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“J’ai un bouton de fièvre qui arrive !”

Publié le 26 juin 2020
Par Nathalie Belin
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1 Je questionne

Préciser la demande

« Pouvez-vous me décrire les symptômes ressentis ? » et « Avez-vous souvent des poussées ? » confirment le diagnostic et estiment la fréquence des récidives.

En cas de plus de trois à quatre poussées par an et/ou particulièrement douloureuses ou gênantes : « En avez-vous parlé à votre médecin ? » permet de conseiller une consultation. « Avez-vous une maladie particulière ? » recherche une immunodépression, source de sévérité.

Rechercher certains critères

« Comment vous traitez-vous habituellement ? », « Est-ce efficace ? » et « Avez-vous déjà pris ou utilisé quelque chose pour soulager cette poussée ? » font le point sur les traitements généralement employés, leur efficacité et/ou leur bon usage.

« Y a-t-il des personnes fragiles dans votre entourage, comme des bébés, des personnes malades ou enceintes ? » permet de sensibiliser et de rappeler les gestes de prévention.

2 J’évalue

L’herpès labial, ou bouton de fièvre, est une affection bénigne chez les personnes immunocompétentes. Une poussée est toutefois inesthétique, douloureuse et très contagieuse. Le patient fait en général le diagnostic. La prise en charge est du ressort du conseil officinal pour orienter vers un traitement adéquat et rappeler comment limiter le risque de transmission à son entourage.

Un avis médical est nécessaire en cas de doute sur le diagnostic, notamment lors d’une première poussée, pour différencier d’un impétigo…, en présence d’une immunodépression sous corticothérapie, anticancéreux…, ou si les symptômes ne s’améliorent pas après une semaine.

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3 Je passe en revue

Médicaments antiviraux

Leur efficacité est modeste mais ce sont les traitements les mieux évalués.

• Formes topiques : aciclovir, docosanol. Leur efficacité est modeste mais, utilisés dès les premiers symptômes d’une poussée, ils peuvent en diminuer la durée, voire l’interrompre selon les retours de patients. Ils ne diminuent pas les douleurs. Appliqué dans les douze heures après le début des picotements, l’aciclovir raccourcit la durée d’évolution des lésions d’un à deux jours, et le docosanol d’environ un jour. Effets indésirables : picotements, brûlures transitoires. Rares réactions allergiques, avec augmentation des rougeurs, brûlures…

• Voie orale ou bucco-gingivale : valaciclovir (Zelitrex 500 mg), aciclovir en comprimé bucco-gingival (Sitavig). Sur prescription, ces traitements se prennent au plus vite, dès les premiers symptômes de la poussée, et même dans l’heure suivant l’apparition des picotements pour l’aciclovir en comprimé gingival. Selon La Revue Prescrire, les antiviraux oraux raccourcissent d’environ un jour la durée d’une poussée. Les études montrent une efficacité du même ordre pour l’aciclovir bucco-gingival. En pratique. Valaciclovir 500 mg : 2 g, soit 4 comprimés au plus vite, suivis de 2 g douze heures plus tard. Sitavig : 1 comprimé dans l’heure suivant les premiers signes, à appliquer contre la gencive supérieure, au-dessus d’une incisive ou contre la lèvre supér ieure. Le compr imé adhère à la muqueuse et diffuse le principe actif sur plusieurs heures. À laisser en place au moins six heures, sinon le remplacer. Alimentation et boissons sont possibles, mais pas de chewing-gums ni de brossage de dents le jour du traitement. À savoir : valaciclovir et aciclovir par voie orale sont aussi indiqués en prévention des récurrences gênantes d’herpès labial fréquentes, plus de six par an. Le traitement est réévalué après six à douze mois.

Phytothérapie à visée antivirale

• Un extrait de mélisse en application locale réduit les symptômes et accélère la guérison. Son usage dans ce contexte est reconnu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

• Le sureau noir et les noix de cyprès ont des propriétés antivirales démontrées in vitro sur le virus de l’herpès HSV1. L’extrait fluide de cyprès s’utilise également par tamponnement sur les lésions.

• L’association cyprès et échinacée, aux propriétés immunostimulantes qui potentialisent l’action antivirale du cyprès par voie orale, est proposée lors de poussées d’herpès labial ou en prévention des récidives fréquentes, à raison d’une demi-cuillère à café par jour d’extrait fluide (EPS) de chaque plante quinze jours par mois. L’association du cyprès au sureau et au réglisse, aux propriétés antivirales et antiinflammatoires, est utilisée en prévention.

• Des huiles essentielles (HE) de niaouli, ravintsara, arbre à thé, aux propriétés antivirales reconnues, sont traditionnellement utilisées en application locale au cours d’une poussée d’herpès labial. En choisir une, l’appliquer avec un coton-tige cinq fois par jour ou plus. En cas de sensation de brûlure, la diluer dans une huile végétale à raison de deux gouttes d’HE dans une goutte d’huile végétale. Des huiles essentielles telles que thym à thymol, eucalyptus citronné, citronnier, à visée antibactérienne, ou lavande, ciste, menthe poivrée, à visées antalgique et cicatrisante, sont souvent associées aux précédentes dans les « solutions conseil ».

• Précautions : par voie orale ou locale, ne pas utiliser chez la femme enceinte. Le réglisse est contre-indiqué en automédication en cas d’hypertension artérielle et d’hypokaliémie. Les HE ne sont pas recommandées avant 7 ans ni en cas d’antécédents de convulsions ou d’asthme.

Autres substances

• Sels de zinc : selon une étude clinique, ils pourraient réduire l’intensité des symptômes et raccourcir la durée d’une poussée.

