“Je veux stopper mes irritations intimes”

1 Je questionne

Préciser la demande

« Pouvez-vous me décrire vos symptômes : démangeaisons, rougeurs, sécheresse… ? », « Est-ce récent ? Est-ce la première fois ? » précisent la gêne et son caractère inhabituel afin d’écarter certaines pathologies vulvaires (psoriasis, condylomes…).

« Avez-vous modifié vos habitudes d’hygiène intime ? Appliqué un produit particulier ? Vous êtes-vous épilée ? » recherchent une cause fréquente d’irritation.

Rechercher certains critères

« Pas de brûlures ou de difficultés en urinant ? De pertes vaginales inhabituelles ? De sang dans les urines ? », « Pas de fièvre ? » éliminent une origine infectieuse. Selon le cas, « Êtes-vous ménopausée ? Enceinte ? », « Venez-vous d’accoucher ? » pistent les modifications hormonales générant une sécheresse vaginale inconfortable.

Orienter le choix

« Quel produit utilisez-vous pour votre hygiène intime ? », « Êtes-vous sujette à des infections vaginales (mycose, vaginose…) » et « Utilisez-vous un préservatif durant les rapports sexuels ? » orientent vers des références appropriées.

2 J’évalue

L’inconfort ou les irritations vulvaires sont des symptômes bénins et transitoires lorsqu’ils sont isolés et en lien avec une cause identifiable (voir Contexte). Des produits d’hygiène et des soins intimes adéquats calment l’inconfort et évitent son aggravation. Un avis médical est nécessaire devant des symptômes persistants, comme un prurit, des brûlures ou une gêne importante ou des douleurs lors des rapports sexuels.

3 Je passe en revue

Produits d’hygiène

L’eau est insuffisante pour nettoyer correctement la zone intime et éliminer sébum, traces d’urine, de fèces, de sang, de sperme… Un produit d’hygiène adapté, observant quelques spécificités pour préserver le film hydrolipidique fragile de la zone intime, est nécessaire.

• Critères de choix

→ Base lavante. Éviter les savons, asséchants car ils décapent le film hydrolipidique et irritants du fait d’un pH basique. Préférer un syndet, ou « savon sans savon », dont les bases lavantes sont plus douces et le pH proche de celui de la peau. Certains tensioactifs peuvent être irritants en cas de peau sensible : potassium lauryl sulfate, sodium lauryl sulfate.

→ Agents hydratants et apaisants. Ils sont intéressants pour préserver le film hydrolipidique et diminuer les sensations d’irritation : glycocolle, glycérine, acides gras, calendula, avoine, aloe vera, bardane…

→ Influence du pH. Le pH d’un produit d’hygiène n’influe pas sur le pH vaginal ni sur la flore microbienne, d’autant qu’une toilette intime est une toilette externe. Un produit de pH légèrement acide (4,5 à 5) à neutre (7 à 8), respectant le pH de la peau, convient.

• Dédiés ou pas à l’hygiène intime ?

→ L’usage d’un produit d’hygiène dédié n’est pas impératif. Un gel lavant à base de tensioactifs doux, peu ou pas parfumé et enrichi en agents hydratants, comme ceux destinés aux peaux sensibles ou atopiques, est une option. Exemples : Pain crème nettoyant doux Embryolisse, Pain dermatologique apaisant A-Derma, Gel nettoyant Cold cream Avene, Crème lavante Dermazero Rogé Cavaillès…

→ Un produit spécifique pour hygiène intime remplit en général tous les critères : base lavante douce, agents apaisants, pH acide, via la présence d’acide lactique, à neutre pour ceux à usage quotidien. Exemples : gammes Intima, Saforelle, Rogé Cavaillès, Saugella, Intibiome… ; Gyn-Phy, A-Derma Derm’intim, Hydralin Quotidien… Il existe des références enrichies en corps gras et relipidants contre la sécheresse, en agents antiseptiques (thym…) pour les femmes actives/sportives (fréquentation de piscine, salle de sport, pendant les règles…) ou apaisants en cas d’irritation passagère. Les mousses ne nécessitent pas d’être émulsionnées avec de l’eau avant application et limitent les frottements. Exemples : Saforelle, Saugella…

• Lingettes et déodorants. Pratiques en déplacement, les lingettes nettoyantes, comme tout produit d’hygiène qui ne se rince pas, tel un déodorant, ne sont pas recommandées par les gynécologues car source d’irritation ou d’allergie en usage prolongé, en raison de parfums, huiles essentielles, antibactériens…

Soins à visée apaisante

• Leur action. Ils renferment des agents hydratants ou lubrifiants qui soulagent les tiraillements tels qu’acide hyaluronique, glycérine, allantoïne… et apaisants, anti-inflammatoires et/ou antiseptiques qui calment l’irritation et exercent une légère action anti-infectieuse : glycocolle, bardane, camomille, thym… Exemples : Hydralin Gyn Crème-gel apaisante, Saugella Gel antiseptique naturel et Crème douceur, Saforelle Crème apaisante intime, Jaïlys Apaisant Inconfort intime, Gels intimes bio BeauTerra apaisant et hydratant… Certains sont enrichis en prébiotiques (inuline) ou en probiotiques (lactobacilles). Exemples : Intima Gyn’expert Protect Gel vaginal Prébiotique, Florgynelle Crème protectrice…

• En pratique. Les gels procurent un effet frais qui contribue au soulagement. À appliquer deux à trois fois par jour le temps que l’inconfort disparaisse. Attention, certaines références ne sont pas compatibles avec l’usage de préservatifs.

