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“Je voudrais calmer mes règles douloureuses”
1 Je questionne
Évaluer la douleur
« Depuis quand avez-vous mal ? », « Ces douleurs sont-elles modérées, fortes, très fortes ? », puis proposer d’évaluer l’intensité de la souffrance en utilisant une échelle visuelle analogique (EVA) : douleur légère de 0 à 4, modérée de 4 à 7, intense de 7 à 10.
« Sont-elles habituelles ou plus fortes que d’habitude ? », « Que-prenez vous pour les soulager ? À quelle dose ? Est-ce efficace ? » déterminent la prise en charge.
Rechercher des signes associés
« Avez-vous noté d’autres symptômes ce mois-ci ou les précédents ? », « Ces douleurs vous empêchent-elles d’aller travailler ? » ciblent le contexte.
S’informer du suivi gynécologique
« Avez-vous déjà vu [à une ado] ou êtes-vous suivie régulièrement par un gynécologue ? » et « Avez-vous une contraception ? » orientent les conseils associés.
2 J’évalue
L’officine peut prendre en charge les dysménorrhées primaires (voir contexte). Consulter en cas de saignements importants, caillots ou signes faisant suspecter une pathologie sous-jacente, telle une endométriose (voir encadré) : douleurs s’intensifiant cycle après cycle irradiant vers la jambe ou le rectum, non soulagées par les antalgiques habituels à dose recommandée, qualité de vie très altérée (absentéisme) et/ou avec signes digestifs, urinaires, douleurs lombaires.
Orienter vers les urgences en cas de douleurs pelviennes aiguës inhabituelles associées à des saignements chez une femme susceptible d’être enceinte, en raison d’un risque de grossesse extra-utérine.
3 Je passe en revue
Antalgiques
Palier I
→ Ibuprofène (Advil, Biogaran et Mylan Conseil, Intralgis, Nurofen…). Cet anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) inhibe la synthèse des prostaglandines responsables des dysménorrhées. Il est indiqué dans le traitement de courte durée – moins de cinq jours – des règles douloureuses : 200 mg par prise (de 20 à 30 kg) et jusqu’à 400 mg (> 30 kg), au maximum trois fois par jour, avec un intervalle minimal de six heures. Contre-indications : ulcère ou antécédent, hémorragie en cours ou antécédent lié à un AINS, insuffisance hépatique, rénale ou cardiaque sévère, antécédent d’asthme déclenché par un AINS.
→ Paracétamol (Algodol, Dafalgan, Doliprane, Efferalgan, Sandoz Conseil…). Il peut être utilisé à raison de 500 mg par prise maximum quatre fois par jour de 27 à 40 kg, et six fois de 41 à 50 kg ; au-delà de 50 kg, 1 g par prise trois fois par jour et jusqu’à 4 g par jour en l’absence d’insuffisance rénale sévère. Contre-indication : insuffisance hépatocellulaire.
→ Aspirine. À éviter, au risque d’augmenter la durée et l’importance des saignements. Ne pas utiliser sans avis médical en cas de règles abondantes.
Palier II
→ Codéine. C’est un opioïde faible disponible en conseil à dose exonérée (≤ 20 mg par prise et ≤ 0,3 g/boîte) associé au paracétamol : Prontalgine, Compralgyl, Codoliprane 400 mg/20 mg… La dose maximale journalière est de 120 mg. Contre-indications : insuffisance respiratoire, allaitement, moins de 15 ans.
Plantes
→ Gattilier sommités fleuries et fruit : Élusanes gélules 10 mg (2 par jour).
→ Grande camomille parties aériennes : Élusanes gélules 200 mg (2 par jour).
Ces plantes sont traditionnellement utilisées pour leur action antalgique/anti-inflammatoire, qui relève de la synergie des composants type terpènes, flavonoïdes et huiles essentielles. La grande camomille est intéressante en cas de migraine associée. Ces produits sont présents dans Seremens : 2 comprimés par jour durant les quinze jours précédant les règles et les trois premiers jours du cycle.
→ Huiles d’onagre et bourrache. Elles sont riches en acide gras (oméga 6), précurseurs d’une prostagladine anti-inflammatoire : Dayang Duo au féminin, 3 capsules le matin durant vingt jours avant les règles.
• Huiles essentielles de basilic, d’estragon de coriandre. 2 à 3 capsules par jour aux repas pendant les règles d’Oléocaps 5 Confort gynécologique.
Antispasmodiques
→ Phloroglucinol (Spasfon, Sandoz, Spasmocalm…). Il lutte contre les spasmes des fibres musculaires lisses :160 mg par prise, à renouveler si nécessaire.
