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UNE SAISON POUR REDORER LE BLASON
La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière a démarré le 11 octobre. Rétablira-t-elle la confiance ? Tel est, en tout cas, l’un des enjeux affichés par les autorités de santé pour cette saison 2013-2014.
Avec une baisse de près de 20 % du nombre d’unités sur la période septembre-janvier entre 2008 et 2012, les ventes de vaccins antigrippaux ont chuté de près de 2 millions d’unités passant de 10 à 8 millions de boîtes (source IMS). A l’occasion du lancement officiel de la campagne de vaccination 2013-2014 (voir encadré p. 11), la CNAM a dévoilé les piètres résultats de 2012 : le taux de vaccination est tombé à 50,1 % alors qu’il était de 51,7 % en 2011. Controverses à propos de la grippe A (H1N1), polémique sur les adjuvants, médiatisation à outrance ont indiscutablement dégradé le climat de confiance. Sur le front de la grippe, le recul s’explique aussi par une minimisation du risque de la part des patients. Et jusqu’ici, les mesures prises pour relancer la couverture vaccinale ont été vaines. A l’image de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) qui reprend l’objectif d’une couverture vaccinale d’au moins 75 % chez les personnes âgées de plus de 65 ans et chez les patients en ALD à risque. « Malgré les campagnes de vaccination répétées, cet objectif n’est pas atteint et a même subi un recul inquiétant depuis la vague pandémique », a constaté le Dr Anne Mosnier, co-coordinatrice nationale du réseau des Groupes régionaux d’observation de la grippe (GROG), le 3 octobre dernier, lors de la 17e journée nationale du réseau des GROG. En effet, ce taux décroît de fin 2011 à fin 2012 de 1,4 point à 56,4 % chez les 65 ans et plus et de 0,5 point à 35 % chez les patients de 16 à 64 ans en ALD.
Des médecins en décalage avec la réalité
Face à ces mauvais résultats, la CNAM a mené une enquête auprès de 315 généralistes au début de l’été. Elle met en évidence leur vision en décalage avec la réalité des taux de vaccination antigrippale des populations cibles. Ainsi, plus de 50 % d’entre eux pensent que le taux de vaccination est stable. Par ailleurs, ils surestiment la couverture vaccinale de leurs patients. Une forte proportion (71 %) propose systématiquement la vaccination à tous les patients cibles mais seulement 23 % la proposent à certains profils à risque.
Concernant la campagne de vaccination de l’hiver dernier, ces mêmes médecins portent un jugement mitigé sur les actions et outils mis en place par l’Assurance maladie. A une exception : la possibilité de délivrance directe du vaccin par le pharmacien aux patients ayant déjà été vaccinés au moins une fois et de vaccination directe par l’infirmière (97 % d’appréciations positives). En revanche, l’édition de bons gratuits par le médecin, à partir de son accès « pro » sur Ameli pour les personnes cibles non identifiées par l’Assurance maladie n’a pas eu le succès escompté.
Le ministère de la Santé et l’assurance maladie n’excluent aucune piste. Parmi elles, la détention de vaccins antigrippaux par le médecin est à l’étude mais pose des problèmes techniques dont la traçabilité et le respect de la chaîne du froid. L’autorisation de réaliser la vaccination dans les officines, évoquée par Marisol Touraine le 23 avril dernier devant le Sénat, ne soulève pas une grosse adhésion. Pas même chez Thierry Barthelmé, président de l’UTIP. « A chacun son métier. En revanche, le pharmacien peut être le coordonnateur d’une politique de vaccination efficace en recrutant des personnes vaccinables et en les adressant au médecin », a-t-il proposé lors de la journée des GROG.
