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- “J’ai un bouton sur la paupière”
1 Je questionne
Précisez le trouble
« Depuis combien de temps ? », « Est-ce la première fois ? » et « Avez-vous déjà essayé un traitement ? » cernent la demande du patient.
Evaluez les symptômes
« Ressentez-vous une vive douleur ? », « La lumière vous gêne-t-elle ? », « Est-ce que votre vue a baissé ? » et « Avez-vous reçu quelque chose dans l’œil ? » : une seule réponse positive à ces questions impose une consultation en urgence.
Demandez aussi : « Est-il basé sur un cil ? » et proposez de regarder pour évaluer la prise en charge.
Recherchez d’éventuels facteurs favorisants
« Portez-vous des lentilles ? » et « Prenez-vous d’autres traitements par voie oculaire ? » affinent vos conseils.
2 J’évalue
L’orgelet et le chalazion sont des tuméfactions – augmentations de volume – bénignes des paupières. L’orgelet est un furoncle à la base d’un cil, le chalazion est une boule de graisse dans la paupière (voir encadré Le contexte).
Les orgelets simples, datant de moins d’une semaine et non récidivants peuvent être pris en charge à l’officine. Face à un chalazion, mieux vaut orienter vers un médecin, d’autant plus s’il est gros et récidivant. « Le traitement médical est efficace dans les premiers jours, explique le Dr Claude Elmaleh, ophtalmologiste et membre de la Société française d’ophtalmologie. Souvent, après seulement une semaine, le chalazion est déjà enkysté ».
En attendant la consultation, qui ne présente pas d’urgence, des conseils peuvent être prodigués. Pour la première visite, un généraliste suffit. En cas de persistance des symptômes malgré un traitement bien suivi, consulter un spécialiste.
En revanche, orienter en urgence vers un ophtalmologue en cas de « oui » aux questions (voir Je questionne).
3 Je passe en revue
Orgelet ou chalazion, le conseil officinal est assez proche : application de chaleur sur les paupières, suivie d’un lavage et d’un éventuel collyre antiseptique en attendant de consulter pour une prescription de collyres anti-infectieux et anti-inflammatoire.
Application de chaleur
• Pourquoi ?
→ Chalazion : la chaleur aide à fluidifier et à drainer la glande obstruée. « C’est le conseil le plus efficace et le moins dangereux que l’officinal peut donner », explique le Dr Claude Elmaleh. Il déconseille de le masser car « le chalazion pourrait être infecté ». Pour le Dr Marc Timsit, ophtalmologue, « vouloir extraire la graisse d’un chalazion par le massage est illusoire. Non seulement, ce n’est pas vraiment efficace mais, en plus, c’est douloureux. Le massage sera surtout recommandé en prévention en cas de chalazions à répétition ».*
→ Orgelet : l’application de chaleur accélère parfois la guérison et soulage lorsque l’orgelet est « mûr » – purulent – en favorisant l’évacuation du pus. « Ensuite, on peut tenter de faire sortir le pus en pressant légèrement dessus mais à condition de bien nettoyer l’œil par la suite, préconise le Dr Marc Timsit. Par contre, cela est peu utile s’il n’est pas mûr ».
• Comment ?
→ Compresses pas forcément stériles, gant/linge de toilette propre imbibé d’eau chaude du robinet.
→ Masques chauffants. Thera Pearl (Bausch & Lomb) est une compresse plastique micro-ondable, flexible avec élastique de maintien contenant des perles de polymères sphériques qui absorbent la chaleur – ou le froid – et la restituent pendant vingt minutes. Placer dans le micro-ondes 10 à 15 secondes selon le nombre de watts (lire la notice). La durée d’action est de 20 minutes. Précaution : tester la température avant emploi ; pas plus de 20 minutes de pose, et attendre au moins 20 minutes avant d’appliquer à nouveau si nécessaire. Ne pas utiliser chez le nourrisson.
→ Lunettes chauffantes : Blephasteam (Thea) est un dispositif médical à chaleur humide.
Masques et lunettes s’utilisent chez l’enfant sous surveillance et après avis médical.
Lavage et antisepsie
• Le lavage oculaire nettoie l’œil du pus, sébum, etc. et réduit la population infectieuse par action mécanique.
Les solutions oculaires avec chlorure de sodium à 0,9 % seul ou avec borate de sodium et/ou salicylé légèrement antiseptiques et astringentes soulagent l’irritation. Stériles et isotoniques, à la différence de l’eau du robinet qui fait « mal » sur l’œil, elles sont bien tolérées. Exemples : borate de sodium/borax dans Dacryoserum, Dacryum, Dacudoses, Stéridose ; eau distillée d’hamamélis + chlorobutanol + acides borique et salicylique + éthanol dans Optrex, Dos’Optrex ; acide salicylique dans Ciella…
• Les antiseptiques visent à contenir l’infection ou à prévenir une surinfection mais leur utilité est mise en doute par le Dr Timsit : « Je ne suis pas sûr que cela soit efficace. On ne peut pas traiter un staphylocoque avec un antiseptique. Et un chalazion est inflammatoire. On peut le conseiller en attendant la consultation, mais il n’y a pas de miracle à attendre ».
