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« J’ai les jambes lourdes »

Publié le 1 décembre 2003
Par Christine Julien
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Des picotements dans les jambes aux varices en passant par les œdèmes de fin de journée, la contention élastique est la solution de choix pour soulager et traiter l’insuffisance veineuse des membres inférieurs.

La contention de confort

Principe

Il s’agit de collants de confort qui soulagent les jambes lourdes et fatiguées. Ils sont utiles aux personnes qui restent debout toute la journée, qui piétinent ou qui doivent faire un trajet en avion. La contention de confort est du ressort du conseil officinal et n’est pas remboursée.

Unité de mesure

Le denier permet d’exprimer la finesse du fil. Plus le chiffre est important, moins le tricot est élastique et plus le soutien est important. 40 D est indiqué pour les sédentaires aux jambes fatiguées ; 70 D, pour la station debout prolongée, léger œdème le soir ; 140 à 280 D, pour des varices débutantes, pour un trajet en avion.

Produits

Une large gamme de produits est disponible : chaussettes, bas et collants, opaques ou voile, avec de nombreux coloris.

La contention à visée curative

Principe

La contention est un principe physique selon lequel une pression dégressive de bas en haut améliore le retour veineux, diminue la stase et réduit l’inflammation et l’œdème par l’augmentation de la pression. Les bas et collants de compression sont le traitement de base de l’insuffisance veineuse déclarée. Ils sont remboursés par la Sécurité sociale sur prescription médicale sans limitation d’un nombre de paires par an. C’est le médecin qui décide de la forme bas ou collant sur l’ordonnance. Parmi les produits de contention, on différencie la fabrication de série de celle sur mesure. Seuls les pharmaciens titulaires d’un agrément en orthopédie peuvent délivrer et tarifer les orthèses sur mesure.

Quatre classes de compression

On distingue quatre classes de compression correspondant aux différents stades de la maladie veineuse. Ces classes sont déterminées par la pression exercée à la cheville par le bas ou le collant, exprimée en mmHg (mercure). Cette compression est dégressive à partir de la cheville : plus on monte le long de la jambe, moins la compression est importante. Il faut noter que c’est toujours au niveau de la cheville et du mollet que la contention est maximale (et donc, efficace).

– Classe I : 10 à 15 mmHg. Indiquée pour une insuffisance veineuse légère : jambes lourdes, varices débutantes…

– Classe II : 15 à 20 mmHg. Pour une insuffisance veineuse chronique modérée : œdème du soir, après traitement des varices, varices de la femme enceinte…

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– Classes III et IV : 20-36 mmHg et supérieur à 36. Sont indiquées pour l’insuffisance veineuse sévère chronique : thrombose veineuse profonde…

Remarque : chez un sujet normal, la pression veineuse à la cheville passe de 10 mmHg en position allongée à 80 mmHg en position debout. Après quelques pas (au minimum sept), la pression redescend à des valeurs de 25 mmHg. Cependant, en cas d’insuffisance veineuse, même après avoir marché, la pression veineuse reste élevée.

• On distingue une classe comprenant les bas et collants antithromboemboliques : ils procurent une compression dégressive légère (entre 10 et 18 mmHg), comparable à celle d’une classe I. Destinés aux personnes alitées risquant des accidents thromboemboliques après une intervention chirurgicale, ces bas sont toujours blancs avec le pied ouvert et munis d’un liséré de couleur indiquant la taille. Certains d’entre eux ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale.

• Le traitement d’une insuffisance veineuse nécessite le port quotidien d’une contention, et pour faciliter l’observance, de nombreuses textures sont proposées aux patients : les transparents, les microfibres, le coton. Les microfibres sont plus faciles à enfiler, plus confortables, sont opaques et tiennent plus chaud. Le coton est adapté aux peaux sensibles et présente une bonne thermorégulation. Quant au transparent, il gagne en élégance et ses mailles aérées permettent une utilisation estivale. La texture est différente de la composition : un bas en coton contient du coton, certes, mais aussi de l’élasthanne, du polyamide voire des microfibres.

Bas et collants de maintien dits de confort

Chaussettes, bas ou collants

Bas-jarret, chaussette

Les bas-jarrets et chaussettes sont plus faciles à enfiler, tiennent moins chaud et sont préconisés chez les personnes obèses ou chez celles qui auraient des difficultés à enfiler les autres formes. Il est préférable d’inciter à porter des chaussettes que vendre des collants qui ne seront jamais portés : dans ce cas, se mettre en relation avec le médecin pour l’informer des difficultés du patient et, le cas échéant, modifier la prescription de la forme avec son accord. Les bas-jarrets sont cependant contre-indiqués en cas de varice crurale (de la cuisse).

Bas cuisse

Le bas-cuisse peut être autofixant et la bande en silicone antiglisse peut favoriser l’apparition de problèmes cutanés tels que transpiration, démangeaisons… Certains modèles nécessitent un porte-jarretelles ou de la colle, d’autres possèdent une dentelle qui peut gêner les hommes. Les bas-cuisse tiennent moins chaud que le collant et lui sont préférés par les personnes qui ont du ventre. Cependant, ils ne conviennent pas aux patients avec de grosses cuisses. Certains produits ont le pied ouvert : les orteils ne sont pas comprimés et l’enfilage est facilité grâce à l’emploi d’un glisse-pied (cône sur lequel on enfile le bas avant de tirer progressivement).