Un vaccin moyennement efficace
Sa session lors de la Journée nationale du réseau des GROG s’intitulait « Des arguments pour améliorer la couverture vaccinale des personnes à risque ? ». Pourtant le Dr Laurent Letrilliart, maître de conférences au département de médecine générale de l’Université Lyon-1 a remis les pendules à l’heure quant à l’efficacité vaccinale : « Chez l’adulte de 18 à 65 ans, l’efficacité du vaccin contre la grippe saisonnière est en moyenne de 59 % et varie de 51 % à 67 % selon les années ». Les données actuelles sont insuffisantes, voire manquantes chez les populations cibles pour pouvoir valider l’efficience de la stratégie de vaccination antigrippale. Conclusion : sa réévaluation est une nécessité. Bonne nouvelle toutefois : à défaut d’avoir des vaccins 100 % efficaces, les données de la pharmacovigilance concernant leur sécurité d’emploi sont rassurantes. « En prévention de la grippe saisonnière, il n’existe pas d’alternative au moins aussi efficace et ayant aussi peu d’effets secondaires que le vaccin », a affirmé le Dr Alexis Jacquet (ANSM), qui intervient notamment dans le groupe de travail 2013 chargé pour le Haut Conseil de la santé publique d’émettre des avis sur la place des nouveaux vaccins dans la stratégie de lutte contre la grippe saisonnière. « Il faut donc dissiper les doutes sur la sécurité vaccinale antigrippale qui est sous-estimée », ajoute Laurent Letrilliart.
Il faut être transparent sur les bénéfices et les risques objectifs de la vaccination antigrippale, concluent les médecins des GROG. Une tache ardue tant la France compte parmi les pays au monde où la proportion de messages négatifs sur la vaccination est la plus élevée. Le Leem (Les Entreprises du médicament) vient de montrer la voie en lançant VaccinesToday, un site qui a vocation à rendre l’information plus accessible et plus transparente sur les vaccins. Et la publication, le 9 octobre, dans Plos One d’une étude britannique montrant que vacciner les enfants, principaux vecteurs de diffusion du virus grippal, réduirait plus efficacement la morbi-mortalité liée à la grippe que cibler les personnes âgées devrait relancer le débat. Faire de l’augmentation de la couverture vaccinale des enfants une priorité va en effet à l’encontre des recommandations de la plupart des pays industrialisés.
REPÈRES
• LA CAMPAGNE 2012-2013
– 50 % de couverture vaccinale
– 818 cas graves de grippe
– 153 décès
• LES POPULATIONS À RISQUE
– 65 ans et plus
– Asthme, BPCO
– Diabète, insuffisance cardiaque…
– Entourage familial des nourrissons de moins de 6 mois présentant des facteurs de risque de grippe grave
– Femmes enceintes
– Obésité (IMC ≥ à 40 kg/m2)
– Hépatopathie chronique avec ou sans cirrhose, prise en charge en ALD.
3 Français sur 10 prévoient de se faire vacciner
Le groupement PHR a dévoilé le 9 octobre les résultats d’un sondage IFOP mené auprès de 1003 personnes. Il montre que seuls 28 % des Français prévoient de se faire vacciner contre la grippe cet hiver, soit une baisse de 6 points par rapport à 2012. La première raison invoquée par 56 % des Français ne pensant pas se faire vacciner est le fait de ne pas en voir l’utilité. Et la seconde (23 %) est qu’ils jugent les vaccins contre la grippe trop risqués.
La campagne 2013-2014 est lancée
La campagne de vaccination se déroule du 11 octobre au 31 janvier 2014. 10 millions de personnes à risque sont invités à se faire vacciner gratuitement. Et pour le retrait du vaccin en officine, le dispositif simplifié pour les non-primovaccinants est reconduit.
L’Assurance maladie mise sur sa nouvelle campagne d’information intitulée « La grippe, ce n’est pas rien. Alors, je fais le vaccin », pour enrayer la baisse de la vaccination. Elle est déclinée à la radio, dans la presse et sur Internet, du 12 octobre au 15 novembre.
Le dépliant adressé aux assurés insiste sur les 5 bonnes raisons de se faire vacciner. Médecins, infirmiers et pharmaciens recevront de l’Assurance maladie une lettre d’information accompagnée d’un mémo sur les vaccins disponibles, les personnes concernées par la vaccination antigrippale et les modalités du dispositif (codage, facturation). Sans oublier l’incontournable affiche. Enfin, une vidéo de 25 secondes défilera sur 2 000 écrans de quelque 500 pharmacies.
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