- Accueil ›
- Préparateurs ›
- Accompagnement ›
- Faire face au deuil à l’officine
Faire face au deuil à l’officine
Longue maladie, décès et processus de deuil, la mort est une « cliente » que tout officinal rencontre au cours de son exercice professionnel. Quelques pistes pour faire face aux personnes endeuillées.
Vivre le deuil
Officinaux tous concernés
Le deuil est « un processus naturel, dont la durée est fonction de chaque culture, se traduisant par la tristesse et le regret engendrés par la disparition de la personne défunte, par des troubles somatiques et par une récupération ultérieure »*. Le deuil serait la cicatrisation d’une blessure émotive. Écoute, approche bienveillante et compréhension sont nécessaires de la part de l’entourage et des professionnels de santé. Les officinaux sont confrontés aux longues maladies, puis au chagrin des proches après le décès. Des liens se sont tissés au fil du temps et le deuil d’un patient doit parfois aussi se gérer au sein de l’équipe.
Le processus du deuil
• « Il y a d’abord la nécessité de la reconnaissance de la perte. Ce n’est pas immédiat », explique Agnès Rettel, psychothérapeute et formatrice (voir encadré p. 37). La culpabilité, la solitude sont également fréquentes chez celui qui reste : peur d’oublier, de ne pas avoir fait le maximum.
• Avoir du chagrin est normal après un décès, « tant qu’on n’a pas de chagrin, on ne fait pas le deuil », explique A. Rettel, « il faut pleurer ». Si une prescription d’antidépresseur vous semble précoce, il est possible – et déontologique – de dire : « Cela va vous aider, mais cela va décaler le moment du deuil car les médicaments ne permettent pas de faire le deuil. »
La bonne attitude
Être sincère
• Vous avez suivi le patient et sa famille dans la maladie jusqu’au décès, et parfois les larmes pointent dans vos yeux. « Soyez naturel et sincère. Si les émotions arrivent, laissez-les s’exprimer », avance Agnès Rettel. Oui au respect et à la compassion en évitant d’être « funèbre ».
• Si vous êtes proche de la famille, vous pouvez demander comment s’est passé l’enterrement ou le décès. Nul besoin de s’isoler, ce n’est pas le rôle de l’officinal, sauf en cas de lien d’amitié profond avec la personne endeuillée.
Respecter l’autre
• Si la personne endeuillée se ferme au fil des jours et refuse toute marque de sympathie, n’insistez pas. Si cela dure, vous pourrez, plus tard, dire : « Je vois que cela ne va pas bien. Vous savez, je suis là. »
• Si vous avez livré du matériel, dites : « À quel moment cela vous arrangerait que je vienne chercher le matériel ? » Éviter les termes « débarrasser » et « dégager ».
À éviter
Mots à proscrire
• « Dieu veille sur elle », certaines personnes croient à une vie après la mort. Peu importe vos propres convictions, n’argumentez jamais, cela serait destructeur. Si une croyance peut aider la personne, tant mieux. Sauf bien sûr, si vous constatez des manœuvres de charlatan (« médium »…) en vue d’escroquer votre client !
• Bannir de son vocabulaire les « Elle est mieux là où elle est » ou « elle n’a pas souffert » car nul ne le sait ! Éviter toutes implications ou croyances personnelles
Attitudes à fuir
Tenter de consoler est illusoire au risque de tomber à plat ou de ne rien expliquer. Laissez dire, tant qu’il n’y a pas de questions, la personne n’attend pas de réponse de votre part.
Faire corps
S’impliquer selon les liens
• Présenter ses condoléances par une carte est indiqué si la personne décédée et ses proches sont des habitués. Quant à aller à l’enterrement, cela dépend et peut s’avérer « délicat », suggère la psychothérapeute, « pourquoi aller à l’enterrement de l’un de ses clients plutôt qu’à un autre. En fait, c’est une histoire entre soi et soi, entre le lien que l’on a avec celui qui s’en est allé. »
Un travail d’équipe
• En cas d’émotions suite au décès d’un patient, il est possible d’en parler avec les collègues. Ne serait-ce que pour adapter son attitude. Si le conjoint survivant ne va pas bien et se mure dans le silence, avertir ses collègues pour ne pas surenchérir.
