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“Je n’arrête pas de tousser !”

Publié le 1 décembre 2020
Par Nathalie Belin
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1 Je questionne

Préciser la demande

« Depuis quand toussez-vous ? » et « Avezvous d’autres symptômes ? » orientent vers un avis médical. « La toux est-elle sèche, ou grasse avec des sécrétions ? » détermine le choix du produit.

Rechercher certains critères

« Fumez-vous ? », « Toussez-vous dans certaines situations comme la nuit, après le repas, ou à l’effort ? », « Êtes-vous suivi pour une maladie telle que l’asthme ou une bronchite chronique… ? » et « Le médecin vous a-t-il prescrit un nouveau traitement ? » recherchent une cause autre qu’infectieuse. Selon le cas, « Êtes-vous enceinte ? » ou « Quel âge a l’enfant ? » cible le conseil.

2 J’évalue

Souvent secondaire à une infection de type rhinopharyngite, bronchite…, la toux est un réflexe naturel de défense indispensable. Le plus souvent bénigne, y compris chez un nourrisson, elle disparaît en général en quelques jours à quelques semaines. Toutefois, un antitussif peut être utile en cas de toux sèche gênante. Une toux grasse doit être respectée car elle évacue les sécrétions.

Seules les toux d’apparition récente et dans un contexte infectieux bénin sont prises en charge à l’officine. Un avis médical est nécessaire en cas de toux de plus de trois semaines, de difficultés respiratoires, de terrain asthmatique, de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO, voir aussi l’ordo p.72), de fièvre élevée ou persistant plus de deux à trois jours, de sang dans les expectorations.

Dans le contexte actuel, une toux associée à des signes infectieux ORL nécessite d’écarter la Covid-19 en réalisant un test.

3 Je passe en revue

Antitussifs

D’action centrale. Les anti-histaminiques H1 et la pentoxyvérine exposent à des effets indésirables non négligeables et potentiellement graves.

> Anti-H1 sédatifs et atropiniques. Oxomémazine (Humex Toux sèche oxomémazine, Toplexil…) et prométhazine (associée au méglumine benzoate, un mucolytique dans Fluisédal…) inhibent l’action de l’histamine en se fixant sur les récepteurs H1 au niveau de la trachée et des bronches. Peu sélectifs, ils agissent aussi sur d’autres récepteurs, y compris centraux. Indications : à partir de 2 ans. Effets indésirables : de type anticholi nergiques, périphériques, avec sécheresse buccale, constipation, troubles de l’accommodation, risque de rétention urinaire…, et centraux, avec somnolence, confusion, hypotension orthostatique, notamment chez les personnes âgées, ainsi que photosensibilité. Précautions : ne pas associer avec des sédatifs ou de l’alcool, qui majorent la somnolence, et d’autres atropiniques. Ne pas utiliser en cas de risque de rétention urinaire et de glaucome par fermeture de l’angle.

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> Pentoxyvérine. Cet antitussif d’action centrale non opioïde a des propriétés antispasmodiques et des effets atropiniques. Exemples : Clarix Toux sèche pentoxyvérine, Vicks sirop Pectoral… Indications : dès 6 ans selon les références. Effets indésirables : de type anticholinergiques, avec sécheresse buccale, constipation, rétention urinaire, confusion ou excitation…, troubles cardiaques (tachycardie…). Précautions : ne pas associer avec des sédatifs ou de l’alcool, qui majorent la somnolence, et d’autres atropiniques. Contre-indiqué en cas d’insuffisance respiratoire, d’asthme, de risque de rétention urinaire et de glaucome par fermeture de l’angle.

> Oxéladine. Antitussif d’action centrale non opiacé, non antihistaminique (Paxéladine…), indiqué dès 30 mois. Effets indésirables : réactions allergiques avec urticaire, angioedème.

Agissant sur la muqueuse respiratoire.

> Extrait d’Helix pomatia. L’hélicidine (Hélicidine), mucoglycoprotéine extraite de l’escargot de Bourgogne Hel ix pomatia L., aux propriétés bronchorelaxantes, indiqué dès 2 ans. Effets indésirables : allergies.

> Plantes à mucilage. Bouillon blanc – également expectorant -, plantain, mauve, guimauve… contiennent des mucilages adoucissants et émollients qui hydratent et favorisent la « glisse » des sécrétions tout en apaisant les irritations. Elles peuvent s’associer à des plantes antispasmodiques et antiseptiques comme le thym, aussi expectorant, ou à du miel adoucissant dans Azéol Toux (plantain et guimauve)… En pratique : en infusion, environ 10 g de plantes/litre, 1 à 2 g par tasse trois à quatre fois par jour.

> Homéopathie. Drosera en 7 CH si toux de type spasmodique et/ou par quintes aggravée la nuit ou par une atmosphère chaude. Rumex crispus 7 CH si toux aggravée par l’inhalation d’air frais, 3 granules cinq à six fois par jour, à espacer à amélioration. En complexe : Drosera Complexe N° 64 (présence d’alcool, dès 6 ans), Drosetux (avis médical avant 30 mois), Pertudoron (présence d’alcool)…

Fluidifiants

Leur efficacité n’est pas clairement démontrée.

