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“Je veux un veinotonique pour mes jambes”

Publié le 30 avril 2014
Par Nathalie Belin
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1 Je questionne

Confirmez la demande

« Vos jambes sont-elles lourdes, douloureuses ou enflées sur tout en fin de journée ? » ; « Avez-vous déjà eu ce type de symptômes ? » et/ou « Avez-vous déjà consulté un médecin ? ».

Recherchez certains critères

« Avez-vous des varices ou des varicosités (petites veines apparentes) » et « Le médecin vous a-t-il prescrit des bas de compression ? » et « Les portez-vous ? » permet de savoir s’il y a déjà eu une prise en charge. « Avez-vous déjà utilisé un veinotonique  ? » et « Lequel  ? », et selon le cas « Êtes-vous enceinte ? », affinent le conseil.

2 J’évalue

Les symptômes liés aux jambes lourdes sont généralement bénins (voir contexte), mais tendent à réapparaître, voire à s’accentuer. Une prise en charge dès les premiers stades de l’insuffisance veineuse, même avant l’apparition de varicosités, est recommandée. Elle repose sur le port d’articles de compression. Une consultation médicale pose le diagnostic, évalue les facteurs favorisants et, en cas d’œdème, élimine une cause plus grave (maladie cardiaque ou rénale).

Les veinotoniques sont utiles en traitement d’appoint pour soulager les symptômes liés aux jambes lourdes.

L’apparition brutale d’un œdème, notamment unilatéral, ou d’une sensation de douleur et de chaleur au niveau d’une varice nécessite de consulter en urgence.

3 Je passe en revue

Les médicaments

Ils renferment des composés issus de plantes, les flavonoïdes de la famille des polyphénols, qui exercent un effet vasoconstricteur, ce qui stimule le retour veineux, et améliore la circulation lymphatique, limitant la formation de l’œdème.

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→ Parmi ces flavonoïdes : la rutine, la diosmine (Daflon, Diovenor…), l’hespéridine (Bicirkan, Cyclo 3 Fort…), le rutoside (Veliten, Esberiven Fort…), principalement extraits de l’hamamélis de la vigne rouge, du marron d’Inde ou du mélilot. Ou encore des oligo-proanthocyanidines (ou OPC), principalement extraits de pépins de raisin ou de pin maritime (Endotelon…), fortement antioxydants. Certains médicaments associent plusieurs de ces substances titrées en flavonoïdes (Daflon, Bicirkan, Cyclo 3 Fort…). D’autres renferment des extraits de plantes entières (Jouvence de l’abbé Soury, Arkogélules Hamamélis, Elusanes Vigne rouge…).

→ La troxérutine (Veinamitol, Rhéoflux, dans Ginkor Fort…) est un dérivé de synthèse, proche de la rutine.

→ Des molécules antioxydantes : vitamines C, E… renforcent l’action protectrice de la paroi des capillaires.

→ L’heptaminol (Ampécyclal, dans Ginkor Fort…), cardiotonique, stimule le retour du sang veineux vers le cœur droit. Il est contre-indiqué en cas d’hyperthyroïdie, d’HTA mal équilibrée et avec les IMAO (risque de poussées hypertensives).

Les compléments alimentaires

→ Des extraits de plantes. Les compléments alimentaires renferment en général des extraits de plantes entières aux propriétés veinotoniques. Les mieux établies pour soulager les symptômes liés aux jambes lourdes et reconnues par l’Agence européenne du médicament sont la vigne rouge, le marronnier d’Inde, le petit houx (ou fragon), le mélilot et l’hamamélis. Cette dernière est également reconnue par l’OMS « pour son usage traditionnel dans le traitement des varices ».

→ Autres. Des antioxydants (vitamines C, E, sélénium, manganèse, cuivre, omega 3…) et/ou des plantes drainantes ou diurétiques pour faciliter le drainage lymphatique et l’élimination rénale d’eau (reine-des-prés, pissenlit…) renforcent l’action.

4 Je choisis

Médicament ou complément  ?

→ L’avantage du médicament est sa formulation reproductible, titrée en principes actifs. Son efficacité et sa tolérance sont bien établies. L’octroi de l’AMM repose sur des études cliniques. Bien tolérés, ils sont fréquemment prescrits en continu.

