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- “J’ai des remontées acides !”
1 Je questionne
Préciser la demande
« Ressentez-vous une remontée du contenu gastrique, une brûlure ? » et « Toussez-vous ? Avez-vous du mal à avaler ? maigri ? » précisent les signes d’un reflux gastro-œsophagien (RGO) et des symptômes d’alerte.
Identifier certains critères
« Ces signes surviennent-ils après manger ? en se penchant en avant ? », « Êtes-vous enceinte ? », « Avez-vous grossi récemment ? », « Fumez-vous ? » et « Prenez-vous des médicaments ? » recherchent une cause possible.
Orienter le choix
« À quelle fréquence surviennent ces symptômes ? » et « Avez-vous déjà pris quelque chose pour vous soulager ? » adaptent la prise en charge.
2 J’évalue
Les épisodes de RGO de l’adulte sont le plus souvent bénins. Si les mesures hygiéno-diététiques ne les corrigent pas, des traitements peuvent être proposés. Demander un avis médical devant une iatrogénie, des signes atypiques (voir Le contexte) ou d’alerte : amaigrissement, dysphagie, sang dans les régurgitations.
3 Je passe en revue
Anti-acides et protecteurs de la muqueuse œsophagienne
Ces médicaments agissent vite mais pour deux à trois, voire quatre heures pour l’alginate de sodium. Ils diminuent l’absorption d’autres médicaments ; il faut donc espacer la prise de deux heures au moins.
• Anti-acides. Sels d’aluminium, de magnésium et/ou de calcium, bicarbonate de sodium, hydrotalcite dans Rennie Liquo – un sel d’aluminium et de magnésium -… diminuent l’acidité gastrique par effet tampon et neutralisant de l’acide chlorhydrique. Exemples : Maalox Maux d’estomac, Marga, Rennie, Moxydar, Phosphalugel… Certains associent de la siméticone, qui limite la formation de gaz (Rennie Déflatine…), ou des argiles, au pouvoir couvrant et adsorbant (monmectite dans Gelox, kaolin dans Neutroses…).
• Alginate de sodium. Polysaccharide non absorbable de par sa taille importante, il forme un gel visqueux au pH alcalin au contact du contenu acide de l’estomac. Exemples : Gaviscon, Gavisconell, Gaviscon Pro, Maalox Reflux… Certaines références sont associées à des anti-acides. Précautions : à éviter chez les insuffisants rénaux et, pour ceux avec sodium, chez les insuffisants cardiaques ou hypertendus. Les sels de magnésium sont contre-indiqués en cas d’insuffisance rénale sévère, de constipation pour les sels d’aluminium ou le carbonate de calcium, de diarrhées pour les sels de magnésium. En pratique : prise à la demande, sept à dix jours en continu. Pour les anti-acides : lors de la gêne, ou après les repas. Pour l’alginate : après les trois repas et si besoin au coucher.
Couvrant et cicatrisant
Esoxx One est un dispositif médical qui associe acide hyaluronique et sulfate de chondroïtine visant à protéger la muqueuse œsophagienne et à favoriser sa réparation. Il agit en moins de trente minutes et jusqu’à trois heures. En pratique : après les repas et avant le coucher.
Phytothérapie à visée protectrice et/ou anti-acides
• Complexes polysaccharidiques. Extraits d’algues brunes ou de pectines de fruits, ils forment un gel au pouvoir couvrant ou une « mousse » protectrice (pectines). Les extraits de plantes sont associés à des anti-acides (carbonate de calcium…) dans néoBianacid, Benegast Reduflux, GANatura Triple action, Phytosun arôms Estomac, Gastro Gel…
• Extrait d’orme rouge. Riche en mucilage, il se gélifie au contact du liquide gastrique et vise à protéger la muqueuse. Exemples : Arkodigest NR No Reflux, Ergygast (+ extraits de matricaire anti-inflammatoires et cicatrisants + romarin facilitant la digestion)…
• Extrait de réglisse. Anti-inflammatoire et antisécrétoire, il est traditionnellement utilisé pour soulager les sensations de brûlures d’estomac. Exemples : Phytostandard ou Phytomance Réglisse… Dans Digebiane RFx (+ anti-acides + alginate de sodium), Minacia Forte (+ alginate de sodium notamment)… En pratique : après les principaux repas et/ou avant le coucher. Pas plus de quatre semaines pour l’extrait de réglisse, non recommandé en cas d’hypertension, de pathologies hépatiques ou d’hypokaliémie.
