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“Comment nettoyer mes oreilles ?”

Publié le 26 octobre 2022
Par Anne-Gaëlle Harlaut
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1 Je questionne

Préciser la demande

« C’est pour vous ? Pour un enfant ? » cible le conseil.

Rechercher certains critères

« Avez-vous eu des problèmes d’oreille : otite, bouchon de cérumen, baisse d’audition, démangeaisons… ? », « Portez-vous des appareils auditifs, des bouchons d’oreille régulièrement ? » et, si besoin, « Votre enfant a-t-il des yo-yo ? » apprécient la situation.

Évaluer la prise en charge

« Comment lavez-vous vos oreilles habituellement ? » et « À quelle fréquence ? » sondent les habitudes.

2 J’évalue

L’oreille s’auto-nettoie (voir Le contexte). Certaines situations favorisent l’accumulation de cérumen, comme une production importante, un conduit auditif étroit, le port régulier d’appareils auditifs ou de bouchons d’oreille chez les musiciens, les nageurs, en usine… Et peuvent justifier une hygiène quotidienne.

Toute gêne, douleur ou baisse de l’audition non diagnostiquée nécessite un avis médical. De même, en cas de suspicion de bouchon de cérumen, pour éliminer une atteinte éventuelle du tympan, contre-indication à l’usage d’un céruménolytique. À savoir : le bouchon survient quand le cérumen accumulé obstrue en partie ou totalement le conduit auditif, avec une possible perte d’audition, aggravée lorsqu’il se gonfle d’eau lors de baignades. Il peut conduire, surtout après des manœuvres pour le déloger, à une inflammation locale douloureuse (otite externe). Une solution céruménolytique peut être tentée pour le ramollir et favoriser son évacuation, à condition d’avoir vérifié l’intégrité du tympan. Quand cela s’avère insuffisant, l’extraction est réalisée par un médecin.

3 Je passe en revue

Nettoyage « à la main »

Il consiste à nettoyer uniquement la partie externe de l’oreille, l’arrière et le pavillon, sans franchir le bord du conduit. Comment ? Lors de la toilette, à la main avec de l’eau et du savon, en rinçant à l’eau sans diriger le jet directement dans le conduit auditif, ou après la toilette car les sécrétions sont ramollies par la chaleur, en utilisant son doigt, d’où « l’auriculaire », coiffé d’un linge propre ou d’un mouchoir en papier humidifié d’eau chaude. Évacuer l’eau résiduelle en penchant la tête et sécher soigneusement. À éviter : repousser le cérumen vers le tympan, au risque de bouchon, introduire des dispositifs dans le conduit, au risque de blessure, dépasser deux à trois nettoyages par semaine. C’est d’autant plus valable chez l’enfant, dont la peau est plus fine, le conduit auditif plus court et étroit et le risque d’otites, accru.

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Petit matériel

• Cotons-tiges et cure-oreille. Ils sont en général déconseillés car souvent mal utilisés. Ils repoussent le cérumen et peuvent léser le conduit, voire le tympan. Exemples : Quies, Marque verte, Bébisol, Cadaques… On peut y recourir mais avec précaution. Mode d’emploi : les réserver au nettoyage du pavillon, sans introduire le dispositif dans le conduit, en faisant des mouvements vers l’extérieur de l’oreille ; ne pas laisser un enfant les utiliser seul ; préférer des cotons-tiges de « sécurité » avec renflement. Exemples : Alvita, Dodie, Bébisol…

• Poires à lavement. L’instillation d’eau tiède ou de sérum physiologique dans le conduit auditif à l’aide d’une poire à lavement (Salva…) est basée sur le même principe que les solutions en spray. Avantage : réutilisable à long terme. Inconvénients : dosage difficile de la pression d’instillation ; pas d’embout butoir pour éviter toute blessure ; risque de contamination par des micro-organismes. Mode d’emploi : plonger la poire dans la solution pour l’aspirer. Si la solution n’est pas tiède, réchauffer la poire quelques minutes dans les mains pour éviter les sensations désagréables à l’instillation. Placer le bout effilé à l’entrée du conduit auditif ; presser doucement pour libérer la solution ; ôter la poire et pencher la tête pour laisser s’écouler le liquide ; sécher le pavillon avec un linge propre. Laver la poire à l’eau savonneuse et la laisser sécher, bout effilé vers le bas.

Solutions d’hygiène auriculaires

Elles nettoient le pavillon et le conduit auditif externe en favorisant l’évacuation mécanique du cérumen et des impuretés, et aident au ramollissement du cérumen. Avantages : elles sont purifiées et contrôlées bactériologiquement ; leur embout anatomique court limite le risque de blessure ; la pression de diffusion et la quantité de solution sont contrôlées grâce à la brumisation, au jet inversé vers l’extérieur de l’oreille…, pour limiter les risques d’irritation du conduit/tympan et les sensations désagréables.

