Vaccination par AstraZeneca : quel vaccin pour la seconde dose ?

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Vaccination par AstraZeneca : quel vaccin pour la seconde dose ?

Publié le 9 avril 2021
Par Anne-Hélène Collin
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Quelques 530 000 personnes de moins de 55 ans ont reçu une première dose du vaccin anti-Covid-19 d’AstraZeneca (Vaxzevria) avant que la Haute Autorité de santé (HAS) ne change ses recommandations – et les maintienne encore à ce jour – après le signal de très rares cas de thromboses atypiques. Pas de seconde dose avec le vaccin britannique pour cette population, pour laquelle il est déconseillé, recommande ce 9 avril la HAS. « Ce serait faire courir un risque qui nous semble non négligeable chez les jeunes », argumente le Pr Elisabeth Bouvet, présidente de la commission technique de la vaccination à la HAS. Toutefois, puisqu’il faut une seconde dose de vaccin anti-Covid-19 pour assurer une protection à plus long terme, la HAS recommande, sur accord du patient, d’utiliser l’un des vaccins à ARNm disponibles (Pfizer/BioNTech ou Moderna), qui « bénéficient d’une bonne tolérance et d’une bonne efficacité », 12 semaines après l’injection du vaccin d’AstraZeneca. Une seconde dose de vaccin à ARNm n’est pas nécessaire ensuite.

Un schéma mixte à surveiller

Pourtant, la HAS recommande de mettre en place très rapidement une étude pour évaluer en vie réelle la réponse immunitaire conférée par ce schéma de vaccination mixte, ainsi qu’un suivi spécifique de pharmacovigilance. Car cette stratégie de prime boost hétérologue (la deuxième injection – boost – repose sur un vaccin issu d’une plateforme différente de la première – prime), qui donne des résultats prometteurs sur le plan expérimental et chez l’animal, « est une stratégie certes peu utilisée chez l’homme pour l’instant mais c’est un schéma très largement développé en termes de développement de nouveaux vaccins (VIH, grippe, hépatite B…) », veut rassurer le Pr Bouvet. Pour la HAS, ce schéma mixte permettrait d’obtenir une meilleure réponse immunitaire et limiterait le risque d’immunité contre le vecteur lui-même. « Tous ces vaccins ciblent la protéine S du virus », poursuit Elisabeth Bouvet qui refute toute idée d’expérimentation. En clair : « Nous n’avons pas d’inquiétude du tout sur la sécurité de faire cette deuxième dose avec de l’ARN. Là où nous manquons de données, c’est sur l’efficacité. Il n’y a pas de raison théorique pour que cette efficacité soit plus basse », résume le Pr Dominique Le Guludec, présidente de la HAS.

Des injections en moins à l’officine ?

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Et Janssen ? Ce quatrième vaccin autorisé et qui pourrait arriver prochainement à l’officine n’est pas cité dans les vaccins recommandés en seconde dose. Janssen est un vaccin à vecteur adénoviral humain (simien pour AstraZeneca) et le risque de thrombose ne peut être exclu à ce stade. D’ailleurs, l’Agence européenne du médicament (EMA) vient d’annoncer ce 9 avril avoir relevé un signal de sécurité d’événements thromboemboliques après injection de ce vaccin : 4 cas graves de thromboses atypiques avec un faible taux de plaquettes, dont un cas mortel, ont été rapportés. 

Les moins de 55 ans ayant reçu une première dose d’AstraZeneca doivent être orientés vers un centre de vaccination, seul lieu à ce jour où ils peuvent recevoir leur dose de vaccin à ARNm.

Quant aux personnes de 55 ans et plus ayant reçu leur première injection d’AstraZeneca, elles pourront recevoir leur seconde dose de ce même vaccin, 9 à 12 semaines après, comme initialement prévu.