Vaccination au domicile par les pharmaciens : un syndicat infirmier dénonce une machine à cash

© Getty Images/iStockphoto

Vaccination Réservé aux abonnés

Vaccination au domicile par les pharmaciens : un syndicat infirmier dénonce une machine à cash

Publié le 20 octobre 2023
Par Matthieu Vandendriessche
Mettre en favori

Interrogé par l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), le ministère de la Santé a indiqué qu’il est désormais possible pour les pharmaciens de vacciner à domicile, dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ou dans les collèges contre le papillomavirus.

Une prise de position qui met en colère les syndicats d’infirmiers libéraux. La Fédération nationale des infirmiers (FNI) estime qu’après avoir « enterré la hache de guerre il y a quelques années », elle sera capable de « la déterrer pour mener le combat » face à cette possibilité offerte « sans concertation ». Une même opposition franche est exprimée par le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil).

Aux yeux du ministère de la Santé, rapporte la FNI, cette autorisation se justifie par l’attribution aux pharmaciens d’une compétence en matière de vaccination, et non plus seulement d’une autorisation à pratiquer cette activité depuis 2019. Cette position s’appuie sur le décret et les arrêtés parus au Journal officiel du 9 août 2023 – et certainement aussi par l’implication de la profession au moment de la crise sanitaire. « C’est une surinterprétation des textes, fulmine Daniel Guillerm, président de la FNI. J’ai eu un contact avec le ministère de la Santé qui veut maintenant lancer des échanges avec les représentants des pharmaciens et des infirmiers pour clarifier les champs d’intervention des uns et des autres. De qui se moque-t-on ! ». De son point de vue, le ministère veut s’attirer les bonnes grâces du syndicat de pharmaciens dans la perspective des prochaines négociations conventionnelles.

L’USPO est également la cible de vives critiques. Dénonçant une « manipulation dans un but purement corporatiste », la FNI lui rappelle « que la vaccination n’est pas une machine à cash ». Le syndicat considère que les pharmaciens ont toute leur place dans les campagnes de vaccination à grande échelle et notamment dans les collèges. Mais pas au domicile des patients. L’USPO a beau affirmer que les pharmaciens n’iraient vacciner au domicile qu’à la demande d’une personne en incapacité de se déplacer et en l’absence de relation déjà établie avec une infirmière, la FNI pointe une « distorsion de concurrence ». « Ce n’est pas parce qu’il n’a pas d’infirmière que le patient doit être vu au domicile par un pharmacien. Le domicile, cela relève de l’infirmière. Si un patient ne peut pas se déplacer, c’est à elle qu’il doit faire appel ! », renchérit John Pinte, président du Sniil. Quant aux Ehpad, « les infirmières libérales ne peuvent plus y aller. Alors qu’elles ont été bien utiles au moment de la crise sanitaire », rappelle-t-il. A contrario, les pharmaciens ont déjà un pied dans ces établissements étant fournisseurs des médicaments et notamment des vaccins pour les résidents. Et le président du Sniil de conclure : « Je suis pour le partage de compétences mais pas pour qu’une profession piétine l’autre. »

Publicité