Collants

Les collants font partie des habitudes des femmes et tiennent plus chaud. Cependant ils ne sont pas recommandés chez les personnes dotées d’un large bassin. Il existe des collants munis d’une ceinture évolutive pour les femmes enceintes.

Autres collants

Il existe des collants « une jambe » ou hémicollants ou demi-collants droits ou gauche (à faire préciser), maintenus par une simple lanière autour de la taille, plus économiques si un seul membre est concerné par un problème veineux.

La prise de mesure

Il est inutile de prendre des mesures pour les orthèses de maintien ou antifatigue. Pour les chaussettes ou bas-jarrets, la pointure est souvent suffisante. Pour les bas-cuisses et les collants, le poids et la taille en cm sont nécessaires. Pour les orthèses de contention médicale, les mesures nécessaires varient selon la marque.

Précautions

Certaines erreurs sont à éviter quand on prend les mesures comme : trop serrer le mètre sur la peau, prendre des mesures sur un membre œdémateux ou sur un collant de ville ou des chaussettes, prendre les mesures tard dans la matinée ou dans la soirée, se fier aux mesures prises par le patient ou son entourage ou utiliser les mesures d’une précédente prescription.

En pratique à l’officine

À l’inverse, des petits trucs peuvent vous assurer une mesure correcte et le bien-être de vos patients :

– Toujours faire essayer la contention à l’officine.

– Si une contention II est difficile à enfiler, on doit la remplacer par deux contentions de classe I. Idem pour une contention III : faire porter une contention I plus une contention II.

– Si l’esthétique de la contention déplaît, il est possible de passer au-dessus des bas, collants ou chaussettes de ville.

– Si le patient ne peut pas revenir, mettre ses jambes en décubitus (surélevées) au moins 20 minutes avant la prise de mesures.

– Si une cheville est plus enflée que l’autre, mesurer la cheville saine dont le périmètre sera la référence.

Comment reconnaître l’insuffisance veineuse ?

La cause : une insuffisance veineuse due à la défaillance des mécanismes qui assurent le retour veineux.

Résultat : stase veineuse, œdème et augmentation de la pression veineuse.

Signes avant-coureurs : picotements, fourmillements, crampes, chevilles gonflées en fin de journée.

Évolution : œdèmes de plus en plus importants, des varices et des lésions cutanées.

Le plus pratique

Pour mieux enfiler les bas et collants

• À enfiler le matin.

• Talquer la jambe ou le pied pour faciliter le glissement en cas de pied moite.

• Retourner le bas ou collant à l’envers jusqu’au talon avant de l’enfiler en le déroulant le long de la jambe sans trop le tendre.

• Il existe des aides : extenseur sur lequel on enfile le bas ou glisse-pied (pour bas et collant à pied ouvert).

• On peut mettre des gants pour faciliter la pose.

Attention !

• Ne pas enfiler sur une plaie (toujours recouvrir la lésion avec un pansement), ni sur la peau humide.

• Ne pas utiliser un corps gras au contact d’un produit de contention (risque d’altérer les fibres élastiques).

• Le port de bagues ou des ongles mal coupés peuvent endommager les fils.

• Aux faux plis.

Entretien des bas et collants

Leur durée d’efficacité est de l’ordre de quatre à six mois sous réserve d’un entretien adapté. Posséder deux paires est un minimum afin de les laver et les sécher alternativement.

• Laver à la main dans une eau tiède à 30°C. Rincer abondamment.

• Utiliser un savon neutre, type savon de Marseille. Il existe des lessives spéciales (Sigvaris 586 SWS Washing Solution).

• Ne pas tordre les bas ou les collants, mais presser plutôt dans une serviette en éponge. Sécher à plat loin d’une source de chaleur.

• La bande antiglisse en silicone des bas est dégraissée en passant un coton imbibé d’alcool.

Règles hygiénodiététiques

À faire :

• Marcher le plus souvent possible. En cas de station debout ou assise prolongée, effectuer des mouvements circulaires de la pointe des pieds en alternant flexions et extensions.

• Surélever les pieds au repos ainsi que le lit de 10 à 20 cm.

• En fin de journée, soulager les jambes en les mettant contre un mur pendant 10 minutes, puis passer un jet d’eau froide à tiède en remontant des pieds à l’aine.

• Pratiquer régulièrement des activités recommandées : vélo, marche, golf, course sur terrain souple, natation, ski de fond.

À éviter :

• Les stations debout ou assise prolongées, le piétinement, la sédentarité.

• Vêtements et bottes trop serrés, talons hauts et semelles plates.

• Excès de poids, tabac. Redoubler de prudence en cas de contraception hormonale, de grossesse.

• Les sources de chaleur : épilation chaude, bains de soleil, bain chaud, sauna et hammam, chauffage par le sol…

Bas et collants de contention : classes, I, II, III IVTE et ATE