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“Je voudrais un anti-rhume naturel !”

Publié le 27 octobre 2020
Par Nathalie Belin
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1 Je questionne

Préciser la demande

« Est-ce pour vous ? », « Quels sont vos symptômes ? Votre nez coule ou est bouché ? Avez-vous de la fièvre ? » orientent la prise en charge et le(s) produit(s).

Rechercher certains critères

Selon le cas, « Quel âge a l’enfant ? », « Êtesvous enceinte ? » et « Pas de pathologies particulières ? » indiquent des situations contre-indiquant des composants.

2 J’évalue

D’origine virale et le plus souvent bénin, un rhume guérit spontanément en sept à dix jours mais génère des symptômes gênants. Associés à l’hygiène nasale, des produits « naturels » et/ou « prêts à l’emploi » peuvent être conseillés après avoir éliminé certaines restrictions d’emploi.

Une consultation est recommandée en cas de fièvre persistant plus de deux jours, d’immunodépression, ainsi qu’en cas de toux, de gêne respiratoire et/ou de céphalées importantes. Le contexte actuel doit inviter à écarter la Covid-19 devant certains symptômes, combinés ou isolés : fièvre, toux sèche, perte de goût ou d’odorat, céphalées, courbatures notamment.

3 Je passe en revue

Voie locale

• Hygiène nasale. Les produits d’hygiène nasale nettoient le rhinopharynx – partie haute du pharynx où s’ouvrent les fosses nasales et les trompes d’Eustache – et soulagent l’inconfort respiratoire. Certaines références sont enrichies en cuivre, antimicrobien, d’autres en soufre, utile dans les rhinopharyngites récidivantes, d’autres en aloe vera ou acide hyaluronique pour apaiser les irritations nasales. En pratique. Tous peuvent s’utiliser en « irrigation nasale » : incliner la tête sur le côté, pulvériser dans la narine supérieure, redresser la tête pour laisser s’évacuer les mucosités. Se moucher ou utiliser un mouche-bébé en douceur chez le nourrisson.

→ Sérum physiologique, eau de mer isotonique. De concentration en chlorure de sodium identique aux liquides de l’organisme (9 g/L), ces solutions conviennent à une hygiène quotidienne. Riche en sels minéraux, l’eau de mer active le fonctionnement des cellules ciliées de la muqueuse nasale qui participent aux défenses locales. Exemples : Physiomer, Stérimar, Humer Hygiène du nez… Dès la naissance selon la force du jet.

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→ Solutions fluidifiantes. Renfermant du polysorbate 80, agent fluidifiant, elles sont utiles pour décoller des sécrétions épaisses. Exemples : ProRhinel, Septinasal unidoses… Dès la naissance selon les présentations. Actisoufre associe un extrait de levures inactives qui apportent des oligo-éléments et minéraux, un fluidifiant (polysorbate 80) et du soufre.

→ Eaux de mer hypertoniques. Plus concentrées en NaCl, en général 22 g/L, elles créent un appel d’eau qui désengorge les cellules et accélère l’écoulement nasal. Elles s’utilisent durant quelques jours en cas de congestion nasale. Exemples : Clariver, Physiomer Nez bouché, Marimer et Marimer Baby Nez bouché… Dès la naissance selon les références.

• Sprays protecteurs. D’action mécanique, ils renferment des extraits d’algues, de l’acide hyaluronique… qui tapissent la muqueuse nasale et visent à limiter l’adhésion des virus. Exemples : Stérimar Stop & Protect, Rhinobronc Viral… En pratique : dès 1 an pour certains, en prévention et/ou aux premiers symptômes du rhume.

• Sprays décongestionnants aux huiles essentielles. Hypertoniques, parfois jusqu’à 3 g/L, ce sont souvent des solutions d’eau de mer enrichies en huiles essentielles à visée anti-infectieuse et/ou décongestionnante, avec notamment ravintsara, niaouli, thym, eucalyptus, menthe poivrée. Exemples : Stérimar Sinusite, ProRhinel Extra Eucalyptus, Phytosun arôms Spray nasal décongestionnant, Pranarôm Spray nasal décongestionnant, Olioseptil Spray nasal, Rhinaction… Humer Sinusite ne renferme pas d’huile essentielle mais des plantes riches en tanins telles que canneberge, sureau noir, myrtille… En pratique : dès 3, 6 ou 12 ans selon les références. Se moucher avant pulvérisation, laisser agir quelques minutes, puis se moucher à nouveau au besoin. Des picotements sont possibles. Pas plus d’une semaine d’utilisation.

