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Mener un entretien sur la contraception d’urgence
Accueil, entretien et prévention devraient systématiquement accompagner la délivrance d’une contraception d’urgence. Dans un contexte émotionnel fort, méthode et tact font passer le message.
Une démarche en six points
L’accueil confidentiel
• Un devoir. Encore taboue, la demande d’une contraception d’urgence est d’autant plus difficile quand elle est exposée au regard et aux oreilles des autres. Rappelé comme une obligation pour la délivrance des contraceptifs d’urgence aux mineures (article D5134-1 du code de la santé publique), le devoir de confidentialité s’applique.
• Comment ? Isoler la patiente dans une pièce annexe n’est pas obligatoire et pourrait même ajouter à son trouble, mais il est essentiel que la conversation se tienne à l’abri des tiers, d’un point de vue déontologique et afin d’instaurer un climat de confiance. Si nécessaire, changer de comptoir et/ou attendre quelques minutes un moment plus favorable.
L’entretien « analyse »
S’assurer que la situation de la patiente correspond aux critères d’urgence et aux conditions d’utilisation d’une contraception d’urgence.
• Les questions. « Quel délai s’est-il écoulé depuis le rapport à risque ? », « Prenez-vous une contraception régulière ; si oui, laquelle ? », « Prenez-vous un traitement actuellement ? »… orientent vers la solution adéquate, notamment selon le délai : trois jours pour lévonorgestrel, cinq jours pour ulipristal ou le DIU au cuivre sur prescription…
• Pas de justification. Depuis janvier 2002, la demande de délivrance anonyme et gratuite de lévonorgestrel par les mineures ne nécessite pas de justificatif autre qu’une déclaration orale. Aucun papier d’identité ne peut par ailleurs être demandé.
Le traitement expliqué
Indiquer, même si ce n’est pas la première prise, le mode d’utilisation de la contraception hormonale d’urgence, en insistant sur la notion de délai/efficacité et de prise unique (certaines femmes ont encore en tête le schéma à deux prises).
Rappeler les effets indésirables et la conduite à tenir en attendant les prochaines règles : poursuite ou non du contraceptif, protection par préservatif, test de grossesse en cas de retard…).
Une prise immédiate
L’efficacité des méthodes hormonales étant dépendante du délai de prise, proposer à la patiente une prise immédiate à l’officine, accompagnée d’un verre d’eau, et conseiller de prendre une petite collation.
L’entretien « prévention »
Prolonger la délivrance par un entretien de prévention est une obligation légale pour les patientes mineures. Cela est fortement recommandé pour toutes les femmes. Trois axes doivent être abordés :
• la contraception régulière. Derrière un oubli de pilule, un accident de préservatif, un rapport non protégé, peut se cacher une inadéquation entre vie sexuelle et contraception. Rappeler que la contraception d’urgence n’est pas une contraception régulière, que différents moyens efficaces existent, adaptés aux particularités de chacun. Une obligation : remettre aux mineures les coordonnées du centre de planification ou d’éducation familiale le plus proche. Un bon réflexe : orienter vers le site géré par l’Inpes : www.choisir sacontraception.fr ;
• la prévention des IST. Rappeler que la contraception d’urgence ne protège pas des infections sexuellement transmissibles (IST). Orienter vers un service d’urgence en cas de risque (agression, partenaire(s) inconnu(s)…) ;
• le suivi médical. Conseiller un suivi gynécologique régulier par un médecin généraliste, de planning familial ou un gynécologue. Rappeler aux mineures qu’un examen gynécologique n’est pas obligatoire pour une prescription de contraceptif (voir aussi actu p. 10).
La remise de brochures
• Pourquoi ? Obligatoire pour les mineures, la remise d’une brochure informative est un complément de choix quand le dialogue est difficile. Elle permet de disposer des informations et adresses utiles.
• Les outils. Le Cespharm propose deux brochures La contraception d’urgence (voir encadré). HRA Pharma met à disposition des officines – sous conditions – le Norlevo Kit avec brochures et préservatif. Un bon réflexe : quand il s’agit d’un oubli de pilule, remettre en plus la carte Que faire en cas d’oubli de pilule, de l’Inpes ; disponible aussi sur le site www.cespharm.fr.
Une délivrance « psychologique »
Un climat de confiance
Demander un contraceptif d’urgence occasionne une gêne, souvent trahie par un empressement, une indifférence aux conseils, voire une agressivité, qui entravent le bon déroulement de l’entretien. Établir un climat de confiance est essentiel au dialogue. Respecter absolument la confidentialité, rappeler l’obligation de secret professionnel, notamment aux mineures qui expriment souvent cette crainte, et solliciter l’autorisation de poser des questions pour évaluer les besoins.
À éviter : demander sans préambule « De quand date le rapport ? », s’exclamer « Encore ! » si ce n’est pas la première fois, demander à une jeune fille « C’est sûr, vous êtes mineure ? »
Rester pro
• Un devoir professionnel… Le droit au refus de vente, au titre de l’article R.4236-61 du code de la santé publique, ne s’entend que lorsque l’intérêt de la santé du patient l’exige. Les contraceptifs d’urgence hormonaux ne présentant pas de danger dans les conditions normales d’utilisation (même répétée), refuser de délivrer est une faute professionnelle. Être « pour » ou « contre » est un clivage qui n’a pas lieu d’être en officine.
• Un comportement neutre. Tout jugement ou préjugé personnel sur la sexualité d’autrui est déplacé. Il est impossible de connaître les enjeux de la demande (simple accident, agression…?). La bonne attitude : écouter attentivement, rester empathique (« J’entends votre demande… ») et professionnel (« C’est mon rôle de vous expliquer/de vous mettre en garde… »). À éviter absolument : les signes d’un jugement personnel (sourire amusé, exaspéré, regard inquisiteur ou compassionnel, les « À votre place »…), la culpabilisation (« Ce n’est quand même pas difficile d’y penser… »), la désinformation (« Prendre plusieurs fois la pilule du lendemain est dangereux… »).
Créer l’ouverture
Patiente intimidée, paniquée, officine bondée, il est parfois difficile d’engager un discours préventif. Si ce rôle éducatif vous tient à cœur, il peut passer par un geste simple, rapide, comme offrir un préservatif en rappelant que d’autres risques que celui de grossesse existent. Proposer de continuer le dialogue ultérieurement au téléphone ou lors d’un entretien à l’officine est une porte ouverte qui peut être appréciée par la patiente.
Des brochures actualisées
Le Cespharm et l’Assurance maladie mettent à disposition des officinaux une version actualisée de la brochure La contraception d’urgence, éditée en deux versions : l’une pour la métropole, l’autre pour les départements d’Outre-mer (DOM) pour lesquels les contacts diffèrent. Ces supports éducatifs doivent accompagner la délivrance d’un contraceptif d’urgence à une mineure. Ils peuvent être commandés et téléchargés gratuitement sur le site du Cespharm www.cespharm.fr, espace thématique Contraception.
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