→ Les compléments alimentaires n’ont en général pas fait l’objet d’études cliniques et les concentrations en actifs peuvent varier. En revanche, par rapport à certains médicaments qui ne renferment que des actifs isolés d’une plante, ils associent plusieurs plantes entières qui contiennent, outre l’actif veinotonique, des substances anti-inflammatoires ou anti-œdémateuses qui participent aussi à l’action. En revanche, il ne faut pas dépasser trois mois de prise continue car leur tolérance est mal établie.

Selon l’état de la personne

→ La femme enceinte : recul suffisant pour diosmine, hespéridine, troxérutine et rutoside. Les compléments alimentaires sont déconseillés faute de recul.

→ Pathologies ou allergies : pas d’heptaminol en cas d’HTA mal équilibrée, d’hyperthyroïdie, d’IMAO. En cas d’allergie aux salicylés ou d’ulcère gastro-duodénal, pas de Reine-des-près (Veinoflux).

Selon la galénique

Certaines références nécessitent une seule prise par jour. D’autres sont à diluer (ampoules…), ce qui peut s’avérer moins pratique en déplacement. Les compléments alimentaires en solution buvable ont souvent un goût prononcé (huiles essentielles, tanins astringents).

5 J’explique

Médicaments ou compléments alimentaires sont des traitements d’appoint pour soulager, mais ne préviennent pas la formation de varicosités ou varices. Les veinotoniques ont une efficacité établie pour soulager les symptômes des jambes lourdes. En revanche, ils n’ont pas prouvé d’effet sur le diamètre des veines et des veinules, contrairement aux bas de compression, d’où leur déremboursement.

6 Je conseille

Modalités de prise

Le plus souvent de façon indépendante par rapport aux repas. En l’absence de recommandation particulière du laboratoire, pour les veinotoniques en une prise journalière, recommandez une prise le midi plutôt que le matin pour optimiser l’action du médicament en fin de journée, où les symptômes sont les plus gênants.

Durée

Le plus souvent, durant vingt jours à un mois, renouvelable si besoin, mais pas plus de trois mois de cure pour les compléments alimentaires. Sur recommandation médicale, les médicaments veinotoniques peuvent si besoin être pris en continu. Ils peuvent également se prendre ponctuellement, lors d’une station debout prolongée, pour soulager « à la demande ».

Hygiène de vie

Des attitudes améliorent la douleur et freinent l’évolution vers les formes sévères :

→ éviter de croiser les jambes en position assise pour ne pas bloquer la circulation ; les surélever le plus possible ;

→ marcher pour faire fonctionner la « pompe veineuse » ; privilégier la natation ou le vélo plutôt que la course ou la tennis ;

→ éviter les bains et les douches trop chaudes ; passer un jet d’eau froide sur les jambes après la douche pour resserrer les vaisseaux et les tonifier ;

→ limiter la prise de poids.

Le contexte

La sensation « jambes lourdes » est liée à un dysfonctionnement du réseau veineux, qui n’assure plus correctement le retour du sang des pieds vers le cœur ; c’est l’insuffisance veineuse.

Origine : les facteurs héréditaires sont les premiers impliqués dans la perte de tonicité des veines et valvules qui n’assurent plus correctement leur rôle, mais d’autres aggravent l’insuffisance veineuse : l’âge (veines et valvules moins toniques), l’excès de poids (les vaisseaux sont fragilisés), l’imprégnation hormonale (grossesse, ménopause, traitements), le mode de vie (manque d’activité physique, piétinement), la chaleur qui dilate les vaisseaux et rend le retour veineux d’autant plus difficile.

Conséquence : le sang stagne dans les veines, d’où la libération de médiateurs inflammatoires locaux qui, à leur tour, entretiennent le phénomène en altérant le bon fonctionnement des valvules. Parallèlement, le système lymphatique, en charge de l’évacuation de l’eau, souffre et sature. D’où les symptômes d’insuffisance : lourdeurs, fourmillements, crampes nocturnes, œdème des chevilles, varicosités, varices, et à des stades plus sévères, troubles trophiques (ulcère veineux).