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“Je voudrais quelque chose pour soulager ma gorge !”
1 Je questionne
Préciser la demande
« La douleur est-elle importante, accrue par la déglutition, en avalant ? », « Avez-vous de la fièvre ? », « Avez-vous d’autres symptômes tels que toux, ganglions douloureux au niveau du cou, rhume, éruption cutanée ? » aident à distinguer une cause irritative (poussières, fumée, air sec…) d’une cause infectieuse, virale ou bactérienne. Une éruption cutanée peut faire évoquer une scarlatine(1). « Un test Covid a-t-il été réalisé ? » est indispensable pour éliminer cette infection virale, qui contre-indique la réalisation d’un test rapide d’orientation diagnostique (Trod) angine.
Identifier certains critères
En cas d’extinction de voix isolée, demander « Est-ce récent ? » car une dysphonie non douloureuse peut amener le patient à attendre avant de consulter. Or, toute dysphonie traînante, notamment chez un fumeur, nécessite un avis médical pour notamment écarter un cancer du larynx.
Orienter le choix
« Avez-vous déjà pris quelque chose pour vous soulager ? », « Vous n’avez pas d’allergies particulières aux pollens ou aux produits de la ruche ? » et, selon le cas, « Pas de grossesse en cours ? » orientent le conseil. « Quel âge avez-vous ? » ou « Quel âge a l’enfant ? » aide à identifier la probabilité d’une angine à streptocoque bêta-hémolytique du groupe A (SGA) et à la décision de proposer un Trod angine, ou affine le choix du produit.
2 J’évalue
Fréquents, les maux de gorge sont un symptôme le plus souvent bénin (voir encadré ci-dessous) et favorables à l’automédication.
Un avis médical est nécessaire :
• si les maux de gorge perdurent ou sont liés à une angine bactérienne – nécessitant une antibiothérapie –, le plus souvent liée au SGA et conduisant à un Trod. Le Trod angine peut se faire à l’initiative de l’officinal pour certaines personnes (voir encadré p. 28) ou sur présentation d’une ordonnance de dispensation conditionnelle, valable sept jours à partir de la date de prescription. Il s’agit d’une prescription d’antibiotiques à ne délivrer que si le Trod angine effectué à la pharmacie s’avère positif ;
• si le patient n’est pas éligible au Trod angine : enfant de moins de 10 ans, femme enceinte ou patient de plus de 70 ans fébrile avec fièvre supérieure à 38 °C, immunodépression (chimiothérapie, corticothérapie au long cours…), épisode similaire de mal de gorge traité par antibiotiques il y a moins d’un mois sur la base de la déclaration du patient ;
• s’il y a des signes d’alerte : fièvre supérieure à 39 °C ou supérieure à 38 °C plus de trois jours, douleur unilatérale, difficulté pour parler (trismus) ou respirer, douleur limitant les mouvements de la tête ou du cou, peau rouge au niveau du visage, du cou ou du thorax.
3 Je passe en revue
Antiseptiques locaux
Ils visent à limiter la prolifération bactérienne ou virale mais n’ont pas fait la preuve de leur efficacité pour accélérer la guérison d’une angine. Exemples : chlorhexidine, amylmétacrésol, biclotymol, cétylpyridinium, hexamidine… Disponibles en pastilles, collutoires dans Lysopaïne cétylpyridinium lysozyme, Humex biclotymol, Strepsils, Hexaspray… Précautions : risque potentiel de déstabiliser la flore microbienne locale en traitement prolongé. La chlorhexidine peut induire une coloration brune transitoire de la langue et des dents, ainsi que des réactions allergiques.
Anesthésiques locaux
Ils exercent une action désensibilisante locale, donc antalgique rapide, dans les quinze minutes, qui peut durer plus de trois heures pour l’ambroxol. Exemples : lidocaïne (Humex Mal de gorge lidocaïne, Strepsils lidocaïne…), tétracaïne (Drill, Eludril Collutoire, Angi-spray…) et ambroxol, qui a également des propriétés anti-inflammatoires (Lysopaïne maux de gorge ambroxol). Précautions : risque de fausse-route, déconseillés en cas de troubles de la déglutition. L’ambroxol est à risque de réactions d’hypersensibilité, dont des œdèmes de Quincke ou des réactions cutanées sévères.