• Propolis : ce produit naturel fabriqué par les abeilles à partir de résines est utilisé pour ses propriétés antimicrobiennes, immunostimulantes et cicatrisantes dans différentes infections, dont le bouton de fièvre, mais sans efficacité démontrée. Une étude clinique montre néanmoins l’intérêt d’une pommade dans l’herpès génital. Exemples : Prozalips, Extrait de propolis bio Ladrôme…

• Les antiseptiques. L’alcool, irritant, entrave la cicatrisation, voire peut aggraver les lésions et augmenter les douleurs. La chlorhexidine aqueuse est indiquée si une surinfection des lésions est crainte.

Protecteurs et cicatrisants

Pansements ou solutions filmogènes isolent les lésions d’herpès et limitent le risque de contagion. Ils maintiennent également localement un environnement favorable à la cicatrisation, qui s’effectue sans apparition de croûte, et aident à limiter les sensations de démangeaisons et les brûlures.

• Pansements. À base d’hydrocolloïde ou d’acide hyaluronique, ils favorisent l’hydratation et les processus de cicatrisation.

• Filmogène. Un dérivé cellulosique forme un film protecteur isolant les lésions. Les autres composants – acide carboxylique, huile végétale… – créent un environnement défavorable à la multiplication virale.

4 Je choisis

Selon l’évolution

• Symptômes apparus depuis moins de douze heures : aciclovir en crème ou docosanol, +/- plantes par voie orale.

• Symptômes depuis plus de 12 heures : plantes/huiles essentielles et/ou protecteurs (pansements ou filmogènes), +/- plantes par voie orale.

• Sensation de brûlures/douleurs importantes : pansement ou filmogène en plus d’un antalgique, paracétamol en première intention.

Selon l’efficacité lors d’une précédente poussée

• Échec ou intolérance de l’aciclovir crème : solution antivirale naturelle.

• Échec d’une solution naturelle : en changer.

5 J’explique

Aucun produit n’est à coup sûr efficace sur un bouton de fièvre. Toutefois, plus on agit rapidement dès les premiers signes, plus on limite la prolifération virale, voire on l’enraye, mais en tout cas, la cicatrisation est améliorée.

Les traitements n’éradiquent pas les virus latents. Ils n’empêchent donc pas les récidives de se produire.

Consulter en l’absence d’amélioration après cinq à sept jours de traitement.

6 Je conseille

Applications

• Quelle que soit la solution choisie, la débuter au plus vite, avant même que les vésicules apparaissent, c’est-à-dire dès les premières sensations de picotements et de démangeaisons, et jusqu’à la cicatrisation.

• Solutions antivirales non médicamenteuses : appliquer plusieurs fois par jour sur la peau propre et sèche, en se lavant les mains avant et après chaque utilisation pour éviter toute contamination.

• Pansements et filmogènes : le filmogène doit être renouvelé de façon régulière.

Changer le pansement quotidiennement ou dès qu’il se détache. Il est possible d’appliquer un peu de fond de teint ou de rouge à lèvres sur le pansement ou le filmogène une fois qu’il est sec.

• Pansement + solution antivirale : attendre que la crème, le gel ou l’huile essentielle ait bien séché avant d’appliquer le pansement.

• Ne pas appliquer un filmogène sur une crème ou un gel, au risque d’une mauvaise tenue.

Éviter la transmission

• Ne pas percer les vésicules remplies de liquide, car elles sont très contagieuses !

• Se laver les mains après avoir touché les lésions. Gare au risque d’inoculation du virus à l’œil, source de kératoconjonctivite potentiellement grave !

• Ne pas embrasser son entourage, surtout les personnes à risque : avec une poussée d’eczéma, immunodéprimées, nouveau-nés… Ne pas partager sa brosse à dents, sa serviette de toilette, ses couverts, jusqu’à disparition des lésions ou jusqu’au stade de croûte.

Prévention

• En cas d’herpès labial induit par les rayons UV, prévoir un écran solaire lors de chaque exposition, à type de crème, à appliquer à proximité des lèvres et/ou sous forme de stick labial : SPF 30 ou 50+ lors de conditions d’ensoleillement extrêmes à la montagne, en bord de mer… À réserver à un usage personnel.

• Limiter dans la mesure du possible les facteurs favorisants : fatigue, stress, etc. Dormir suffisamment, pratiquer une activité physique régulière…

Le contexte

L’herpès labial, ou bouton de fièvre, est une infection virale très fréquente, due au virus Herpes simplex de type 1 (HSV1). La primo-infection contractée dans l’enfance est souvent asymptomatique. Le virus reste ensuite à l’état latent dans les neurones des ganglions sensitifs. Chez certains, il demeure inactif ; chez d’autres, les lésions d’herpès surviennent par poussées sous la forme d’un bouton de fièvre. Le virus de type 2 (HSV2), à l’origine de l’herpès génital, peut donner un herpès labial lors d’un rapport oro-génital et vice versa.

→ Signes cliniques : brûlures, fourmillements autour de la bouche, puis surviennent une macule rouge et des vésicules, qui éclatent après quelques jours. Une croûte se forme et tombe sans laisser de cicatrice. Les lésions sont parfois douloureuses. Une poussée dure de huit à dix jours.

→ Facteurs déclenchants : UV, fièvre, règles, fatigue, extraction dentaire…

→ Transmission : par contact direct des muqueuses buccales, plus rarement via le linge de toilette, la brosse à dents… Le virus est présent dans la salive, dans la bouche et autour et peut se transmettre à d’autres zones du corps par autoinoculation : nez, doigt, yeux.

→ Contagiosité : des picotements jusqu’à la croûte.