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Je voudrais booster mes défenses avant l’hiver

Publié le 24 septembre 2021
Par Nathalie Belin
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1 Je questionne

Préciser la demande

« Y a-t-il une raison particulière ? » Par exemple, « Êtes-vous fatigué ou stressé en ce moment ? » et « Suivez-vous un régime alimentaire particulier ? » recherchent un affaiblissement passager et bénin des défenses de l’organisme.

Rechercher certains critères

« Êtes-vous sujet à des infections récidivantes : rhumes, bronchites, sinusites… ? » et « Êtes-vous suivi pour une pathologie particulière ? » et/ou « Prenez-vous un traitement au long cours ? Lequel ? » identifient les situations qui nécessitent un avis médical.

Orienter le choix

« Est-ce pour vous ? Pour un enfant de quel âge ? » guide vers une offre adaptée. Selon le cas, « Êtes-vous enceinte ? » ajuste le choix du produit.

2 J’évalue

Le fonctionnement optimal du système immunitaire passe avant tout par un mode de vie sain, une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et une consommation modérée de substances toxiques. Un coup de pouce peut être utile lors de périodes qui sollicitent davantage l’organisme et augmentent les besoins en micronutriments indispensables au fonctionnement normal du système immunitaire : changement de saison, stress, surmenage…

Un avis médical est nécessaire en cas de fatigue chronique, d’infections à répétition pour lesquelles des examens complémentaires sont requis, d’immunosuppression, de maladies auto-immunes, de fatigue évoluant depuis plusieurs semaines ou d’amaigrissement inexpliqué.

3 Je passe en revue

Vitamines et minéraux

Vitamines A, B6, B12, C, D, zinc, cuivre, fer, acide folique et sélénium contribuent aux défenses de l’organisme. Ils favorisent la production d’anticorps ou de cytokines inflammatoires, ou encore l’activation de cellules du système immunitaire (lymphocytes T, cellules NK, macrophages…) et disposent d’une allégation dans ce cadre.

Leur carence est rare en France mais un déficit est possible en cas d’alimentation déséquilibrée, de stress ou de fatigue, qui augmentent les besoins de l’organisme en vitamines et minéraux.

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• Le zinc diminuerait la durée et les symptômes du rhume s’il est pris dès les premiers signes, et, en préventif, réduirait les symptômes du rhume chez les enfants(1). Une étude rétrospective menée sur 249 patients en Espagne a suggéré qu’un faible taux de zinc plasmatique était associé à des résultats de survie moins favorables chez des patients hospitalisés pour la Covid-19(2).

• La vitamine D a un léger effet protecteur vis-à-vis des infections respiratoires aiguës, notamment chez les personnes au déficit avéré(3). L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a rappelé la nécessité d’assurer un apport suffisant en vitamine D(4). En mai 2020, l’Académie de médecine a recommandé une supplémentation en vitamine D de 800 à 1 000 UI par jour chez les moins de 60 ans en cas d’infection Covid-19(6).

À savoir : une exposition au soleil en fin de matinée ou l’après-midi de 15 à 20 minutes des mains, des avant-bras et du visage assure l’apport journalier en vitamine D nécessaire pour couvrir les besoins d’un adulte en bonne santé, soit 15 µg par jour (600 UI)(4). Les besoins sont plus élevés chez les personnes âgées, celles à peau mate car la synthèse de vitamine D via le soleil est moins efficace, ou les femmes enceintes.

Précautions. Les sels de fer, de zinc de magnésium ou de calcium, parfois présents dans des complexes multivitaminiques, doivent être pris à deux heures de distance de certains médicaments : fluoroquinolones, cyclines, bisphosphonates, lévodopa, lévothyroxine… Les sels de zinc se prennent aussi à distance d’une supplémentation en fer ou en calcium. Un surdosage en vitamine D peut entraîner une hypercalcémie, à l’origine d’atteintes rénales et cardiaques graves. Bien vérifier les dosages des compléments alimentaires, qui peuvent renfermer des concentrations élevées en vitamine D, et les dosages préconisés par les fabricants. Un excès de vitamine A chez les femmes enceintes peut induire des malformations congénitales ; un apport via un complément alimentaire n’est pas recommandé.