Soins « barrières » et protecteurs

• Leur action. À base de corps gras ou de vitamine E, émolliente et anti-inflammatoire, ils créent une barrière isolante, qui prévient les irritations liées aux frottements, protègent la muqueuse du chlore ou du sel et favorisent la réparation des tissus de la zone urogénitale ou anale. Exemples : Pommade Deumavan, Vea Olio ou Vea Lipogel, Vagisan Crème protectrice… Certains sont prescrits en post-épisiotomie : Deumavan, Vea Olio…

• En pratique. En prévention ou en cas d’irritation, aussi souvent que nécessaire. Ces références conviennent aux hommes. Selon la quantité de corps gras, il existe un risque de rupture des préservatifs.

4 Je choisis

• En prévention des frottements, de l’humidité, des irritations liées au sel, au chlore, au sport… : un soin barrière.

• En post-rasage ou épilation : un soin apaisant ou barrière.

• En cas d’irritations : un soin apaisant ou barrière et un produit d’hygiène adapté.

• Chez l’homme : un soin barrière et un produit d’hygiène adapté si besoin.

5 J’explique

Un produit d’hygiène adapté, bien utilisé (voir ci-après), évite d’agresser le film hydrolipidique de la peau, qui participe à la protection naturelle des muqueuses intimes. Un soin adapté calme un inconfort bénin et passager mais ne protège pas d’une infection a fortiori sexuellement transmissible.

6 Je conseille

Bons gestes d’hygiène

• Toilette intime. Une toilette quotidienne suffit, éventuellement biquotidienne durant les règles, après le sport, un rapport sexuel… Ne pas mettre les produits directement sur peau sèche, mais les émulsionner avec de l’eau au préalable. Appliquer sur les organes génitaux externes avec la main car gants de toilette et éponges regorgent de micro-organismes, et rincer soigneusement pour éliminer toute trace de tensioactifs. Sécher en tamponnant, sans frotter.

• Bannir la douche vaginale, qui détruit le microbiote et favorise les infections. L’intérieur du vagin « s’auto-nettoie » ; les sécrétions vaginales, blanchâtres, inodores et d’abondance variable selon le cycle physiologique, participent à l’élimination des pathogènes.

• Chez l’homme, ces produits d’hygiène conviennent. Après l’avoir émulsionné avec de l’eau, appliquer le produit sur le pénis décalotté, puis sur toute la zone intime. Bien rincer et recalotter.

Prévention

• Au quotidien. Aux toilettes, apprendre aux petites filles à s’essuyer d’avant en arrière. Préférer des sous-vêtements en coton et confortables. Éviter ou limiter les tissus synthétiques, qui retiennent l’humidité, ou les formes générant des frottements (strings…). Changer régulièrement de protection hygiénique durant les règles.

• En vacances. Se rincer à l’eau claire après une baignade dans la mer ou en piscine pour éliminer le sel ou le chlore. Se sécher systématiquement et ne pas garder sur soi un maillot de bain mouillé.

• En prévention des vulvovaginites. Certains gynécologues proposent aux femmes sujettes aux mycoses ou aux vaginoses l’emploi d’un tampon de probiotiques (Florgynal) avant une séance de piscine pour aider à préserver l’équilibre du microbiote intime. Une cure de probiotiques par voie orale ou vaginale, à insérer le soir au coucher, est également à conseiller. Exemples : Medigyne, Physioflor…

Le contexte

La muqueuse intime et son pourtour sont des zones fragiles. Au niveau de la vulve et de la verge, la peau est fine et humide mais joue un rôle protecteur. Le pH vulvaire est proche de 6 ou 7 au niveau cutané (pubis et lèvres) et devient plus acide à l’entrée du vagin. Les lactobacilles du microbiote vaginal, ou flore de Döderlein, prolifèrent sous l’action des estrogènes et sécrètent de l’acide lactique à partir du glycogène produit par les cellules vaginales, maintenant un pH acide inférieur à 5 qui limite la prolifération de pathogènes. Durant les règles, chez la petite fille ou la femme ménopausée, le pH vaginal est plus élevé, proche de 7.

→ Causes d’irritation. Peuvent déstabiliser le film hydrolipidique cutané : produits d’hygiène ou de soin inadaptés (parfums, savon, antiseptique…), épilation ou rasage, frottements (vêtements, rapports intimes prolongés…), port quotidien de protège-slips, irritations (sel, chlore… aggravent une sécheresse).

→ Symptômes. Surtout tiraillements, picotements, rougeurs, qui doivent alerter s’ils sont accompagnés de signes plus gênants (voir J’évalue).