Anti-inflammatoires
• Corticoïde local : le tixocortol dans Rhinadvil Maux de gorge collutoire associé à la chlorhexidine est indiqué dès l’âge de 6 ans. Des réactions allergiques sont possibles. Il est contre-indiqué en cas de candidose ou d’herpès buccal.
• Enzyme à visée anti-inflammatoire : l’alpha-amylase dans Maxilase, Megamylase… peut être à l’origine de réactions d’hypersensibilité, y compris anaphylactiques engageant le pronostic vital, dès la première prise. Éruption cutanée, difficultés respiratoires ou gonflement du visage impliquent l’arrêt du traitement et une consultation médicale rapide.
Plantes à action émolliente
Traditionnellement utilisées pour soulager les maux de gorge, les plantes à mucilages forment une solution visqueuse qui adoucit et protège la muqueuse pharyngée, et selon le cas des composants exerçant une action anti-inflammatoire, tels plantain et réglisse. Exemples : plantain, mauve, guimauve, réglisse, matricaire… Elles sont souvent associées à des plantes ou huiles essentielles antiseptiques ou à la propolis ou l’érysimum. Exemples : dans Activox Propolis ou Activox pastilles, Almavox pastilles, spray ou sirop, Léro Nez & gorge sirop, ProRoyal Bio spray, Naturactive spray gorge aux essences, Le Comptoir Aroma spray gorge… Elles entrent aussi dans la composition des dispositifs médicaux.
Plantes et huiles essentielles à visée antiseptique
• Le sureau a des propriétés antivirales et anti-inflammatoires mises à profit dans les infections ORL, rhume et maux de gorge. Exemples : Azéol spray ou comprimés à sucer, Sambucol pastilles à sucer, Sureau Gummies, Sirop de sureau Ladrôme…
• Les plantes à huiles essentielles. Thym, pin sylvestre, sapin, eucalyptus… ainsi que les huiles essentielles de giroflier, sarriette, origan, citron, cannelle…, ces huiles essentielles ou extraits de plantes actifs grâce à leurs huiles essentielles possèdent des propriétés antiseptiques et plus ou moins anti-inflammatoires. Ils sont proposés par voie locale, parfois associés à la propolis. Exemples : Humer pastilles gorge, ThymoTabs ou Thymo Spray, Puressentiel pastilles Respiratoire, Pranarom Aromaforce pastilles gorge, Phytosun arôms pastilles gorge, Olioseptil gorge-larynx (+ érysimum), So Aroma spray gorge bio, Le Comptoir Aroma spray gorge, Propex spray gorge, Pastilles gorge Respiration Biofloral…
Ils sont également utilisés par voie générale dans les formules ciblant une action anti-rhume. Exemples : Aromadoses capsules Nez et gorge, Olioseptil Nez-gorge gélules, Vendivair Nez/gorge comprimés jour et nuit, Granions Nez-gorge gélules jour et comprimés nuit… Précautions : vérifier les indications d’âge, variables selon les références. Prudence avant 6 ans, chez les personnes asthmatiques et/ou en cas d’antécédents de convulsions pour les huiles essentielles.
Plantes à effet « relaxant respiratoire »
• L’érysimum possède un effet relaxant sur les muscles lisses de la trachée chez l’animal. Il est traditionnellement utilisé dans les maux de gorge, et surtout les enrouements. Exemples : VoxylTabs, Activox pastilles et spray, Léro Nez & gorge sirop… Et dans des médicaments : Euphon, Vocadys, associé à la lidocaïne et l’énoxolone.