Mucolytiques. Acétylcystéine 200 mg, dès 2 ans selon les spécialités, à 600 mg dès 18 ans : Fluimucil, Exomuc, Mucomyst, MucoDrill… Carbocistéine à 5% chez l’adulte et 2% chez l’enfant dès 2 ans : Bronchokod, Mucoplexil, Humex Expectorant. Ambroxol réservé à l’adulte : Surbronc, Muxol… Effets indésirables : gastralgies, nausées, diarrhées, saignements gastro-intestinaux. Sous ambroxol, des réactions d’hypersensibilité graves sont décrites. Toute éruption cutanée évolutive conduit à interrompre le traitement. Précautions : prudence en cas d’ulcère gastroduodénal ou d’antécédents.

Autres expectorants.

> Guaïfénésine, gaïacol, sulfogaïacol, terpine, benzoate de sodium… dans Euphonyll Expectorant, Pulmofluide, Terpine Gonnon, Vicks Expectorant miel, Passedyl enfants et nourrissons, Bronchodermine suppositoires… En pratique : réservés à l’adulte, sauf le sirop Passedyl. Précautions : certaines références sont associées à des huiles essentielles aux dérivés terpéniques à visées antiseptique et décongestionnante (cinéole, eucalyptol, camphre, niaouli…), et nécessitent donc des précautions (voir plus loin Huiles essentielles). Tenir compte de la présence d’alcool dans de nombreuses formules. Prudence en cas d’ulcère gastrique.

> Plantes. Le lierre grimpant, aux propriétés expectorantes et antispasmodiques (Lierre Grimpant Conseil…), est indiqué dès l’âge de 2 ans.

Le marrube blanc, la grindélia, la réglisse sont traditionnellement utilisés pour faciliter l’évacuation des mucosités bronchiques, ainsi que les extraits de thym, bourgeons de pin ou de sapin. Ces plantes ont aussi des propriétés antispasmodiques et adoucissantes, calmant les muqueuses irritées. Exemples : Arkogélules Marrube blanc, Azéol Sirop, Coquelusédal suppositoires…

> Homéopathie. Coccus cacti ou Antimonium tartaricum, ou si mucus épais jaune verdâtre, Kalium bichronicum. En complexe : Kreosotum complexe N° 62 (à partir de 15 ans, présence d’alcool)…

Mixtes

Phytothérapie. Plantain, pin sylvestre, thym…, certaines plantes sont utilisables dans les toux sèches ou productives. De nombreuses huiles essentielles (HE) ont à la fois une action anti-inflammatoire, antiseptique et stimulante de l’activité mucociliaire : cyprès toujours vert, eucalyptus radié ou globuleux, romarin à 1,8-cinéole, myrte rouge, pin sylvestre… Beaucoup renferment des dérivés terpéniques. Exemples : Sirop bronches Phytosun arôms, Sirop voies respiratoires Pranarôm, Olioseptil Gélules bronches… Les inhalations d’huiles essentielles aident aussi à fluidifier les sécrétions bronchiques. Précautions des HE : en général, pas avant 6 ans pour les sirops ou gélules. Les inhalations sont contre-indiquées avant 12 ans. Prudence en cas d’antécédents de convulsions, de terrain allergique, étant elles-mêmes potentiellement allergisantes. Contre-indiquées lors de la grossesse ou de l’allaitement.

Dispositifs médicaux. Des complexes mucoadhésifs aux propriétés émollientes et lubrifiantes sont proposés en cas de toux sèche ou grasse. Ils sont à base de glycérol, d’acide hyaluronique ou de mucilages, de polysaccharides ou de résines issus de mélèze, plantain, réglisse, lierre, grindélia… Certains renferment des extraits de plante (thym…), du miel ou parfois des huiles essentielles ou de la propolis. Exemples : en solutions buvables (Phytoxil Toux, ArkoToux, Humer Toux, Clariver Toux, Belivair Toux…), spray (Hexatoux…), comprimés (GrinTuss Adult…). Les limites d’âge vont de 6 mois (Pediakid Toux sèche & grasse…), 1 ou 2 ans (Naturactive Sirop aux essences…) et jusqu’à 18 ans (Clariver Toux nocturne adultes…). Précautions : vérifier la composition. La présence d’huiles essentielles implique des précautions. La propolis n’est pas recommandée en cas d’allergie aux pollens ou de prédispositions aux allergies en général ou à l’asthme.

Homéopathie. Stodal (présence d’alcool, avis médical avant 2 ans), Stodaline sans sucre (avis médical avant 2 ans)…

Je choisis

En fonction des symptômes.

Toux sèche : hélicidine, plantes ou dispositifs médicaux ou homéopathie.

Toux sèche à prédominance nocturne : anti-H1 en l’absence de contre-indications et en mettant en garde contre le risque de somnolence.