→ Achillée millefeuille (sommité fleurie) contient des lactones sesquiterpéniques, des flavonoïdes, des coumarines et une HE. Chez la femme, en teinture mère : 1 à 2 cuillères à café dans un verre d’eau, une gorgée par heure, à espacer selon amélioration.
Homéopathie
Proposer Actaea Racemosa 9 CH, Colocynthis 9 CH et Magnesia phosphorica 9 CH, systématiquement, à raison de 5?granules toutes les demi-heures, à espacer selon amélioration. Des formes composées existent : Lehning L25 (20 gouttes deux fois par jour), Helonias composé Boiron (5 granules deux fois par jour).
4 Je choisis
Le traitement est le même quel que soit l’âge, sauf la codéine, pas avant 15 ans.
Antalgique
• AINS. Ils sont le traitement de référence L’ibuprofène est conseillé d’emblée en l’absence de contre-indications. L’action du stérilet au cuivre n’est pas diminuée.
• Paracétamol, éventuellement en cas de douleur légère (0 à 4 sur EVA) habituellement calmée par cette molécule ou si contre-indications à l’ibuprofène.
• Codéine, alternative en cas de douleur non soulagée par le paracétamol seul ou les AINS, en attendant de faire le point avec le médecin.
• Homéo/phyto/aromathérapie : seule si la patiente préfère un produit « naturel » ou associée à un antalgique classique.
• Antispasmodique, éventuellement pour potentialiser l’action de l’antalgique.
Forme galénique
• Formes d’action rapide : ibuprofène lysinate (NurofenFlash, NurofenFem), avec arginine (Spedifen), solubilisé dans une capsule molle (AdvilCaps).
• Formes « sans eau » orodispersibles (Doliprane Orodoz, Paralyoc, Efferalgan Odis, NurofenTabs, Phloroglucinol Conseil orodispersible…) ou granulés (Efferalgan vanille-fraise 500 mg, Efferalgan cappuccino 1 g).
5 J’explique
→ Les douleurs des règles ou dysménorrhées sont fréquentes et peuvent s’automédiquer à condition qu’elles ne soient pas apparues brutalement, qu’elles soient soulagées par les antidouleurs classiques aux doses habituelles et sans autres signes. Elles peuvent diminuer, voire cesser après le premier accouchement.
→ Avec un stérilet au cuivre, il peut y avoir une augmentation des règles parfois douloureuses la première année.
→ L’efficacité de l’antalgique peut être jugée 30 à 45 minutes après la prise.
6 Je conseille
Traitement antalgique
→ Le plus vite possible pour plus d’efficacité, au milieu des repas ou avec collation pour l’ibuprofène, ou non si bien toléré.
→ Respecter les délais entre deux prises.
Mesures hygiéno-diététiques
Appliquer une bouillote chaude décontracture le muscle utérin. Masser le ventre atténue les douleurs.
Le contexte
→ Les règles ou menstruations sont un écoulement périodique par le vagin de muqueuse utérine et de sang chez la femme non enceinte entre la puberté et la ménopause. Elles durent de trois à cinq jours et marquent le début d’un cycle de 28 jours en moyenne. Elles peuvent s’accompagner de « dysménorrhées » : douleurs à type de crampes, voire nausées, vomissements, diarrhée, migraine…
→ Les dysménorrhées primaires apparaissent dès l’adolescence. Fréquentes et parfois invalidantes, elles sont surtout liées à une libération excessive par la muqueuse utérine de prostaglandines, qui provoquent des contractions du myomètre, le muscle qui tapisse la paroi interne de l’utérus.
→ Les dysménorrhées secondaires surviennent chez des femmes avec des règles jusqu’alors peu ou non douloureuses. La douleur peut être intense et signer une cause organique, la plus fréquente étant l’endométriose (voir encadré).
Ne passez pas à côtéde l’endométriose
→ Qu’est-ce que c’est ?
Cette maladie chronique consiste en la migration et le développement d’endomètre (tissu de la muqueuse utérine) hors de l’utérus : péritoine, vagin, rectum, vessie… Elle entraîne douleurs cycliques, infertilité chez une femme réglée, même adolescente.
→ Quels signes peuvent l’évoquer ?
• Dysménorhées de plus de 48?heures et dont l’intensité ne faiblit pas ou peu durant les règles, voire après et/ou non soulagées par des antalgiques classiques aux doses usuelles.
• Douleurs associées, à des endroits inhabituels de manière cyclique lors des règles (irradiant vers le rectum, dans le ventre…), lors de la miction, des selles, des rapports sexuels.
• Autres : irritation rectale ou urinaire durant les règles, saignements urinaires ou rectaux, constipation, diarrhées…
→ Que faire dans ce cas ?
Orienter vers un gynécologue pour faire un bilan et donner un antalgique type AINS ou paracétamol/codéine selon l’intensité en attendant.
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