• L’huile essentielle de cyprès toujours vert (Cupressus sempervirens) a des propriétés antitussives et antispasmodiques. « Elle possède une action “cortisone-like”, donc anti-inflammatoire, et décongestionnante de la gorge et des cordes vocales », note Françoise Couic-Marinier, pharmacienne et aromathérapeute, dans son ouvrage Les huiles essentielles pour les adultes (éd. Solar, 2021).
À associer à l’huile essentielle de lemon grass (Cymbopogon citratus), anti-inflammatoire également, à raison de 1 goutte de chaque dans 1 cuillère à café de miel trois à quatre fois par jour.
Propolis aux propriétés anti-inflammatoires et anti-microbiennes
Elle est proposée par voie locale pour soulager les maux de gorge, parfois en association à des plantes, du miel ou à de la gelée royale. Exemples : gamme Oropolis, Propolis bio Ladrôme, Activox Propolis, 3 Chênes Propolis spray gorge… Précautions : elle peut induire des réactions d’hypersensibilité. À éviter en cas d’allergie aux pollens ou de prédispositions aux allergies en général ou à l’asthme.
Action mécanique
En comprimé ou collutoire, les dispositifs médicaux sont composés d’acide hyaluronique, de glycérol et/ou d’extraits végétaux tels que gommes, mucilages, tanins… formant un film muco-adhésif sur l’oropharynx. Ils visent à hydrater et apaiser la muqueuse, tout en la protégeant des agents infectieux ou irritants. Exemples : Activox Maux de gorge toux sèche, Hexatoux, Phytoxil Toux sèche & gorge, Upsa Les Élémentaires Maux de gorge, Salvigorge 2Act, Vox Lysopaïne, Clariver Maux de gorge…
Certaines références sont des solutions hypertoniques agissant par effet osmotique ; le flux de liquide ainsi créé aide à drainer les particules infectieuses, poussières ou allergènes. Exemples : Pharyndol, AngiFlash, Phytosun arôms Spray mal de gorge, Humer Spray Gorge…
Précautions : vérifier les indications d’âge ; dès 3 ans pour certains collutoires, pas avant 6 ans pour les formes à sucer.
4 Je choisis
Selon les symptômes
• Peu intenses : antiseptiques locaux ou plantes émollientes ou propolis ou dispositifs médicaux +/- paracétamol.
• Gêne importante : anesthésique local si pas de contre-indication + paracétamol.
• En cas de rhume associé : plantes et huiles essentielles.
• En cas d’enrouement : érysimum ou huiles essentielles de cyprès toujours vert et lemon grass.
Selon la galénique
• Pastilles : pour une action progressive mais prolongée associée à une stimulation de la salive, « sans sucre » pour limiter le risque carieux ou en cas de diabète.
• Collutoires : pour une action rapide.
• Pastilles + collutoire : si les actifs sont complémentaires mais pas deux anesthésiants ensemble.
Selon le patient
• Âge. Pas de pastilles avant 6 ans car risque de fausse-route, ni de collutoire avant 30 mois, au risque de spasme laryngé. Pas d’anesthésiques locaux avant 6, 12 ou 15 ans selon les références.
• Antécédents d’allergie (pollens, asthme…) : éviter la propolis et les huiles essentielles en cas d’asthme.
• Patients âgés ou handicapés : éviter les anesthésiques locaux s’il y a un risque de fausse-route.
• Femmes enceintes : privilégier le paracétamol. Certains dispositifs médicaux peuvent être employés.
5 J’explique
Les maux de gorge sont le plus souvent bénins et guérissent en général en trois à quatre jours. Le traitement atténue seulement la gêne. Si la douleur et/ou la fièvre persistent ou s’aggravent dans les deux à trois jours, un avis médical est nécessaire, même en cas de Trod négatif.
6 Je conseille
Modalités de prise
Les traitements locaux se prennent à distance des repas pour mieux profiter de leur action, et pas plus de cinq jours. Ne pas manger ni boire dans l’heure suivant la prise d’un anesthésique local.