Antisécrétoires
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP, voir tableau) inhibent l’activité enzymatique de l’ATPase H+/K+ gastrique, ce qui diminue la libération d’ions H+ dans la lumière intestinale. Leur action antisécrétoire est puissante et prolongée. Leur efficacité, dose-dépendante, est progressivement croissante, avec un plateau en deux à trois jours. Interactions : contre-indiqués avec la rilpivirine, déconseillés avec méthotrexate > 20 mg par semaine, velpatasvir, atazanavir. Effets indésirables : maux de tête, flatulences, diarrhées… Au long cours, hypomagnésémies et hypocalcémies, déficit en vitamine B12, fractures osseuses à forte dose, infections digestives à Clostridium difficile, risque de lupus érythémateux cutané. En pratique : prise avant le repas.
Rééquilibre du microbiote gastrique
Des souches de lactobacilles résistantes à l’acidité gastrique et à fort pouvoir d’adhésion à la muqueuse soulagent les dyspepsies et accompagnent la prise d’anti-acides/alginates ou d’IPP : BioGaia Gastrus, Ergyphilus GST… En pratique : cure de quinze jours à un mois, renouvelable.
4 Je choisis
• Symptômes moins d’une fois par semaine : anti-acides et/ou alginates, ou Esoxx One.
• Symptômes une fois et plus par semaine : IPP + anti-acide et/ou alginate les deux ou trois premiers jours, +/- probiotiques. Si cela est insuffisant, vérifier les modalités de prise des IPP.
• Grossesse. Pas de plantes par manque de données. En attendant un avis médical, anti-acides et/ou alginates, ou éso- ou oméprazole(1) +/- probiotiques.
5 J’explique
Les règles hygiéno-diététiques sont la base. Les traitements s’utilisent en complément pour atténuer les symptômes. Un avis médical s’impose en cas de soulagement insuffisant, de rechute dans les dix jours à l’arrêt d’un IPP.
6 Je conseille
Modalités de prise
• Anti-acides/alginates. Les prendre à deux heures de tout autre produit de santé. Réévaluer la prise en charge en cas de recours plusieurs jours par semaine.
• Inhibiteurs de la pompe à protons. Ils sont peu efficaces en prise ponctuelle puisque leur effet n’est pas immédiat. Les recommander sur quatre à cinq jours par exemple, avec arrêt au bout d’une semaine si les symptômes ont disparu. Un effet rebond transitoire est possible à l’arrêt mais il ne signe pas un échec et ne justifie pas une nouvelle prise(2).
Hygiène de vie
• Éviter de se pencher en avant, respecter un délai de trois heures entre le dîner et le coucher et, la nuit, surélever la tête de lit d’une dizaine de centimètres.
• Limiter la pression abdominale. Éviter les vêtements trop serrés à la taille, encourager la perte de poids le cas échéant, même si le surpoids est léger et/ou récent.
• Motiver l’arrêt du tabac, qui pourrait favoriser ou aggraver le RGO.
• Éviter les aliments qui favorisent les brûlures : alcool, chocolat, menthe, café… Préférer des repas légers. Éviter les boissons gazeuses pour favoriser une vidange gastrique précoce. Manger en 20 à 30 minutes en mâchant bien.
• Encourager l’exercice physique, qui limite la prise de poids et renforce la musculature abdominale, mais ne pas en faire après un repas.
Le contexte
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) désigne un ensemble de symptômes liés à des remontées du contenu gastrique dans l’œsophage. Bref et occasionnel, il est physiologique.
→ Clinique : régurgitations (remontées de liquide dans la bouche, avec ressenti acide) et brûlures rétrosternales ascendantes (= pyrosis), après le repas ou penché en avant. Des signes atypiques, possibles, nécessitent des examens complémentaires : aigreurs, toux chronique, asthme, douleur thoracique mimant un angor, érosion dentaire, enrouement…
→ Complications : risque d’érosion puis de nécrose de l’œsophage, sténose œsophagienne du fait d’une cicatrisation anormale des tissus à l’origine d’une dysphagie, risque de cancer (rare et au long cours).
→ Facteurs de risque : obésité, surpoids, qui augmentent la pression abdominale et fragilisent la tonicité du sphincter inférieur de l’œsophage, grossesse, progestérone, inhibiteurs calciques, dérivés nitrés, analogues du GLP-1…
(1) Centre de référence sur les agents tératogènes (Crat).
(2) Fiche sur le bon usage des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), Haute Autorité de santé, octobre 2022, voir Actus.
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