Plantes aux propriétés immunostimulantes

• Échinacées. La racine d’Echinacea purpurea, angustifolia et les parties aériennes d’E. purpurea ont fait l’objet de nombreuses études dans la prévention et le traitement des pathologies hivernales : rhumes, états grippaux… L’Agence européenne du médicament (EMA) reconnaît l’usage de l’échinacée pourpre en prévention et en traitement du rhume et l’usage d’E. angustifolia en traitement du rhume. Précautions : pas avant 12 ans, ni en cas de maladie auto-immune ou d’immunodépression, ni lors de la grossesse. À utiliser avec prudence en cas de terrain allergique car ces plantes sont elles-mêmes allergisantes. Pas plus de huit semaines de cure. L’Anses préconise de suspendre la prise d’échinacée en cas d’infection à la Covid-19.

• Éleuthérocoque. La racine d’Eleutherococcus senticosus, parfois appelée « ginseng de Sibérie », est une plante adaptogène. L’éleuthérocoque est reconnue par l’OMS comme « tonique » dans les états de fatigue ou de convalescence. Elle est traditionnellement employée en prévention des infections hivernales. Précautions : pas avant 12 ans et déconseillée lors de la grossesse. Pas plus de deux mois de traitement continu. Prudence en association avec des anticoagulants ou antiagrégants et en cas d’hypertension artérielle sévère ou mal contrôlée.

• Ces plantes sont parfois associées à d’autres plantes pour une synergie d’action.

→ Racine de Panax ginseng, adaptogène, antistress et anti-asthénique physique et psychique. Précautions : pas avant 18 ans, déconseillé en cas de grossesse. Prudence en association avec des anticoagulants ou antiagrégants et en cas d’hypertension artérielle mal contrôlée.

→ Sureau, cyprès : propriétés antivirales.

À visée anti-infectieuse

L’utilisation d’huiles essentielles (HE) aux propriétés antivirales et/ou anti-infectieuses, en prévention de pathologies hivernales, repose sur la tradition : ravintsara, eucalyptus radié, sarriette des montagnes, thym, tea tree… Sont aussi utilisés pour leurs propriétés antivirales sureau et cyprès (voir plus haut). Précautions : huiles essentielles à proscrire au cours de la grossesse, avant 6 ou 7 ans, voire davantage selon les références, et en cas d’antécédents de convulsions. Prudence chez les patients allergiques.

Imunoglukan

L’imunoglukan est un complexe breveté de bêta-glucanes, polysaccharides stimulant les plaques de Peyer, intervenant dans les défenses immunitaires au niveau de l’intestin. Des études cliniques montrent un intérêt dans la prévention des infections respiratoires chez l’enfant et l’adulte. Les produits avec imunoglukan et vitamine C ne sont pas disponibles en officine mais en vente en ligne.

Autres produits

• Probiotiques. Le microbiote intestinal joue un rôle majeur dans le fonctionnement des défenses immunitaires. Certaines souches bactériennes sont capables de synthétiser des acides gras à chaîne courte (acétate, butyrate, propionate…), connus pour stimuler les cellules immunitaires, notamment les lymphocytes. L’intérêt des probiotiques est, entre autres, rapporté dans les infections respiratoires de l’enfant(5). Globalement, les résultats divergent trop pour pouvoir conseiller une ou plusieurs souches en particulier. Précautions : les probiotiques ne sont pas recommandés chez les personnes immunodéprimées.

• Produits de la ruche. La gelée royale, riche en acides aminés, glucides, minéraux et vitamines, et/ou la propolis, élaborée par les abeilles à partir de résines d’arbres et de bourgeons, sont proposées dans de nombreuses références visant à soutenir l’immunité, mais sans allégations officielles. Précautions : à éviter chez les personnes allergiques aux pollens et prédisposées aux allergies ou à l’asthme.

• Extrait de pépins de pamplemousse : proposé en raison de ses propriétés antimicrobiennes, mais aucune allégation reconnue. Précautions : attention à l’effet inhibiteur enzymatique, qui expose à des interactions médicamenteuses avec simvastatine, ivabradine, carbamazépine…

4 Je choisis

Selon le patient

• Âge : pas de plantes immunostimulantes avant 12 ans.

• Pathologies.

→ Si immunodépression (maladies auto-immunes, corticothérapie…) : pas d’échinacées.

→ Si hypertension artérielle : éviter ginseng et éleuthérocoque.