Antalgique
Le paracétamol est le traitement de première intention. Par prudence, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont à éviter en automédication. Des cas de phlegmon amygdalien suite à la prise d’AINS pour traiter des maux de gorge sont rapportés. Cet abcès de l’amygdale entraîne fièvre élevée, œdème de la luette, contraction des muscles de la mâchoire empêchant son ouverture correcte, et modification de la voix. Il est favorisé par un terrain immunodéprimé ou la prise de corticoïdes ou d’AINS.
Alimentation et hygiène de vie
• S’hydrater régulièrement ou sucer des bonbons sans sucre pour lubrifier la muqueuse et apaiser l’inflammation.
• Éviter les atmosphères surchauffées et enfumées et certains aliments qui aggravent l’irritation : acides, épicés ou trop durs. Humidifier l’air et maintenir une température de 19 °C maximum dans la chambre.
Prévention
• Éviction de la collectivité recommandée en cas d’angine à streptocoque bêta-hémolytique du groupe A les deux premiers jours de l’antibiothérapie pour limiter la propagation de la bactérie.
• Rappeler les mesures barrières : se laver régulièrement les mains et systématiquement avant les repas, ne pas échanger d’objets susceptibles d’être contaminés tels que brosse à dents, vaisselle…, éviter les contacts rapprochés (baisers…) et porter un masque pour protéger son entourage.
(1) Due à une bactérie, un streptocoque bêta-hémolytique du groupe A, la scarlatine se manifeste par une angine associée à une éruption cutanée rouge au niveau des aines et des aisselles, puis s’étendant au tronc et aux membres.
Le contexte
Les maux de gorge peuvent être liés à des irritations (atmosphère enfumée, sollicitation excessive de la voix, poussières…), une sécheresse buccale ou être d’origine infectieuse, virale le plus souvent, parfois bactérienne, plus rarement fongique, candidose en cas d’immunosuppression notamment.
→ Certains signes sont en faveur d’une étiologie virale : toux, rhinorrhée, pas ou peu de fièvre…
→ Les angines bactériennes, le plus souvent dues au streptocoque bêta-hémolytique, surviennent fréquemment entre 5 et 15 ans. Elles peuvent se compliquer d’un phlegmon amygdalien notamment, ou exceptionnellement d’un rhumatisme articulaire aigu ou d’une glomérulonéphrite aiguë, et nécessitent de fait un traitement antibiotique.
→ Enrouement. Les causes les plus fréquentes sont une infection (laryngite) ou un surmenage des cordes vocales, voire un traumatisme (intubation), une tumeur bénigne ou un cancer du larynx, notamment en cas d’exposition chronique au tabac ou à l’alcool.
Le Trod angine en pratique
En cas de demande spontanée liée à des maux de gorge, l’officine peut recruter les patients éligibles au Trod angine. Seuls les pharmaciens formés peuvent effectuer le prélèvement de gorge.
À qui proposer un Trod ?
→ Aux enfants de 10 à 14 ans se plaignant de maux de gorge.
→ Aux adultes et adolescents dès 15 ans pour lesquels une étiologie virale semble écartée, c’est-à-dire sans signes de rhinopharyngite associés (rhinorrhée, obstruction nasale ou toux), et dont le score de Mac Isaac (voir ci-dessous) est supérieur ou égal à 2 points.
Score de Mac Isaac
→ Fièvre supérieure à 38 °C : 1 point.
→ Absence de toux : 1 point.
→ Adénopathies cervicales sensibles (autopalpation à l’officine) : 1 point.
→ Atteinte des amygdales (augmentation de leur volume ou exsudat entraînant une odynophagie) : 1 point.
→ Âge : de 15 à 44 ans : 0 point. Âge > 45 ans : – 1 point.
Score < 2 → orientation diagnostique en faveur d’une infection virale : Trod non nécessaire.
Score ≤ 2 → orientation diagnostique en faveur d’une infection à streptocoque bêta-hémolytique du groupe A (SGA) : faire un Trod oropharyngé.
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