• Inhalations d’huiles essentielles.

→ Par dilution dans l’eau chaude (fumigation). L’inhalation d’huiles essentielles antimicrobiennes, décongestionnantes et fluidifiantes (ravintsara, thym, pin sylvestre, eucalyptus, giroflier…) humidifie les voies respiratoires et fluidifie les sécrétions nasales et bronchiques en libérant une grande quantité d’actifs au niveau des voies respiratoires. Exemples : Calyptol inhalant, Perubore, Activox comprimés pour inhalation, Vicks VapoRub, Capsules inhalation Aromaforce… En pratique : pas avant 12 ans et durant cinq jours maximum. Préférer un inhalateur spécifique au bol d’eau bouillante pour éviter des brûlures au niveau du visage et une irritation des yeux.

→ Par diffusion atmosphérique : sous forme de baume respiratoire à appliquer sur le thorax, la chaleur du corps aidant à la diffusion des substances volatiles (Vicks VapoRub, Puressentiel Respiratoire baume, Baume pectoral Pranarôm…), ou en pulvérisation dans l’atmosphère sur un mouchoir ou l’oreiller (Climarome, Puressentiel Spray aérien Resp OK, Spray habitat Respiration Phytosun arôms…). En pratique : selon les références, dès 3 ans.

Voie orale

Plusieurs plantes sont traditionnellement utilisées dans le traitement symptomatique du rhume dans des médicaments ou associées entre elles ou à d’autres composants, telles les huiles essentielles, dans des compléments alimentaires. Plantes et huiles essentielles sont par prudence contre-indiquées ou déconseillées au cours de la grossesse.

• Échinacées(Echinacea angustifolia, purpurea). Stimulant l’immunité, les échinacées ont fait l’objet de nombreuses études dans la prévention ou le traitement des infections hivernales. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît leur usage traditionnel « dans le traitement des rhumes et des infections des voies respiratoires supérieures, du fait de leur action immunostimulante ». L’échinacée pourpre est présente dans Échinacée pourpre HumexPhyto… En pratique : pas avant 12 ans, ni en cas de déficit immunitaire (traitements, pathologies auto-immunes…). Des réactions d’hypersensibilité parfois sévères, avec angio-œdème, bronchospasmes…, sont décrites. Attention aussi chez les patients atopiques.

• Pelargonium. L’extrait de racine de pelargonium, présent dans des médicaments – Belivair, Kaloba, Pelargonium Cooper… – est traditionnellement utilisé pour traiter l’ensemble des symptômes du rhume : écoulement nasal, mal de gorge, nez bouché, toux, céphalées… En pratique : dès 6 ans, contre-indiqué en cas d’atteinte hépatique ou rénale sévère.

• Sureau noir (Sambucus nigra). Les fleurs et baies de sureau noir sont utilisées pour soulager les symptômes du rhume ou de la grippe. L’Agence européenne du médicament (EMA) reconnaît l’usage traditionnel des baies. En pratique : non recommandé avant 12 ans. Prudence en cas de diabète.

• Autres.

→ L’andrographis et l’astragale sont utilisées en médecine traditionnelle asiatique, seules ou en combinaison à l’éleuthérocoque, plante antiasthénique et adaptogène – qui aide à s’adapter au stress -, dans les infections respiratoires. Elles possèdent des propriétés toniques, anti-infectieuses et fébrifuge – qui fait baisser la fièvre.

→ Les extraits de thym et d’eucalyptus radié ou globuleux sont utilisés pour leurs actions antiseptique et décongestionnante des voies respiratoires et pour leur action fluidifiante des sécrétions, en particulier l’eucalyptus globuleux.

→ Des plantes à visée fébrifuge, telles que saule, reine-des-prés, renfermant des dérivés salicylés, ou à visée anti-inflammatoire (curcuma…) sont présentes dans certains compléments alimentaires.

Précautions : les dérivés salicylés sont proscrits en cas d’hypersensibilité à l’aspirine, et pour le saule, en cas d’ulcère ou d’antécédent d’ulcère gastro-duodénal, ou associé aux AINS.

