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« J’ai mal à la gorge »

Publié le 1 novembre 2009
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Seuls les maux de gorge récents, peu intenses et sans fièvre élevée relèvent du conseil pharmaceutique. Antalgique, pastille ou collutoire sont la base de l’arsenal thérapeutique officinal.

Les maux de gorge

De nombreuses étiologies

Les causes d’un mal de gorge sont nombreuses : rhinopharyngites (avec congestion et écoulement nasal, éternuement, toux et céphalée) ; angines (déglutition douloureuse, brutale et fièvre plus ou moins élevée) ; efforts de voix importants ; allergies ; substances irritantes ; sècheresse buccale ; traumatismes (corps étranger, chirurgie…) ; effets indésirables médicamenteux des substances atropiniques responsables de sècheresse buccale ; mucites liées à une chimiothérapie anticancéreuse ; nombreuses infections virales, bactériennes ou bien fongiques (mononucléose, herpès, candidoses….).

Calmer la douleur

La principale demande au comptoir est le soulagement de la douleur et de la gêne à la déglutition, avec la prise en charge de la fièvre. Dans un contexte de rhinopharyngite, il sera intéressant de proposer au client des médicaments pour limiter la congestion nasale ou la rhinorrhée.

Cibler la prise en charge

Seuls les maux de gorge peu intenses et d’apparition récente relèvent du conseil officinal. La plupart du temps il s’agit d’angine virale (60 à 90 % des angines) ou d’irritations locales. Certains signes nécessitent une consultation médicale (voir encadré page suivante).

Conduite de l’interrogatoire

« Depuis quand souffrez-vous de maux de gorge ? », « Avez-vous de la fièvre ? » et « Avez-vous remarqué d’autres symptômes ? » orientent vers une angine, une rhinopharyngite ou une irritation locale due à une exposition à des substances irritantes ou à un usage excessif de la voix. Les questions : « Avez-vous subi une intervention chirurgicale ? » et « Avez-vous des problèmes de santé particuliers ? » permettent de cibler le contexte et d’orienter ou pas vers le médecin traitant (exemple : patient sous chimiothérapie anticancéreuse, malade récemment opéré…). La question « Avez-vous déjà pris quelque chose pour soulager la douleur ? » a pour objectif de limiter la iatrogénie.

Expliquer la démarche

La plupart des maux de gorge dans les rhinopharyngites et les angines, de même que la fièvre, cessent en trois à quatre jours. Près d’un patient sur neuf est asymptomatique au bout de sept jours, que l’angine aiguë soit virale ou bactérienne. Les antalgiques locaux et généraux permettent de soulager la douleur et de combattre la fièvre. La persistance des signes au bout de 48 heures nécessite un avis médical.

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Les traitements

Traitement local

• Stimuler la production de salive. Sucer quelque chose, sucré ou pas, stimule la production salivaire qui lubrifie et calme les muqueuses enflammées. Cela participe à évincer les microorganismes présents. Il vaut mieux conseiller des bonbons sans sucre (dans le diabète et pour limiter les caries) et en sucer autant que nécessaire pour soulager. Attention au sorbitol, source de flatulences ou de diarrhées.

Hydrater les muqueuses oropharyngées pour limiter les déséquilibres de la flore locale et l’envahissement de germes pathogènes. Au menu : boisson, inhalation, humidification de l’atmosphère…

« Endormir » la dysphagie.

Pastilles et collutoires. Les anesthésiques locaux (lidocaïne, tétracaïne) peuvent apaiser au plus durant trois heures. À utiliser après les repas. Ils sont contre-indiqués chez l’enfant de moins de 6 ans (possibilité de fausse-route par anesthésie du carrefour oropharyngé), et utilisés avec précaution chez les moins de 12 ans (durée inférieure à cinq jours pour limiter le risque d’effets systémiques). Les gargarismes locaux. En gargarisme local, mettre au choix dans un verre d’eau, une cuillère à café de gros sel marin, ou du jus de citron ou bien de l’argile verte (illite) ultraventilée Argiletz ou faire bouillir une minute une poignée de feuille de ronce (Rubus fructicosus) pour 50 ml d’eau et laisser infuser vingt minutes avant de se gargariser.

Traitement général

Le paracétamol en première intention. À la dose unitaire de 500 mg à 1 g chez l’adulte et de 15 mg/kg chez l’enfant, on peut espérer une diminution de l’intensité de la douleur de 30 à 50 % entre deux et cinq heures après la prise de 1 g pour un adulte et de 15 mg/kg chez l’enfant. Privilégier la voie orale à la voie rectale (absorption variable et plus tardive).

L’ibuprofène en l’absence de contre-indications (femme enceinte, insuffisants rénaux…) ou chez les hypertendus traités par des IEC. Son efficacité antalgique (diminution de l’intensité et durée d’accalmie de la douleur) à la dose de 400 mg semble supérieure à celle du paracétamol à la dose de 1 g. Pour mémoire, la dose unitaire d’ibuprofène chez l’enfant est de 5 à 10 mg/kg toutes les six à huit heures.

Homéopathie et phytothérapie. Belladonna et Mercurius solibilis à 5 CH, 3 granules de chaque, toutes les deux heures. Parmi les plantes : l’aigremoine (Agrimonia eupatoria en feuilles et fleurs), décongestionnante, la guimauve (Althea officinalis, feuilles, fleurs et racines), décongestionnante et anti-inflammatoire, le jujubier (Zizyphus vulgaris, fruit sans graine en TM), antalgique local.

Hygiène de vie •

Éviter les irritants locaux. Tabac, les atmosphères enfumées, les vapeurs chimiques irritent la gorge et le nez.

Régler la climatisation. La banalisation de la climatisation (voiture, maison…) et le « choc thermique » engendré par les gros écarts de température entre intérieur et extérieur accroît le risque de contracter une angine de plus en plus fréquemment rencontrée en été. Adapter la température de réfrigération en fonction de celle à l’extérieur. Dans un véhicule, régler le flux d’air frais sur les pieds plutôt que sur le visage et éteindre la climatisation quinze minutes avant de sortir, afin d’éviter le « choc thermique ». Mettre éventuellement un gilet dans un endroit très frais (grande surface…).

Limiter la contagion. Maladie contagieuse, l’angine se transmet essentiellement par les contacts oraux et les projections de salive. Il n’existe pas de transmission par les objets.•

Orienter vers le médecin ?

Une consultation médicale est nécessaire dans les cas suivants :

• Température supérieure à 38 °C, dysphagie intense, début brutal et persistance des symptômes depuis 48 heures avec absence de toux (notamment les enfants de 3 à 15 ans).

• Persistance ou de réapparition des symptômes au bout de 48 heures.

• Symptôme isolé et persistant.

• Gêne respiratoire.

• Conjonctivite purulente, oedème palpébral, troubles digestifs, éruption cutanée.