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Faut que je vous dise, je suis enceinte !
Annoncer sa grossesse. Une bonne nouvelle pour vous mais pas forcément pour votre titulaire et pour l’équipe, qui vont voir leur organisation bouleversée. Pourtant, il va bien falloir le leur dire…
Informer le titulaire
Assumer
Il n’y a pas de « bon moment » pour tomber enceinte et, pour l’employeur, une grossesse dans l’équipe ne survient jamais dans une bonne période. Inutile donc de chercher des excuses ou de craindre la réaction du titulaire. Vous êtes enceinte, c’est un fait et un droit. Vous devez assumer cette situation et ne pas être gênée par votre nouvel état.
Jouer la transparence
Le code du travail n’impose pas l’obligation d’annoncer sa grossesse à son employeur, mais seulement de l’informer avant son départ en congé maternité (voir encadré ci-dessous). Pourtant, il vous sera difficile de cacher cet heureux événement bien longtemps ! Par conséquent, il est plus judicieux de l’avertir.
→ Quand ? Le code du travail ne prévoit pas de délai pour annoncer sa grossesse à son employeur. Il est conseillé de le dire après les trois premiers mois de grossesse, lorsque les risques de fausse couche sont écartés.
→ Pourquoi si tôt ? Si l’annonce est trop tardive, cela risque de mettre en difficulté le titulaire et l’officine, notamment avant les périodes de congés. Laisser à l’employeur quelques mois avant le départ en congé maternité lui permet de penser plus sereinement aux changements et de s’organiser en conséquence. C’est une marque de respect pour l’entreprise et, au final, un bon point pour vous.
Annoncer
→ Le titulaire d’abord. Attendre un enfant est une nouvelle que l’on a envie de partager rapidement, y compris avec ses collègues. Néanmoins, si le titulaire l’apprend par une tierce personne, il risque de ne pas apprécier de ne pas être prévenu en premier. Mieux vaut ne prendre aucun risque en gardant pour soi l’information et en en réservant la primeur à l’employeur.
→ Un entretien dédié. Le moment venu de l’annonce, pas question de « coincer » le titulaire entre deux clients ou cinq minutes avant la fermeture. « La préparatrice doit demander une entrevue ou un entretien personnalisé afin de prendre le temps de lui annoncer sa grossesse », conseille Laëtitia Fabre Fage, responsable du pôle consulting chez SoccoConsult.
→ Rester factuelle. Cet entretien formalisé se prépare un minimum. Se munir idéalement du certificat de grossesse et des dates théoriques de départ en congé et de retour à l’officine. Indiquer clairement ces points montre que l’on est prévoyante et consciente que la situation n’est pas anodine pour l’employeur. Être factuelle sans « tourner autour du pot » : « Je souhaitais vous parler pour vous annoncer que je suis enceinte. L’accouchement est prévu pour telle date. Je devrais donc partir en congé maternité à telle date et revenir seize semaines plus tard ».
Rassurer
Pourrez-vous travailler jusqu’à la date de votre congé maternité ? Serez-vous aussi impliquée dans votre tâche qu’auparavant ?… L’annonce suscite des questionnements chez le titulaire. « La grossesse n’est pas une maladie ! La préparatrice doit rassurer son titulaire sur sa capacité à continuer son travail », estime Laëtitia Fabre Fage.
→ Montrer sa motivation. Préparer des réponses en amont pour montrer lors de l’entretien que la grossesse ne change rien à sa motivation et que l’on est disposée à travailler jusqu’au bout, sauf, bien sûr, en cas d’imprévu : « Je ne compte rien changer à mon travail », « Je continuerai à être impliquée dans la bonne marche de l’officine »… Se montrer volontaire renforce les chances qu’une solidarité s’installe en réponse au sein de l’équipe.
→ Être force de proposition. Par exemple, si le titulaire envisage de recruter une remplaçante : « Je propose de vous aider lorsque vous travaillerez à la réorganisation de l’officine », « Je peux préparer un mémo pour ma remplaçante/la former à mon poste si elle arrive quelques jours avant mon départ »…
À éviter
→ Les demandes prématurées. Réclamer d’emblée des faveurs au titulaire : « J’ai peur d’être trop fatiguée, il vaudrait mieux que je ne fasse plus les fermetures, je ne pourrai plus être debout longtemps »… Contre-productives à ce stade de la grossesse, ces demandes prématurées risquent d’agacer ou d’inquiéter sur votre capacité à effectuer vos missions. Il sera temps, au cours de la grossesse, et si cela s’avère nécessaire, de négocier un aménagement du travail et des horaires.
