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© vaccin, covid-19, Pfizer/BioNTech, Moderna, HAS, Véran - Pixabay
Vaccins antiCovid-19 Pfizer et Moderna : pourquoi le rappel est maintenu à 3 semaines
Ce 26 janvier, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, a tranché : le délai entre les deux doses des vaccins Pfizer/BioNtech (21 jours) et Moderna (28 jours) est maintenu.
Cette décision fait suite à l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS) du 23 janvier qui préconisait d’élargir à 6 semaines le délai entre deux doses de vaccin à ARN messager afin de pouvoir vacciner au moins 700 000 personnes de plus. « Toutefois, cette proposition ne fait pas consensus dans la communauté scientifique », a déclaré Olivier Véran. D’où le point sur les arguments en faveur ou non de cette recommandation de la HAS.
Les arguments « pour »
Selon des modélisations de l’Institut Pasteur, un allongement du délai entre les deux injections permettrait, en effet, de vacciner de façon significative un plus grand nombre de personnes à risques ou fragiles. Par ailleurs, les études de phase 3 montrent qu’une protection des personnes vaccinées est conférée 10 à 12 jours après la primo-injection. Enfin, pour d’autres vaccins en général, aucun effet n’a été observé lors d’un espacement entre la première dose et le rappel.
Les arguments « contre »
Pour autant, « si l’on poursuit la modélisation, fin mars-début avril, in fine, le nombre de personnes vaccinées serait le même, parce qu’il y a forcément un rattrapage chez les personnes pour lesquelles on a retardé à 42 jours la vaccination », a expliqué le Pr Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale. Le deuxième argument porte sur l’efficacité de la première dose de vaccin : « Nous n’avons aucune information scientifique disponible sur l’efficacité de la première dose, puisque tout le monde a reçu une seconde dose lors des essais cliniques ou dans la vie réelle depuis fin décembre », a souligné le Pr Fischer. En outre, les données publiées par Israël montrent que sur les sujets âgés de plus de 60 ans, la protection contre la survenue du Covid-19 dans la période comprise entre la première et la deuxième dose n’est que de 33 %, alors que dans les essais cliniques de Pfizer et de Moderna, elle était de l’ordre de 50 %. « Cela suggère que la protection pourrait être moins efficace sur les sujets âgés et donc c’est une petite mise en garde envers l’espacement des doses », a estimé Alain Fischer. Les essais cliniques ont aussi démontré que la première dose n’induisait qu’un faible taux d’anticorps notamment d’anticorps neutralisants et celui-ci n’augmente de façon nette qu’après l’administration de la deuxième dose.
Dernier argument : dans les études cliniques, très peu de personnes ont eu un rappel décalé. « On ne connaît pas du tout les effets d’un espacement alors que la population cible est une population fragile – un peu plus de 85 % des personnes actuellement vaccinées sont des personnes âgées ou malades – dont le système immunitaire n’est pas optimal. La question se pose : n’y a-t-il pas là un risque non quantifiable d’une réponse sous-optimale ? », a insisté Alain Fischer.
La prudence est de mise
Outre ces « nombreuses incertitudes et inconnues » présentées par le Pr Fischer, Olivier Véran a également avancé que plus le délai est long entre les deux injections, plus le risque « d’oublier » son rendez-vous pour le rappel est grand. Enfin, le ministre a rappelé que seuls l’Angleterre, le Québec et le Danemark avaient opté pour un espacement entre les doses. En clair, le gouvernement a choisi la prudence quitte à ne pas suivre l’avis de la HAS, ce qui est d’ailleurs une première.
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