Vaccin Covid-19 AstraZeneca : vers une nouvelle dynamique ?

Depuis son arrivée en France, le vaccin anti-Covid-19 d’AstraZeneca est le « chat noir » pour reprendre l’expression de Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Après sa suspension le 15 mars et son retour en ville le 19 mars, médecins et pharmaciens ont pu constater des annulations de rendez-vous les semaines suivantes. « J’ai dû avoir environ 30 % d’annulations, explique ainsi Fabrice Camaioni, pharmacien à Revin (Ardennes). Il y a deux motifs potentiels : le premier est que le patient a trouvé un créneau horaire dans un centre de vaccination avec un vaccin ARN messager ; le deuxième est qu’il ne veut pas du vaccin AstraZeneca. » La méfiance est donc bien là. Mais elle est difficile à évaluer. Le ministère de la Santé n’a pas de données sur le sujet. « Cela dépend des pharmacies. Certaines n’arrivent pas à remplir leurs rendez-vous. En fait, beaucoup de gens se désistent mais d’autres se font vacciner », remarque Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Au sein du groupement Giropharm, on n’observe pas une réelle tendance à l’annulation : les pharmaciens vaccinent et il n’y a pas de doses perdues, explique-t-on.

De fait, après une période difficile, la vaccination semble repartir. « J’ai vacciné 11 personnes le 12 avril et je vais en vacciner autant le 14 avril. Et dimanche, nous organisons une journée de vaccination », note Brigitte Bouzige, pharmacienne aux Salles-du-Gardon (Gard) et fondatrice de la maison de santé de La Grand-Combe (Gard). « Je pensais devoir appeler de nombreux patients pour vacciner cette semaine. Finalement, j’en ai contacté 15 pour 10 rendez-vous », relate Fabrice Camaioni. Vendredi 9 avril, 140 000 injections en ville ont été réalisées. Et le taux d’utilisation du vaccin AstraZeneca est passé de près de 60 % à un peu moins de 70 % en une semaine. « Nous allons voir si cela se maintient », assure-t-on au ministère. Celui-ci, comme les pharmaciens, espère que l’ouverture de la vaccination aux 55-59 ans avec ou sans comorbidité redynamise la campagne vaccinale.