→ Si prise de médicaments : vérifier l’absence d’interactions avec les minéraux ou l’extrait de pépins de pamplemousse.

• Terrain allergique : prudence avec les échinacées et les produits de la ruche, notamment pour ces derniers chez les patients allergiques aux pollens.

• Femme enceinte : vitamines et minéraux adaptés à la grossesse ; gelée royale, propolis ou probiotiques éventuellement.

Selon le contexte

• Alimentation déséquilibrée : inclure une supplémentation en vitamines et en minéraux.

• Fatigue, surmenage physique et intellectuel : inclure des vitamines, des minéraux et une plante adaptogène (éleuthérocoque, ginseng).

5 J’explique

Les compléments alimentaires ne se substituent pas à une bonne hygiène de vie, indispensable pour aider l’organisme à mieux lutter contre les agents pathogènes (voir ci-dessous). Les infections ORL sont fréquentes chez le jeune enfant et constituent une étape obligatoire dans l’acquisition des défenses immunitaires.

6 Je conseille

Modalités de prise

En cure de quatre à huit semaines, renouvelable selon les indications du fabricant. Pas plus de dix à quatorze jours de prise continue pour les huiles essentielles.

Hygiène de vie

• Activité physique : pratiquée de façon régulière, elle favorise une bonne oxygénation de l’organisme, aide à évacuer les toxines, a un effet bénéfique sur le stress et améliore le sommeil.

• Sommeil : se coucher à une heure régulière, dans une chambre à 19 °C maximum, en veillant à supprimer tout excitant 30 à 60 minutes avant le coucher : lumière forte, écrans, bruit…

• Alimentation : attention aux régimes trop restrictifs qui font l’impasse sur les féculents, source indispensable d’énergie, ou les protéines, pour les muscles.

• Tabac : il irrite et fragilise l’appareil respiratoire, et plus globalement l’ensemble des défenses immunitaires. Le tabagisme passif favorise les infections ORL de l’enfant.

• Autres : se laver fréquemment les mains et aérer chaque jour au moins 10 minutes. Rappeler l’importance de la vaccination, qui prévient des infections et/ou protège de formes graves : Covid-19, grippe et pneumocoque pour les personnes à risque.

(1) www.revmed.ch/RMS/2011/RMS-313/Le-zincviendra-t-il-a-bout-du-rhume

(2) https://cncf.eu/un-taux-de-zinc-plasmatique-plusfaible-est-associe-a-un-risque-accru-de-deces-chez-lespatients-atteints-du-covid-19

(3) www.vidal.fr/actualites/26529-vitamine-d-et-covid-19-la-supplementation-presente-t-elle-un-interet.html

(4) www.anses.fr/fr/content/vitamine-d-pourquoi-etcomment-assurer-un-apport-suffisant

(5) Ozen M., Kocabas Sandal G., Dinleyici EC., Probiotics for the prevention of pediatric upper respiratory tract infections : a systematic review, Expert Opin Biol Ther 2015,15:9-20.

(6) Communiqué de l’Académie nationale de médecine : Vitamine D et Covid-19, 22 mai 2020.

Le contexte

Le système immunitaire est constitué d’un ensemble de cellules (macrophages, polynucléaires libérant des cytokines, radicaux libres…, lymphocytes B produisant des anticorps, lymphocytes T) qui protègent l’organisme d’agents étrangers, en particulier infectieux.

De nombreux facteurs peuvent le fragiliser et diminuer la réponse immunitaire aux pathogènes :

→ l’âge ou des pathologies chroniques (cancer, VIH, diabète mal équilibré, pathologie pulmonaire…) rendant le système immunitaire moins performant ;

→ un déficit en vitamines et en minéraux ;

→ le manque de sommeil et le stress chronique qui augmentent la vulnérabilité aux infections en dérégulant la réponse immunitaire ;

→ les cytotoxiques et les médicaments immunosuppresseurs, y compris corticothérapie équivalant à 10 mg d’équivalent-prednisone par jour, depuis plus de deux semaines(7) ;

→ le tabac, qui affecte le système immunitaire à de multiples niveaux.

Solutions pour renforcer les défenses immunitaires

(7) Vaccination des personnes immunodéprimées ou aspléniques, Haut Conseil de la santé publique, 2014.