• Confronter ses points de vue permet de suivre l’évolution de la personne en deuil : a-t-elle des conduites à risque ? Comment évolue son comportement ?…
• Exprimer ses émotions permet aussi de passer la main quand le contact avec la famille est trop difficile pour soi. Dites « Je ne m’en sens pas capable, peux-tu le/la servir ? »
Assurer un suivi
Un long chemin
• Un processus de deuil est un chemin plus ou moins long, généralement entre 6 et 24 mois. Le deuil devient pathologique quand le survivant n’accepte pas la mort, est dans le déni, continue à vivre avec son épouse/époux, disant « je suis bien moi tout seul avec elle/lui ». Ou bien, adopte des conduites à risque : alcool, activités dangereuses… Dans ce cas, vous pouvez dire : « Je vois que cela ne va pas bien, avez-vous songé à contacter certaines personnes susceptibles de vous aider ? » Donnez quelques adresses de groupes de soutien ou de paroles (Écoute Deuil, Jalmalv…).
Les signes d’alerte
• Dans le cas d’une dépression caractérisée, suggérez : « Je vois que vous ne mangez plus guère, je m’inquiète, peut-être que le médecin pourrait vous aider. Voulez-vous que je l’appelle ? » Même si la personne refuse, peut-être acceptera-t-elle une autre fois.
*« Le deuil, compréhension, approches » par Jacques Monday, Le Médecin du Québec, 2002.
Les aides aux personnes endeuillées
• Pour les Franciliens : en cas de besoin d’espace de parole et d’écoute pour dire sa souffrance, et de soutien pour trouver un équilibre nouveau après un deuil, s’adresser à la fondation œuvre de la Croix Saint-Simon, Centre de ressources national soins palliatifs François-Xavier Bagnoud au 01 49 93 64 40 ou par mail au cdrnfxb.-accompagnement@croix-saint-simon.org.
• En cas de difficultés ou de questions autour de l’accompagnement de la fin de vie, malade, famille et professionnels de santé peuvent contacter le numéro azur mis en place par le ministère de la santé. Écoute téléphonique « Accompagner la fin de vie »: 0811 020 3000. Ouverte du lundi au samedi, de 8 h 30 à 19 h 30.
• La Fédération européenne « Vivre son deuil » coordonne les activités des différentes associations « Vivre son deuil » en Belgique, Suisse et France. Bénévolat et travail en équipe. Site : http://www.vivresondeuil.asso.fr. Adresse : Vivre Son Deuil, 7, rue Taylor, 75010 Paris. Tél/fax : 01 42 08 11 16.
Les phases du deuil*
Trois phases sont identifiées dans le processus du deuil :
• Le choc et le déni : de quelques minutes à quelques jours, voire semaines. La personne est incrédule et engourdie. Elle se cherche, se sent dépérir, est nostalgique, irritable et parfois pleure.
• La détresse somatique avec vive angoisse : de quelques semaines à quelques mois. Des symptômes de tous ordres montent par vagues : colère, culpabilité, préoccupations, comportements inhabituels, tension, agitation, démotivation, absence de but, identification avec le disparu.
• Résolution ou réorganisation : plusieurs mois à quelques années. La peine est « chose du passé ». La personne reprend ses rôles habituels ou en joue des nouveaux. La capacité d’avoir du plaisir revient. La présence ou l’intimité avec une ou plusieurs personnes est recherchée.
La durée du processus de deuil est difficile à déterminer.
- Formation à la vaccination : pas de DPC pour les préparateurs en 2025
- [VIDÉO] De la grossesse à la naissance : un accompagnement en officine personnalisé proposé par Amandine Greco, préparatrice
- [VIDÉO] Accompagnement post-natal en officine : les papas aussi !
- Entretiens pharmaceutiques en oncologie : tous concernés !
- Coqueluche : « Les bénéfices de la vaccination pendant la grossesse sont incontestables »
![Devenir secouriste en santé mentale](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2024/11/iStock-1326469138-680x320.jpg)
![Le trouble obsessionnel compulsif](https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/wp-content/uploads/2024/07/article-defaults-visuel-680x320.jpg)