→ Plantes anti-microbiennes. Sont utilisées les huiles essentielles à visée antivirale, telles que ravintsara, également immunostimulante, tea tree, niaouli…, antimicrobienne en général (tea tree, cannelle de Ceylan…) et celles antiseptiques et décongestionnantes ayant un tropisme respiratoire : eucalyptus, thym, girofle, sapin de Sibérie ou pin sylvestre… En pratique : les huiles essentielles en unitaire s’utilisent avec prudence avant l’âge de 7 ans. Pour les « prêtes à l’emploi », toujours vérifier l’âge mentionné par le fabricant. Des antécédents de convulsion ou d’épilepsie contre-indiquent leur emploi en inhalation et imposent la prudence dans les autres situations. Attention également en cas d’asthme.

4 Je choisis

Selon le contexte

• Symptômes légers ou modérés : voie locale +/- voie systémique.

• Symptômes gênants : voies locale et systémique.

Selon le profil du patient

• Chez l’enfant. Toujours vérifier les modalités d’emploi préconisées par les fabricants. Avant 12 ans, pas d’inhalation humide, ni d’échinacées, ni de sureau noir.

• En cas de grossesse ou d’allaitement : hygiène nasale uniquement.

• Terrain immunodéprimé : pas d’échinacées.

• Atteinte hépatique ou rénale sévère : pas de pélargonium.

5 J’explique

Un rhume est bénin mais ne doit pas pour autant être négligé car il constitue une « porte d’entrée » aux infections ORL, avec otites, sinusites…, et bronchiques. L’hygiène nasale est à la base de la prise en charge. Plantes et huiles essentielles agissent d’autant plus efficacement qu’on les utilise tôt. Si les symptômes ne s’améliorent pas ou s’aggravent après deux à trois jours, une consultation médicale est nécessaire.

6 Je conseille

Modalités de prise

• Par voie locale ou orale, ne pas dépasser cinq à sept jours de prise pour les extraits de plantes ou les huiles essentielles en automédication.

• Hygiène nasale : rincer l’embout à l’eau chaude et au savon après chaque utilisation et/ou le désinfecter avec un peu d’alcool s’il sert à plusieurs personnes !

En complément

Fièvre et/ou maux de tête peuvent être soulagés par du paracétamol en première intention. Pas d’AINS en association aux extraits de saule.

Améliorer le confort

Bien s’hydrater pour aider à fluidifier les sécrétions. Ne pas surchauffer la chambre, opter pour 18 à 20 °C maxi pour ne pas assécher la muqueuse nasale. Dormir la tête surélevée en cas de nez bouché.

Limiter la transmission

• Renforcer les gestes barrières : lavage des mains, toux dans le pli du coude, mouchoirs en papier à jeter dans une poubelle fermée après usage.

• Aérer régulièrement les pièces.

• Éviter les contacts avec des personnes fragilisées, personnes âgées, nourrissons, personnes immunodéprimées, ou porter un masque.

Le contexte

→ Le rhume, ou rhinite aiguë, est lié à une inflammation de la muqueuse nasale, le plus souvent d’origine virale. La transmission se fait via les gouttelettes de salive projetées lors de la toux, des éternuements, en parlant et par contact mains à mains, ou via un objet contaminé.

→ Il se manifeste par une impression de nez bouché, une rhinorrhée et des éternuements. Un écoulement épais et purulent n’est pas un signe d’aggravation mais l’évolution normale du rhume. Une toux et des maux de gorge peuvent également être présents en raison de la communication avec les cavités du rhinopharynx, ainsi qu’une fièvre modérée, en général moins de 38,5 °C, et des céphalées.

→ La guérison se fait spontanément en sept à dix jours.

Plantes anti-inflammatoires et Covid-19

• Les échinacées et d’autres plantes aux propriétés anti-inflammatoires, telles que saule, reine-des-prés… mais aussi harpagophytum ou curcuma, pourraient altérer la réponse immunitaire et inflammatoire de l’organisme, utile pour lutter contre les infections, notamment la Covid-19. L’Anses recommande de suspendre immédiatement leur consommation en cas de symptômes évocateurs de la Covid. Source : Avis relatif à l’évaluation des risques liés à la consommation de compléments alimentaires contenant des plantes pouvant interférer avec la réponse immunitaire et inflammatoire associée à l’infection par le SARS-CoV-2, Anses, avril 2020.