Vaccins antigrippe : des stocks sur les bras

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Vaccins antigrippe : des stocks sur les bras

Publié le 22 décembre 2021
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La dernière campagne de vaccination antigrippale 2020/2021 a été marquée par une pénurie de vaccins. Deux jours après son lancement, les trois quarts des pharmacies avaient écoulé plus de 70 % de leur stock, soulignait alors un sondage de l’Ordre des pharmaciens. Echaudées par cette situation de pénurie, beaucoup d’officines ont majoré leurs commandes en 2021. L’approvisionnement en vaccins est supérieur de 17 % par rapport à l’année précédente, soit 5 à 6 millions de doses en plus pour un total de 17 à 18 millions de doses, indiquait en septembre l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine.

Certes, la campagne de vaccination n’est pas achevée. Elle doit se poursuivre jusqu’au 31 janvier 2022. Mais dans de très nombreuses officines, les vaccins ne trouvent pas preneurs. « Il m’en reste une centaine en stock, rapporte Nicolas Vouge, titulaire à Strasbourg (Bas-Rhin). Lors de la précédente campagne, 800 vaccins ont été délivrés en deux semaines. Cette année, il aura fallu près de deux mois, soit entre le lancement de la campagne et aujourd’hui. Ce qui a faussé le jeu, c’est que l’an dernier, beaucoup de personnes éligibles qui n’avaient pas l’habitude d’être vaccinées contre la grippe l’ont été. En 2021, nous sommes revenus à la normale avec un alignement sur 2019, année de référence. »

Dans cette officine, il n’y a pas eu difficulté à vacciner en même temps contre le Covid et contre la grippe les personnes ciblées par les recommandations vaccinales. Une vingtaine de personnes « hors cible » sont venues spontanément. Les autres n’ont pas été convaincues par l’argumentation du pharmacien.

Même situation à Gerbéviller, commune rurale de Meurthe-et-Moselle. « Je pose systématiquement la question à ceux que je vaccine contre le Covid. La réponse est que la grippe ne leur fait pas peur. J’argumente mais pour eux c’est d’abord le Covid et pour le reste on verra », explique Eric Ruspini. Dans sa pharmacie, une centaine de vaccins sur les 600 commandés attendent toujours d’être injectés.

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Titulaire à Blagnac (Haute-Garonne), Laurent Filoche s’en sort bien. Président du groupement Pharmacorp, il avait donné la consigne à ses adhérents de caler leur commande sur celle de la campagne 2019/2020. « L’an dernier, avec le vaccin antigrippe, les gens ont eu l’impression de se faire vacciner contre le Covid. En passant commande début 2021, j’ai anticipé qu’il pouvait y avoir un télescopage entre les deux vaccinations. » Dans son officine, une dizaine de personnes seulement ont accepté se faire vacciner en même temps contre le Covid et la grippe. « Par peur des effets indésirables, la plupart ont voulu laisser passer 10 à 15 jours entre les doses. »

« Les personnes ont voulu voir comment elles allaient réagir à leur troisième dose [contre le Covid-19] avant d’enclencher le vaccin contre la grippe », témoigne Françoise Amouroux, adjointe près de Bordeaux (Gironde). De son côté, le stock est épuisé : « Cela a démarré lentement en octobre puis cela s’est fait régulièrement. Les adeptes de la vaccination contre la grippe étaient au rendez-vous cette année encore. »

Matthieu Vandendriessche