Vaccination obligatoire des soignants : oui contre la rougeole, non contre la grippe

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Vaccination obligatoire des soignants : oui contre la rougeole, non contre la grippe

Publié le 22 juin 2023
Par Laurent Lefort
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La Haute autorité de santé (HAS) préconise une obligation d’immunisation des étudiants et professionnels de santé contre la rougeole et le maintien d’une simple recommandation de vaccination contre la grippe saisonnière, la coqueluche, l’hépatite A, les oreillons, la rubéole et la varicelle, dans un projet de recommandation mis en ligne mercredi et soumis à consultation publique jusqu’au 7 juillet 2023.

Cette préconisation s’inscrit dans le cadre d’une saisine de la Direction générale de la santé (DGS), opérée fin 2019, pour actualiser ses recommandations relatives à la vaccination des soignants. La HAS a procédé en deux temps, préconisant dans un premier volet de lever l’obligation vaccinale des professionnels de santé contre le Covid-19, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), tout en maintenant celle contre l’hépatite B.

Ainsi, tout en relevant une nette amélioration entre 2009 et 2019 de la couverture vaccinale ROR (rougeole, oreillons, rubéole) chez les soignants « malgré des recommandations inchangées » (73 % en 2019, soit + 23 points), la part de professionnels qu’il reste à vacciner contre cette maladie dans les établissements de santé en France est estimée à 15 % (soit 11 % parmi les moins de 40 ans et 18 % chez les 40 ans et plus), ceci en tenant compte également des antécédents de rougeole.

Selon deux études menées par Santé publique France (SPF), « les professionnels de santé sont impliqués dans 75 % à 83 % des cas nosocomiaux de rougeole », ce qui signifie qu’ils « pourraient être à l’origine de contaminations ».

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Comme aucun vaccin rougeole non combiné n’est disponible, la HAS préconise l’administration de deux doses de vaccin ROR « pour les personnes non vaccinées et sans antécédent documenté de rougeole, qui exercent des professions de santé en formation, à l’embauche ou en poste, en priorité dans les services accueillant des patients à risque de rougeole grave (immunodéprimés), et chez les professionnels travaillant au contact des enfants (crèches et collectivités d’enfants notamment) ».

Elle précise que lorsque les antécédents de vaccination ou de maladie sont incertains, « la vaccination doit être pratiquée sans qu’un contrôle sérologique préalable soit réalisé ».

La HAS recommande par ailleurs de maintenir le statu quo concernant les vaccinations contre la grippe saisonnière, la coqueluche, l’hépatite A et la varicelle.

Elle n’évoque pas d’obligation vaccinale contre les oreillons ou la rubéole, toutefois ces vaccins sont inclus dans le vaccin trivalent ROR avec la rougeole.

Concernant la vaccination antigrippale en particulier, la HAS évoque notamment une « efficacité imparfaite » chez les moins de 65 ans (42 % à 76 %, voire moins) et et « l’insuffisance des données disponibles sur (…) l’impact de la vaccination des soignants sur la grippe nosocomiale ».