→ Le ton péremptoire. Dans tous les cas, éviter : « Je suis trop fatiguée, je ne peux plus finir mes journées à 19 heures ! » Mieux vaut formuler de façon plus diplomatique : « Mon gynécologue m’a conseillée de ne pas rester debout trop longtemps. Pensez-vous qu’il serait possible d’aménager mes horaires pour que je puisse partir un peu plus tôt ? »
Anticiper
Si la grossesse comporte des risque identifiés, rien n’oblige à fournir des détails médicaux, mais mieux vaut l’aborder d’emblée. Le titulaire, prévenu d’un éventuel arrêt prématuré, pourra le prendre en compte. « Il ne faut pas perdre de vue que l’entreprise doit continuer à tourner et que l’anticipation est primordiale pour le titulaire », prévient Laëtitia Fabre Fage. Il préférera peut-être un arrêt maladie de plusieurs mois plutôt que des périodes de travail morcelées.
Ménager ses collègues
Partager sans excès
Après le titulaire, il est normal d’avoir envie d’annoncer la nouvelle à ses collègues, qui seront sûrement ravis de l’apprendre et pourront partager leur expérience pour aider à surmonter les craintes d’une première grossesse. Pour autant, inutile de raconter quotidiennement les moindres détails de sa grossesse, même si l’on vit une période plus « auto-centrée », au risque de lasser l’équipe.
Réfréner les plaintes
Votre grossesse va naturellement avoir un impact sur vos collègues et réclamer un effort supplémentaire d’organisation. Se plaindre continuellement des petits tracas quotidiens (« Je suis trop fatiguée… », « Mes jambes sont lourdes », « Je m’essouffle vite »…) peut mettre à mal l’élan de solidarité naturel, voire inquiéter sur votre capacité de travail : « Qui fera son samedi si elle s’arrête plus tôt ? », « Mes vacances me seront-elles refusées ? »… Penser aussi à les rassurer : « Je compte travailler comme d’habitude jusqu’à mon départ », « Le titulaire a prévu une remplaçante, vous pourrez prendre vos vacances », « Je fais le maximum pour que l’organisation ne soit pas chamboulée »…
Provoquer la réorganisation
Si certaines tâches semblent néanmoins compliquées, comme porter les caisses de livraison ou livrer les patients, mieux vaut en parler collectivement. Notre conseil : demander au titulaire de réunir l’équipe pour réorganiser clairement les missions en conséquence. Attention, il est important de jouer donnant-donnant pour préserver la bonne entente : « En échange, je peux reprendre la gestion des mutuelles, passer systématiquement les commandes… »
Rester sobre avec la clientèle
A priori, il n’y a pas de raison d’annoncer précocement une grossesse aux clients fidèles, ils la découvriront bien vite lorsque le ventre s’arrondira. Ils ne manqueront pas alors de vous questionner : « C’est pour quand ? », « C’est une fille ou un garçon ? », « Vous allez revenir après ? »…
Garder le sourire
Il s’avère difficile parfois de rester aimable quand on vous pose ces mêmes questions très personnelles plusieurs fois par jour… Il faut garder en tête qu’elles sont plus une marque de sympathie qu’une intrusion voulue dans notre vie privée. Si cela devient trop pesant, essayer de garder le sourire et de s’en sortir avec une pirouette : « Je ne peux plus le cacher mais c’est un peu mon jardin secret. Quand je suis au travail, je pense surtout à votre ordonnance… »
Continuer à être « pro »
→ Pas de bla-bla interminable. C’est certain, les clients ont tendance à discuter plus longtemps avec les salariées enceintes. Gare à ne pas empiéter sur la bonne marche de l’officine en entrant dans leur jeu. Il n’y a aucune raison que le reste de l’équipe soit obligé de redoubler d’efforts à l’heure de pointe. Leur dire gentiment : « Nous pourrions discuter grossesse longtemps mais je crois que d’autres patients attendent d’être servis… »
→ Soigner son apparence. C’est également un point important. Ne pas se négliger, conserver une tenue correcte, c’est bon pour l’image de la pharmacie, mais aussi pour le moral… Pro jusqu’au bout !
Avec l’aimable participation de Laëtitia Fabre Fage, de Socco Consult, et de Brigitte Bouzige, titulaire dans le Gard (30).
Grossesse, que dit la loi ?
La salariée n’est pas tenue d’informer son employeur de sa grossesse à son embauche ou durant l’exercice de son travail. La loi impose seulement d’avertir l’employeur avant son départ en congé maternité. Cependant, si la salariée ne lui dit rien, elle ne peut pas bénéficier des avantages légaux liés à son état :
• protection contre le licenciement : l’employeur ne peut pas licencier une salariée au motif qu’elle est enceinte ou en congé maternité ;
• autorisations d’absence pour les examens médicaux prénatals et postnatals obligatoires prévus par l’Assurance maladie sans baisse de rémunération. La durée du congé maternité est fonction du nombre d’enfants déjà à charge avant la naissance. Pour un premier ou un deuxième enfant, la salariée bénéficie de six semaines avant l’accouchement et de dix semaines après.
Même si elle l’a déjà fait à l’oral, la salariée doit prévenir l’employeur de sa grossesse par lettre recommandée avec accusé de réception ou lui remettre en main propre contre un récépissé. Cette lettre précise le motif de son absence et la date de fin du congé maternité.
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