• Solutions aqueuses. Ce sont en majorité des solutions salines ou d’eau de mer purifiée dont les oligo-éléments et sels minéraux, à concentration hypertonique pour certaines, favorisent le ramollissement du cérumen. Exemples : sérum physiologique en dosette, Audibaby dosettes, Audiclean spray, Orilyse spray, Audispray Adultes Solution hypertonique à partir de 12 ans, Humer Hygiène de l’oreille spray, Ocean Pharmacien spray marin oreilles, Pharmactiv Le spray auriculaire, Physiomer hygiène de l’oreille… Certaines contiennent des composants à visée ramollissante du cérumen, comme le glycérol dans Audispray Junior, dès 3 ans, Otolaya…, ou des tensio-actifs non ioniques doux, comme le polysorbate 80 dans Céruspray, Quies Docuspray… D’autres renferment des extraits de plantes à visées purifiante, hydratante, calmante telles qu’aloès, citron, calendula, mauve… dans Otosan Spray.

Des solutions sont formulées à base d’humectants et d’agents ramollissants, comme les tensio-actifs doux tels que sodium acylsarcosinate, sucrose ester…dans A-Cerumen dosettes ou spray…, ou des oligo-éléments tels que calcium, sodium, magnésium dans C-fluid…

• Solutions huileuses. Moins fluides, elles affichent une action mécanique d’élimination des impuretés moindre mais leur composition lipophile est adaptée pour ramollir le cérumen, qui est un corps gras. Elles sont aussi présentées comme lubrifiantes et hydratantes du conduit auditif en cas de sensibilité locale. Elles sont à base d’extraits huileux, d’huile d’amande douce, d’huile d’olive à 100 % dans Cérubaby (avant l’âge de 5 ans, sur avis d’un professionnel de santé), de bourrache…Elles associent en général des huiles essentielles, comme la menthe poivrée ou la menthe verte pour une sensation de fraîcheur, dans Pediakid Oti-Protect, Panaurette… dès 3 mois, et/ou des huiles essentielles à visée assainissante ou apaisante telles que géranium, genévrier, clous de girofle… dans les Gouttes auriculaires aux essences Naturactive, Gouttes auriculaires Otosan dès 3 ans…

• Indications : deux à trois fois par semaine, voire quotidiennement en situation d’hyperproduction de cérumen ou à risque de bouchon ; deux à quatre fois par jour pendant trois à cinq jours, seules ou en relais de gouttes céruménolytiques en cas de bouchon de cérumen pour favoriser son évacuation.

• Mode d’emploi. Positionner l’embout à l’entrée du conduit auditif ; presser une à deux fois selon les recommandations ; masser l’oreille durant quelques secondes ; incliner la tête afin d’évacuer le liquide et essuyer avec un linge ou un mouchoir propre. Ne pas rincer l’oreille, mais passer l’embout à l’eau chaude.

• Contre-indications : otites, perforations du tympan, âge selon produits, port de yo-yo ou en post-chirurgie auriculaire sans avis médical.

Autres solutions

• Sprays asséchants. Ils sont proposés pour assécher le conduit auditif après une baignade afin de soulager la sensation d’oreille bouchée et prévenir le risque d’otite externe, dite « du baigneur ». Audispray Dry contient de l’éthanol hygroscopique, qui favorise l’évaporation de l’eau, et de l’acide borique, qui maintient un pH adapté pour bloquer la multiplication des micro-organismes. Précautions : à n’utiliser que sur une oreille mouillée et saine, à partir de 9 ans, au maximum deux fois par jour et de façon ponctuelle. Ne pas utiliser chez la femme enceinte ou allaitante en raison de la présence d’acide borique, toxique pour la reproduction.

Bougies auriculaires

La technique dite de thermothérapie auriculaire consiste à placer, en position couchée, une bougie faite de tissu et de cire à l’entrée du conduit auditif. Une fois allumée, elle crée une dépression qui ferait remonter le cérumen pour faciliter son évacuation. Son efficacité n’est pas prouvée mais les risques sont bien démontrés, avec brûlures, dépôt de cire dans le conduit, otite, eczéma de contact… À bannir !

Céruménolytiques

Ce ne sont pas des produits d’hygiène quotidienne, mais ils sont utilisés ponctuellement pour tenter de ramollir les bouchons de cérumen. Ce sont des produits huileux avec un solvant lipophile type xylène (Cérulyse, Orilyse…) ou à base de glycérol et de peroxyde d’hydrogène (Cérudrop+), ou encore une solution concentrée en tensio-actifs ramollisseurs (Audispray Ultra).

