Précautions avec AstraZeneca : troubles de l’hémostase, thromboses…de quoi parle-t-on ?

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Précautions avec AstraZeneca : troubles de l’hémostase, thromboses…de quoi parle-t-on ?

Publié le 23 mars 2021
Par Marianne Maugez
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La vaccination contre le Covid-19 avec le vaccin d’AstraZeneca reprend en officine, après l’avis positif de la Haute Autorité de santé pour les 55 ans et plus, et son avertissement sur les risques de thromboses du sinus veineux cérébral et de coagulopathies intravasculaires disséminées (CIVD). Si le pharmacien peut vacciner les femmes enceintes et les personnes avec des troubles de l’hémostase, ces patients doivent présenter une ordonnance. Troubles de l’hémostase et thromboses du sinus veineux cérébral : de quoi parle-t-on ?

La thrombose des sinus veineux cérébraux évoquée par l’Institut allemand Paul-Ehrlich pour expliquer la suspension de la vaccination par le vaccin d’AstraZeneca en Allemagne, correspond à la formation d’un caillot sanguin in situ. Dans les cas présentés, cette thrombose était associée à une thrombocytopénie, « ce qui n’est pas classique dans ce type de thrombose » explique le professeur Philippe Nguyen, président du Groupe français thrombose et hémostase (GFHT) de la Société française d’hématologie (SFH). « Même si quantitativement les cas de thromboses décrits paraissent négligeables par rapport au nombre de patients ayant reçu le vaccin, il faut une étude qualitative des dossiers pour comprendre le mécanisme de formation de ce caillot dans un site atypique comme le sinus et surtout avec une anomalie de coagulation, elle aussi insolite. Nous sommes dans une démarche de pharmacovigilance pour comprendre l’enchainement des évènements qui a conduit à la formation du thrombus ».

Et l’imputabilité des thromboses au vaccin semble d’ores et déjà complexe : « il faut rappeler que le lien entre thromboses et la maladie Covid est établi. Qu’il s’agisse de phlébites, d’embolies pulmonaires mais aussi de thromboses insolites au niveau cérébral », précise le professeur qui souhaite pouvoir avoir accès aux dossiers rapidement. « Il faut rester prudent sur les conclusions à apporter car de nombreux facteurs entrent en jeu, notamment le profil des patients ». Si ces thromboses semblent être imprévisibles, l’analyse des cas pourra peut-être pointer certains « contextes favorisants ».

Quant aux troubles de l’hémostase qui ne permettent pas aux pharmaciens de vacciner sans prescription médicale, le professeur Nguyen estime qu’il n’y a pas de rapport « A mon avis, il était plutôt question d’évaluer un risque hémorragique à cause de l’injection en intramusculaire. Même si le terme est large, il fait ici référence aux patients hémophiles ou présentant une maladie hémorragique plutôt qu’aux patients à risque de thrombose ».

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