Choisir des antiseptiques actifs sur les bactéries Gram +, dont le staphylocoque : céthexonium (Biocidan), cétylpyridinium (Novoptine) ; la picloxydine, un biguanide (Vitabact), et l’hexamidine un diamidine plutôt bactériostatique (Désomédine)… À savoir : ne pas utiliser au long cours.
• Précautions : le chlorure de benzalkonium, excipient à effet notoire (dans Dacryoserum), et autres ammonium quaternaires (dans Biocidan, Novoptine) tolèrent mal le port de lentilles de contact souples (hydrophiles) pendant le traitement en raison d’un risque d’adsorption sur les lentilles et d’intolérance locale, mais elles sont de toute façon déconseillées (voir Je conseille).
4 Je choisis
Selon les signes cliniques
Sur chalazion et sur orgelet purulent, la chaleur est indiquée.
Selon la praticité et le coût
Une solution de lavage oculaire contenant un léger antiseptique est plus pratique, les unidoses sont moins à risque de contamination. Les masques conservent la chaleur plus longtemps et leur usage s’avère plus aisé, notamment en cas de chronicité.
5 J’explique
En général, l’orgelet et le chalazion guérissent tout seuls. En l’absence d’amélioration de l’orgelet dans les deux à trois jours qui suivent le début du traitement, il faut consulter un ophtalmologue ou le médecin généraliste, selon les disponibilités.
Pour le chalazion, consulter afin de prévenir le risque qu’il s’enkyste grâce à un traitement antibiotique et/ou anti-inflammatoire.
5 Je conseille
• Se laver les mains avant les soins pour éviter toute surinfection ou propagation de l’infection.
• Application de chaleur deux à quatre fois par jour sur les paupières, œil fermé, pendant quinze à vingt minutes. Repasser le linge ou la compresse sous l’eau très chaude plusieurs fois pour le/la maintenir à température élevée.
• Lavage oculaire : le faire directement par jet, en retournant le flacon et en appuyant légèrement dessus. Ne pas mettre en contact l’embout du flacon avec la surface de l’œil ou les paupières. Essuyer l’excédent avec une compresse, de coton hydrophile ou un linge propre.
• Instiller le collyre : tête droite, tirer la paupière inférieure vers le bas avec l’index ou le pouce, ce qui évite d’exercer une pression sur le globe oculaire. Regarder vers le haut, ce qui expose le cul-de-sac inférieur, et y laisser tomber la goutte. À savoir : l’œil ne contient que trois quarts de goutte ; si on en met deux, une goutte un quart tombe sur la joue ! Respecter trois à quatre minutes minimum entre lavage et collyre pour qu’il soit résorbé, la durée de traitement, six jours en général, ainsi que les modalités de conservation.
• Hygiène : ne pas toucher ni percer le chalazion ; ne pas se frotter l’œil ni toucher à l’orgelet pour éviter sa propagation. Durant le traitement, proscrire au maximum maquillage et lentilles : « Dans le cas du chalazion, inflammatoire, le patient les remettra une fois le problème résolu, mais dans l’orgelet, infectieux, mieux vaut les changer et en mettre une nouvelle paire après le traitement », explique le Dr Timsit. En profiter pour rappeler les règles d’hygiène avec des lentilles : se laver les mains avant la pose, ne pas les rincer sous l’eau, etc.
Avec l’aimable participation de l’ophtalmologiste Claude Elmaleh, membre de la Société française d’ophtalmologie, et de Marc Timsit chirurgien ophtalmologiste, rédacteur du site Ophtalmologie.fr
Le contexte
→ L’orgelet, ou « compère-loriot », est une infection d’un follicule pilosébacé situé à la base d’un cil, le plus souvent due à un staphylocoque ; c’est un furoncle.
→ Le chalazion est une tuméfaction inflammatoire bénigne liée à l’obstruction d’une ou plusieurs glandes de Meibomius, empêchant ainsi l’évacuation du sébum, irritant. Ces glandes sébacées, au nombre de vingt-cinq à trente et situées dans les paupières, sécrètent une substance lipidique, ou meibum, s’intégrant aux larmes pour éviter leur évaporation au contact de l’air. Leur contenu se déverse par des orifices placés sur le bord libre des paupières.
→ Les symptômes sont proches au début : paupière rouge, œdème, douleur…Puis, le chalazion se développe à distance du bord libre de la paupière, vers l’intérieur de l’œil, côté conjonctival, ou vers l’extérieur, côté cutané. La tuméfaction devient ensuite indolore. L’orgelet se déploie sur le bord de la paupière, au niveau d’un cil et reste sensible au toucher. Un point blanchâtre rempli de pus peut croître en son centre puis se rompre seul en deux à quatre jours.
→ Évolution : l’orgelet non traité évolue en général favorablement en quelques jours, mais le chalazion nécessite quelques semaines ou mois, avec un risque d’infection et/ou d’enkystement.
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