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« Je me sens anxieux »

Publié le 1 mai 2010
Par Héloïse Rambert
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Seuls les états anxieux mineurs et transitoires sont du ressort officinal. Associées à une bonne hygiène de vie, les médecines douces peuvent soulager la nervosité et favoriser la détente.

La plainte au comptoir

L’anxiété est un état émotionnel désagréable, proche de la peur, survenant en réponse à une menace potentielle ou une situation anxiogène (licenciement, maladie…). Elle s’accompagne d’une sensation de malaise, d’impuissance face à ce danger et de manifestations physiques (sueurs, tremblements, pâleurs, accélération des rythmes cardiaques et respiratoires). Si l’anxiété est une réaction normale et utile en réponse à un danger identifiable, elle devient pathologique si elle apparaît sans raison ou quand ses manifestations envahissent le quotidien et deviennent invalidantes.

Cibler la prise en charge

Seule l’anxiété légère relève du conseil officinal, à condition d’être liée à un événement précis (peur d’un examen, deuil récent, trac avant de parler en public…) et sous réserve de ne pas handicaper la vie du patient. Elle doit être limitée dans le temps, rationnelle, d’intensité modérée et surmontable. L’anxiété généralisée, sans cause précise, ou disproportionnée par rapport à la cause (crise d’angoisse, panique) nécessite une consultation médicale.

Conduite de l’interrogatoire

« Que ressentez-vous ? » « Quelles sont les répercussions de votre anxiété dans votre quotidien ? » apprécient l’intensité du trouble. « Depuis combien de temps vous sentez-vous anxieux ? » et « La qualité de votre sommeil est-elle affectée ? » peuvent éliminer une éventuelle dépression sous-jacente. « Quelle est selon vous la cause de votre malaise ? » distingue une anxiété pathologique et une anxiété réactionnelle banale et transitoire. « Suivez-vous un traitement ? » suspecte une anxiété induite par certains médicaments telle la varénicline (Champix).

Expliquer la démarche

Le traitement est une aide pour affronter plus sereinement les causes de son anxiété et en réduire les manifestations physiques. Si après deux semaines de traitement, les symptômes persistent ou s’aggravent, une consultation médicale s’impose. Elle permettra de mieux identifier la nature du trouble et, éventuellement, d’instaurer un traitement médicamenteux (antidépresseurs, anxiolytiques) et/ou une psychothérapie.

Les traitements

Phytothérapie

La phytothérapie peut être préconisée comme traitement de fond de l’anxiété légère. Certaines plantes sont utilisées pour réduire la nervosité et améliorent le bien-être diurne et la qualité du sommeil. Administrées sous forme de tisanes, de gélules d’extraits secs, de teinture-mère ou de spécialités, les prises sont réparties sur la journée, en trois ou quatre fois, avec la dernière 30 minutes avant le coucher en cas d’insomnie. Parmi les plantes anxiolytiques qui ont fait leur preuve : valériane, passiflore et pavot de Californie. Des plantes sédatives sont traditionnellement utilisées dans l’anxiété, bien que leur efficacité n’ait pas été démontrée, et peuvent s’associer avec les plantes anxiolytiques : ballote noire, aubépine et mélisse.

• La valériane (Valeriana officinalis, organes souterrains). Efficace pour traiter l’agitation nerveuse, l’anxiété et les troubles du sommeil. C’est la plante de choix chez l’anxieux avec tendance à l’agressivité et sujet aux tensions musculaires.

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• La passiflore (Passiflora incarnata, parties aériennes). À conseiller dans le traitement de l’anxiété accompagnée de tachycardie. Par ailleurs, elle présente une utilité dans le sevrage aux opiacés et aux benzodiazépines.

• Le pavot de Californie (Eschscholtzia californica, parties aériennes). Activité anxiolytique moindre que les précédentes mais intéressante en cas d’émotivité.

• La ballote noire (Ballota nigra, sommités fleuries). Outre son action calmante, ses vertus antispasmodiques permettent de soulager les somatisations digestives (crampes, ballonnements). Si ses propriétés pharmacologiques ont été démontrées, la ballote contient des éléments qui pourraient être toxiques pour le foie. Déconseillez donc un usage prolongé.

• L’Aubépine (Cratægus lævigata, fleurs, sommités fleuries). En cas de tachycardie d’origine anxieuse.

• La Mélisse (Melissa officinalis, feuilles). À conseiller en cas de somatisation digestive.

Les spécialités comme Spasmine, Plenesia, Euphytose ou Sympavagol permettent d’associer plusieurs de ces plantes et de couvrir ainsi les différentes manifestations de l’anxiété.

Les plantes anxiolytiques et sédatives ne doivent pas être associées à d’autres dépresseurs du SNC sans avis médical.

Homéopathie

Le choix des souches homéopathiques se fait en fonction de la symptomatologie et de la cause des troubles anxieux.

• Gelsemium. Particulièrement en cas de trac lorsqu’il inhibe le patient : une dose en 15 CH la veille et le matin de l’épreuve, 3 granules en 9 CH juste avant.

• Ignatia. En cas d’anxiété associée à un sentiment de tristesse et de découragement : 3 granules en 9 CH au lever et au moment des troubles.

• Chamomilla. En cas de nervosité accompagnée d’une irritabilité et d’agitation : une dose en 9 CH ou 12 CH.

Les spécialités Zenalia, Sedatif PC ou Dolirelax associent plusieurs souches contre la nervosité.

Aromathérapie

Rappelez les limites d’utilisation des huiles essentielles. Sauf avis contraire d’un médecin, elles sont déconseillées chez la femme enceinte et allaitante, les enfants de moins de 30 mois et les épileptiques. En cas de stress ou d’anxiété, conseiller les huiles essentielles de :

• Camomille noble (Chamaemelum nobile, herbe fleurie). Particulièrement en cas de choc émotionnel.

• Lavande vraie (Lavandia angustifolia). Pour son action antispasmodique puissante ainsi que pour ses actions sédative et antidépressive.

• Petit grain bigarade (Citrus aurantium). Il permet d’agir contre les palpitations et les spasmes musculaires d’origine nerveuse.

En pratique. En usage interne : 2 gouttes dans du miel, de l’huile d’olive ou du sucre de canne, deux à trois fois par jour. En usage externe : appliquer 3 gouttes d’huile essentielle de lavande vraie ou de petit grain bigarade sur la voûte plantaire, la face interne des poignets, le plexus solaire (à répéter si besoin). Conseiller plutôt l’huile essentielle de camomille noble en application sur le plexus solaire ou de part et d’autre de la colonne vertébrale, à raison de 2 gouttes deux fois par jour.

Hygiène de vie

Se relaxer

Certaines pratiques (yoga, respiration profonde…) favorisent la détente et améliorent la qualité de vie. L’exercice physique contribue à apaiser l’anxiété et améliore la qualité du sommeil.

Limiter certains produits

La caféine et l’alcool sont des excitants favorisant l’anxiété et altèrant la qualité du sommeil. Consommer le café uniquement le matin et en début d’après-midi. Limiter l’alcool à 2 verres par jour. De manière générale, incitez à respecter une bonne hygiène alimentaire.