Ils sont instillés dans le conduit, puis rincés après quelques minutes avec une solution d’hygiène ou de l’eau tiède. Céruspray peut s’utiliser après les gouttes du céruménolytique (Cérudrop+…) pour rincer.

4 Je choisis

Selon l’âge

• Chez les moins de 12 ans : lavage à la main lors du bain ou avec une compresse humide, sans toucher au conduit auditif. Si la production de cérumen est importante, solution de lavage avec embout adapté et pression basse une à deux fois par semaine : Audispray Junior dès 3 ans, Pediakid Oti-Protect dès 3 mois… Ou solution en dosette de sérum physiologique, ou eau de mer, en commençant par quelques gouttes avant 12 mois, puis une demi-dosette dans chaque oreille : Audibaby, A-Cerumen (dès 6 mois)…

• Dès 12 ans et adultes : au choix, lavage à la main, au coton-tige/cure-oreille, en respectant les précautions, et/ou avec une solution d’hygiène, deux à trois fois par semaine maximum.

Selon le risque

• Bouchon de cérumen (travailleurs en milieu poussiéreux, forte production de cérumen, port de prothèses ou de bouchons anti-bruit…) : solution de lavage qui régule et élimine le cérumen, tous les jours.

• Otites externes, notamment irritations à la baignade : lavage manuel sans jet d’eau dans l’oreille ; éventuellement spray protecteur avant baignade ou asséchant ensuite.

• En cas de bouchon de cérumen. Si le tympan est intact, une solution d’hygiène auriculaire durant trois à cinq jours et/ou un céruménolytique.

5 J’explique

Le cérumen n’est pas sale, mais utile pour nettoyer l’oreille et la protéger. Il ne faut pas essayer de le décaper, mais seulement d’en élever l’excès. Nettoyer le pavillon de l’oreille deux à trois fois par semaine est suffisant.

Une solution de lavage est conseillée pour nettoyer le conduit auditif, à la même fréquence, voire quotidiennement en cas de risque de bouchon de cérumen.

En cas de bouchon, l’avis d’un médecin est nécessaire avant de tenter une évacuation en le ramollissant avec une solution, sans autre manœuvre mécanique, qui risque de l’enfoncer davantage ou de blesser l’oreille. Cette désobstruction est réservée au médecin.

6 Je conseille

• Chez le bébé. Nettoyer quotidiennement dans le bain ou avec une compresse humide le pli arrière de l’oreille, où peuvent se loger des impuretés, des restes de lait… qui favorisent les irritations et l’eczéma.

• Pas de produits froids. Stocker les produits à température ambiante. Les réchauffer si possible dans les mains avant instillation dans le conduit, pour éviter le risque de sensations de vertige, de nausées…

• Rincer après une baignade. Faire couler l’eau du conduit auditif en penchant la tête sur le côté et en tirant doucement sur le lobe de l’oreille. Sécher le pavillon avec un linge propre ou un mouchoir en papier.

• Ponctuellement, les bouchons d’oreille imperméables, type silicone, protègent les oreilles lors des bains mais leur utilisation prolongée favorise la formation de bouchons de cérumen, voire les otites externes.

Le contexte

→ L’oreille s’auto-nettoie. La peau de l’oreille externe (voir illustration p. 26) est couverte de glandes qui sécrètent le cérumen, une substance cireuse épaisse et jaunâtre essentiellement composée de corps gras. Il tapisse le conduit, se charge en impuretés (poussières, peaux mortes…), puis s’écoule lentement vers la sortie du conduit auditif grâce aux mouvements de la mâchoire.

Ce faisant, le cérumen a un rôle protecteur, lubrifiant, nettoyant et antiseptique en empêchant le développement de micro-organismes.

→ Chercher à se débarrasser du cérumen de façon drastique prive de son rôle protecteur et expose à des dermatoses, de l’eczéma, des infections… L’hygiène adaptée est un équilibre entre le respect de la production et de la migration du cérumen vers l’extérieur et l’élimination du cérumen disgracieux au niveau du pavillon.

Anatomie de l’oreille

• L’oreille se compose de trois parties. L’oreille externe comprend le pavillon, zone cartilagineuse visible, et le conduit auditif externe ; le tympan la sépare de l’oreille moyenne, qui amplifie les signaux sonores. Dans l’oreille interne, le signal est converti en informations, via le nerf auditif, jusqu’au centre nerveux du cerveau. Le nerf vestibulaire, qui transmet l’information du mouvement, joue un rôle dans l’équilibre.