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Je suis enrhumé

Publié le 1 novembre 2004
Par Florence Bontemps
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Rien de plus banal qu’un rhume. Des traitements locaux et généraux permettent de soulager les symptômes et de limiter les complications.

Symptômes

Les rhumes sont provoqués par plus de 200 virus entraînant un fréquent cortège de symptômes même à l’âge adulte. Nez qui coule, éternuements, nez bouché et sensation de malaise, accompagnés parfois d’un mal de gorge ou d’un peu de fièvre…

On dit qu’un rhume qu’on ne soigne pas dure une semaine tandis qu’un rhume traité dure… sept jours ! C’est vrai. Le rhume est d’origine virale et finit en général par passer tout seul. On peut toutefois apporter un certain confort au malade en soulageant ses symptômes et en évitant les complications.

Traitement local

Trop souvent négligé chez les adultes, le traitement local soulage et permet de limiter le risque de surinfections.

Sérum physiologique

Le lavage des fosses nasales élimine mécaniquement les sécrétions plus ou moins purulentes, riches en virus ou bactéries. Utiliser du sérum physiologique en dosettes ou un spray d’eau de mer. La plupart sont isotoniques, c’est-à-dire qu’ils ont la même concentration en sel que le plasma et les sécrétions nasales. Le lavage de nez peut être pratiqué trois ou quatre fois par jour, voire plus.

Conseil : les sprays hypertoniques (Sinomarin, Meristel) ont l’avantage, même s’ils entraînent parfois des picotements, de créer une vasoconstriction locale par effet osmotique. Ils sont plus concentrés en sel que le plasma, ce qui aspire l’eau des vaisseaux dilatés vers l’extérieur et débouche le nez de manière plus efficace.

Gouttes nasales

Les gouttes nasales sont un complément au lavage des fosses nasales. Celles délivrées sans ordonnance contiennent essentiellement des antiseptiques.

Inhaleurs

Les inhaleurs de poche (Vicks…) contiennent des essences mentholées qui aident à mieux respirer mais leur effet est ponctuel.

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Traitement général

Tous les anti-rhume ne sont pas équivalents. Ils associent – de manière variable – antalgique, antihistaminique et vasoconstricteur.

Antalgiques

Pour soulager les maux de tête et la sensation de malaise, on utilise classiquement l’aspirine, le paracétamol et l’ibuprofène. Le paracétamol est l’antalgique qui possède le moins d’effets secondaires et de contre-indications. L’ibuprofène par ses propriétés anti-inflammatoires, est particulièrement efficace si le rhume est associé à un mal de gorge. Mais il possède des contre-indications, grossesse à partir du sixième mois, ulcère gastroduodénal en évolution…

Antihistaminiques

Les antihistaminiques inhibent les effets de l’histamine particulièrement l’effet vasodilatateur et l’augmentation de la perméabilité capillaire à l’origine de la sensation de nez bouché. On les conseille particulièrement si le rhume est d’origine allergique, mais aussi lorsque le patient souffre d’éternuements ou de nez qui coule clair comme une fontaine. Contre-indications : les troubles de la prostate, car ils peuvent entraîner une rétention urinaire aiguë, et le glaucome à angle fermé. Les antihistaminiques H1 peuvent déclencher chez des sujets prédisposés une crise de glaucome aiguë, se traduisant par une tension rapidement croissante à l’intérieur de l’œil.

Le risque de cécité est réel si le patient n’est pas traité en urgence. Effets secondaires : somnolence, sécheresse buccale, constipation, troubles de l’accommodation. Conseil : ne pas conduire après la prise d’antihistaminique. Supprimer l’alcool pendant le traitement.

Vasoconstricteurs

Les vasoconstricteurs entraînent une construction des vaisseaux sanguins, notamment ceux qui irriguent la muqueuse nasale. Ils tarissent l’écoulement de la « fontaine » nasale. Actuellement, le principal vasoconstricteur utilisé est la pseudoéphédrine. Elle apporte une réelle amélioration de l’état du patient mais doit être utilisée avec prudence car elle possède de nombreuses contre-indications. Contre-indications : troubles de la prostate et glaucome à angle fermé (comme les antihistaminiques), affections cardio-vasculaires (hypertension artérielle sévère ou mal contrôlée, insuffisance coronarienne…), antécédents d’accident vasculaire cérébral, de convulsions et association à la dihydroergotamine. Conseil : arrêter le traitement en cas de palpitations cardiaques, de tachycardie (accélération du cœur), de nausées ou de vomissements.

Quel anti-rhume choisir ?

La première question à poser est : « Avez-vous un problème de santé en dehors de votre rhume ? », ou « Avez-vous un traitement en cours ? ». S’il s’agit d’un patient habituel, vérifier son historique médicamenteux pour d’éventuelles interactions avec chaque médicament couramment utilisé. Les médicaments contre le rhume ne sont pas si anodins. Ils ont de nombreuses contre-indications.

Pas de contre-indication

Votre client n’a pas de pathologie particulière. Il a un gros rhume avec le nez qui coule et se bouche alternativement.

Proposez-lui : un anti-rhume complet associant antalgique, antihistaminique et vasoconstricteur. Pour éviter une somnolence diurne, choisir une formule « jour et nuit » dont seul le comprimé « nuit » contient l’antihistaminique susceptible d’entraîner de la somnolence.

