Modilac Expert Transit (0 à 18 mois), Picot Action Transit…

• Coliques. Ces laits réduisant gaz et ballonnements sont pauvres en lactose, principal glucide du lait, ou enrichis en lactase, qui améliore sa digestion. Certains renferment des ferments lactiques permettant une acidification et une digestion partielle de ce sucre : moins de fermentation, moins de gaz et de coliques. Certains sont enrichis en probiotiques pour améliorer la flore intestinale. Exemples : avec probiotiques (Gallia Action Coliques 0-12 mois, Picot Action Coliques…) et sans (Novalac AC, Modilac Oéba…).

• Régurgitations ou à « formule épaissie ». Ils ont une texture plus épaisse car ils renferment de l’amidon de maïs ou de riz. Ils peuvent être insuffisants en cas de régurgitations importantes. Exemples : Picot Premigest, Galliagest Premium, Nidal+…

• Satiété. Pour accroître la sensation de satiété, des laits sont enrichis en amidon de maïs ou de riz et/ou en caséine ou en acides gras à chaîne longue, qui ralentissent la vidange gastrique. Ces laits conviennent aussi en cas de selles un peu molles. Exemples : Novalac S, Physiolac Grand appétit, Picot Bébé gourmand…

Laits à visée thérapeutique

Disponibles uniquement en pharmacie, ils sont délivrés sous contrôle médical.

• « Anti-régurgitations » ou « AR » : plus riches en amidon que les « formules épaissies » ou en farine de caroube, non autorisée dans les « formules épaissies », voire les deux. Exemples : Novalac AR Digest, Picot AR, Modilac Expert AR, Gallia AR…

• En cas de diarrhées aiguës : sans lactose, ils sont utilisés ponctuellement, avec reprise du lait habituel dès normalisation des selles. Exemples : Diargal, Diarinova…

• En cas d’allergie : hydrolysat de protéines de lait de vache ou de riz ou à base d’acides aminés. Exemples : Pregestimil, Neocate, Modilac Expert Riz…

• Laits pour prématurés « Pré ». Plus énergétiques et plus riches en protéines et acides gras essentiels que les laits 1er âge.

4 Je choisis

Selon l’âge et l’alimentation

Lait 1er âge quand l’alimentation est exclusivement lactée. Dès 6 mois et quand l’alimentation est diversifiée, passer au 2e âge mais on peut finir sa boîte 1er âge !

Selon le contexte

• Sevrage de l’allaitement maternel ou allaitement mixte : lait standard ou « relais », le choix étant plutôt marketing. En cas d’allergie dans la famille, lait HA.

• Troubles digestifs bénins. Coliques : lait à teneur réduite en lactose, enrichi en probiotiques. Selles dures : lait riche en lactose, avec ou sans probiotiques. Glouton, selles molles : lait « satiété ».

• Régurgitations « légères à modérées », sans pleurs, lait épaissi, voire AR en recommandant l’avis du pédiatre.

• Diarrhée : la priorité est la lutte contre la déshydratation, avec un soluté de réhydratation orale. Conseiller un lait sans lactose en recommandant un avis médical.

5 J’explique

Il n’est pas utile ni préconisé de choisir un autre lait s’il convient mais, si besoin, c’est possible. Après changement pour troubles spécifiques, attendre quelques jours pour observer un bénéfice. Consulter en l’absence d’amélioration ou d’apparition de signes d’alerte (perte de poids, pleurs très fréquents…).

6 Je conseille

Préparer

• Se laver les mains avant. Inutile de stériliser biberon et tétine, un nettoyage suffit à l’eau chaude et produit vaisselle. Bien rincer. Laver ou faire tremper tout de suite après usage facilite le nettoyage.

• Utiliser de l’eau du robinet ou faiblement minéralisée (mention « convient à l’alimentation du nourrisson »), à température ambiante ou à 37 °C maximum. Quel que soit le lait, c’est une mesurette arasée de poudre pour 30 ml d’eau. Les mesurettes ne sont pas interchangeables. Mettre d’abord l’eau dans le biberon, puis ajouter la poudre. Tout biberon préparé est donné dans l’heure. En déplacement, mesurer l’eau dans le biberon et mélanger la poudre dosée à part au dernier moment.

Administrer

Vérifier l’adéquation de la tétine avec un lait épaissi. Pas de farine ajoutée sans avis médical car elles ne sont ni nécessaires à la croissance, ni à l’équilibre nutritionnel.

(1) Arrêté du 11 avril 2008 relatif aux préparations pour nourrissons et aux préparations de suite.

Le contexte

Les laits infantiles sont une alternative à l’allaitement au sein lorsque la maman ne peut ou ne souhaite allaiter. Ces préparations sont spécifiquement développées pour assurer les besoins nutritionnels des nourrissons.

→ Chez le nouveau-né, l’alimentation liquide à base de lait associée à une fréquente immaturité du système digestif peut entraîner des symptômes divers, le plus souvent bénins : coliques (pleurs fréquents à certains moments de la journée mais sans signes d’alerte particuliers : fièvre, refus d’alimentation…), selles dures, régurgitations… Dans ces cas, un changement de lait peut s’avérer bénéfique.

Pas de jus végétaux !

→ Les boissons végétales, nommées abusivement « laits », à base d’amande, de noisette, d’avoine, de châtaigne, de soja, etc., ont une composition pas du tout comparable à celle d’un lait infantile et peuvent être à l’origine de malnutrition entraînant des carences en acides gras essentiels, protéines, calcium et vitamines*.

→ Les produits à base de soja, y compris les laits, s’utilisent avec précaution chez les nourrissons. Le risque endocrinien potentiel de leur forte teneur en isoflavones de soja est mal connu au long cours.

(*) Anses, Avis relatif aux risques liés à l’utilisation de boissons autres que le lait maternel et les substituts du lait maternel dans l’alimentation des nourrissons de la naissance à 1 an.