Toux grasse : fluidifiants conventionnels (acétylcystéine…) en l’absence d’ulcère gastroduodénal, plantes, homéopathie ou dispositifs médicaux.

En fonction du patient

Personnes âgées, troubles urétroprostatiques : pas d’anti-histaminiques H1, ni de pentoxyvérine.

Asthme ou insuffisance respiratoire : pas de pentoxyvérine.

Antécédents de convulsions : pas de dérivés terpéniques.

Diabète : privilégier des formes sans sucres ou des comprimés.

Grossesse, sevrage alcoolique : sirop sans alcool, homéopathie.

J’explique

Le plus souvent, des mesures hygiénodiététiques suffisent. Les antitussifs ne sont pas indispensables. Ils n’ont qu’une efficacité symptomatique limitée et sont à réserver aux situations très gênantes, comme une toux nocturne nuisant au sommeil…

Ne pas prendre simultanément un antitussif et un fluidifiant bronchique, illogique. En revanche, il peut être nécessaire d’adapter le traitement selon l’évolution de la toux.

Je conseille

Modalités de prise

Pas plus de cinq jours de prise d’une manière générale, sept à dix jours pour les mucolytiques : acétylcystéine, carbocistéine. Sous anti-H1, attention à la somnolence en conduisant, éviter l’alcool et de se mettre au soleil. Ne pas manger ni boire dans les 30 minutes suivant la prise des dispositifs médicaux.

Améliorer le confort

Boire régulièrement calme l’irritation et aide à fluidifier les sécrétions. Sucer des pastilles active la salivation, lubrifie le rhinopharynx et apaise l’irritation. Privilégier les références sans sucre en cas de risque carieux ou de diabète.

Humidifier l’air car un air sec assèche les muqueuses et augmente l’inconfort. Ne pas surchauffer les pièces, température de 18 à 20 °C maximum. Faire sécher du linge dans la pièce ou poser un récipient d’eau chaude sur ou à proximité d’un radiateur permet d’humidifier l’air… Faire des lavages de nez pour humecter les fosses nasales et l’arrière-gorge et pour évacuer les sécrétions, qui peuvent déclencher la toux.

Éviter l’exposition à la fumée du tabac, irritante, et ne pas fumer à l’intérieur, surtout en présence d’enfants.

Dormir la tête surélevée en cas de toux grasse limite l’encombrement bronchique.

Limiter la transmission

Renforcer les gestes barrières : port du masque, toux dans le pli du coude, mouchoirs en papier à jeter dans une poubelle fermée, lavage fréquent des mains. Éviter également tout contact avec des personnes fragiles : âgées, immunodéprimées, nourrissons…

Le contexte

La toux est un réflexe naturel de défense de l’organisme qui sert à drainer les voies respiratoires. Elle peut être sèche ou, en présence de sécrétions muqueuses, grasse, dite aussi productive. Elle est aiguë si elle dure moins de trois semaines.

> Origine virale le plus souvent liée à une infection respiratoire bénigne : rhinopharyngite, bronchite, trachéite…

> Autres causes : facteurs environnementaux (tabagisme, poussières, irritants…), infection bactérienne (coqueluche…), respiratoire basse, rhinite allergique ou asthme, BPCO, reflux gastro-oesophagien avec une toux nocturne ou en période post-prandiale, cardiopathie, médicaments, dont les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC), plus rarement sartans, bêtabloquants…, corps étranger inhalé, notamment chez le nourrisson ou le jeune enfant, origine psychogène.

En cas de grossesse

Selon le Centre de référence sur les agents tératogènes (www.lecrat.fr), la codéine et le dextrométhorphane sont les antitussifs les mieux connus et à privilégier si besoin chez la femme enceinte, quel que soit le terme de la grossesse. En cas de toux grasse et si un fluidifiant est nécessaire, l’acétylcystéine peut être privilégié. Pas de données publiées chez des femmes enceintes exposées à l’hélicidine, mais aucun élément inquiétant signalé à ce jour.

Faute d’évaluation, les plantes ne sont pas recommandées et les huiles essentielles sont contre-indiquées. Certains dispositifs médicaux sont utilisables lors de la grossesse.

Chez le nourrisson

La toux est fréquente, souvent associée à une infection respiratoire des voies aériennes supérieures, et peut persister plusieurs semaines. Un avis médical s’impose devant des signes de gravité : fièvre élevée ou mal supportée (enfant « abattu »), alimentation difficile, par exemple avec refus, fausses-routes…

> En pratique : respecter le réflexe de toux pour éviter tout encombrement bronchique. Les fluidifiants peuvent aggraver l’encombrement. Antitussifs et mucolytiques sont contre-indiqués avant 2 ans et les suppositoires avec dérivés terpéniques sont contre-indiqués avant 30 mois.

> Mesures préconisées : désobstruction rhinopharyngée avec hygiène nasale, mouche-bébé, couchage sur le dos en position surélevée en glissant un coussin sous le matelas, hydratation suffisante, température maximale de la chambre à 19-20 °C, humidification de l’air.