Cas particuliers

Pour faire un conseil efficace en toute sécurité, il faut être vigilant et ne pas conseiller un produit contre-indiqué.

Grossesse et allaitement

Demander systématiquement à toute jeune femme si elle n’est pas enceinte car tous les antirhume sont contre-indiqués en cas de grossesse et la plupart en cas d’allaitement.

Pathologies associées. À partir de la cinquantaine, voire de la quarantaine, si votre client n’est pas un patient habituel, demandez-lui s’il souffre de glaucome à angle fermé et s’il s’agit d’un homme, de troubles de la prostate : les vasoconstricteurs et les antihistaminiques sont formellement contre-indiqués. S’en tenir au traitement local. Renseignez-vous sur l’état cardiaque de votre patient. En cas d’antécédent d’infarctus, accident vasculaire cérébral, de pathologie cardio-vasculaire (regardez son traitement habituel : s’il prend des patchs de trinitrine, des antiarythmiques…), proscrire les vasoconstricteurs.

Enfin, en cas d’antécédents d’ulcère de l’estomac, les anti-inflammatoires (ibuprofène, aspirine) sont déconseillés.

Interactions médicamenteuses. Les anti-inflammatoires (aspirine et l’ibuprofène) sont déconseillés en cas de traitement par anticoagulants. Les vasoconstricteurs sont déconseillés si le patient suit un traitements aux dérivés de l’ergot de seigle (migraine). D’une manière générale, chez un patient prenant plusieurs médicaments, vérifier l’absence de contre-indications.

Evolution

Le rhume guérit spontanément au bout d’une dizaine de jours. Mais l’inflammation provoquée par un rhume peut parfois faire le lit d’une surinfection bactérienne telles une otite chez l’enfant ou une sinusite chez l’adulte. Conseillez une consultation médicale en cas de :

– fièvre durant plus de trois jours,

– douleur des sinus (amplifiée quand le patient penche la tête en avant),

– présence d’autres signes cliniques,

– rhume même sans fièvre, qui dure plus de 10 jours.

Le traitement homéopathique

L’homéopathie est une thérapeutique de choix lorsque les anti-rhume classiques sont contre indiqués, en particulier chez la femme enceinte ou chez les enfants.

Choix du traitement selon les symptômes

Posologie : 3 granules toutes les deux heures, à espacer en fonction de l’amélioration, et compléter par la prise d’oligo-éléments Cuivre-Or-Argent le matin (ampoules Oligosol, comprimés Oligo-essentiels…).

Chez l’enfant

Désinfecter les narines du nourrisson

Tant que l’enfant ne sait pas se moucher, la désinfection nasale est essentielle. Allonger l’enfant sur le dos et tourner sa tête sur le côté. Introduire le sérum physiologique ou le spray d’eau de mer dans la narine supérieure.

Le liquide ressort par l’autre narine. Compléter par l’aspiration des mucosités nasales grâce au mouche-bébé.

Apprendre à l’enfant à se moucher

Pour qu’il se mouche régulièrement et efficacement, proposez-lui par exemple de souffler une narine après l’autre tout doucement « comme une fourmi », puis très fort « comme un éléphant ».

À partir de 6 ans, on peut proposer un antihistaminique (Fervex enfant).

Attention : les vasoconstricteurs sont contre-indiqués avant 15 ans !

Consulter le médecin en cas d’aggravation

Après 4 mois, la plupart des rhumes nécessitent seulement un traitement local… et de la patience.

Les antibiotiques sont inutiles, sauf en cas de complications (otite). Les signes qui doivent inciter à consulter sont :

– une fièvre pendant plus de 48 heures ou supérieure à 39°C,

– un état général qui se détériore : vomissements, diarrhée, signes d’otite…,

– une toux rauque ou une gêne respiratoire,

– un rhume qui traîne plus de 10 jours.

Ce que cachent des rhumes trop rapprochés

Les rhumes, inévitables, permettent à l’enfant de construire peu à peu ses défenses immunitaires. Trop rapprochés, ils doivent cependant faire rechercher une cause particulière :

• Reflux gastro-œsophagien : les remontées acides fragilisent l’arrière-gorge et peuvent parfois expliquer les infections ORL à répétitions.

• Manque de fer : il peut concerner les nourrissons nourris trop tôt (avant un an) au lait de consommation courante.

Les laits spécifiques pour nourrissons sont enrichis en fer.

• Tabagisme passif : si les parents fument, c’est peut-être l’occasion d’arrêter. Au minimum, il faut éviter de fumer en présence de l’enfant.

• Chauffage trop élevé et air trop sec : pas plus de 18°C dans la chambre et humidificateur en cas de chauffage électrique.

• Garde en collectivité. en cas de rhumes à répétition, compliqués d’otites, penser à un autre mode de garde.

À savoir

Le rhume est contagieux, avec un maximum de contagiosité deux jours après le début des symptômes. Pour éviter de contaminer son entourage :

• Se laver les mains souvent à l’eau et au savon.

• Utiliser des mouchoirs jetables (à ne pas laisser traîner).

• Mettre la main devant la bouche en cas de toux ou d’éternuement.