Le biberon en verre renaît

Le verre revient en force au rayon biberonnerie, dans la presse parentale comme dans les forums de discussion de jeunes parents. Les pharmaciens eux-mêmes le recommandent, à l’image de la Pharmacie Saint-Martin, à Amiens (Somme), qui n’hésite pas à lui consacrer une large place sur son site Internet en le présentant comme « le plus sain par nature ». « On peut parler d’un renouveau du biberon en verre, confirme Laurent Zuber, directeur général de la division pharmacie du groupe SGD, leader mondial du flaconnage en verre pour la parfumerie, la cosmétique et la pharmacie. Nous sommes très sollicités par les marques et nos ventes ont été multipliées par 6 entre 2008 et 2009 pour atteindre 1,2 million d’unités l’an dernier. Nous pensons arriver dans un proche avenir à 2 millions-2,5 millions de cols. »

Plusieurs facteurs ont contribué à remettre en avant le biberon de nos grands-parents. Le premier est bien sûr lié au bisphénol A qui entre dans la composition de certaines matières plastique, suspecté de dangerosité pour les nouveau-nés. Partie du Canada, la polémique a rapidement trouvé écho en France. En avril 2009, au nom du principe de précaution, la Mairie de Paris a ainsi interdit l’usage des biberons en plastique dans ses 28 000 crèches et haltes-garderies, suivie par un certain nombre de grandes villes de l’Hexagone. Et, le 29 janvier 2010, l’AFSSA a rendu un avis sur les effets toxiques du bisphénol A indiquant clairement qu’un risque demeure quant à la dangerosité de ce produit.

Les fabricants surfent sur la tendance

dBb Rémond, le créateur du biberon à vis (en 1946), a une longueur d’avance sur ses concurrents. « En 2009, à cause de la suspicion pesant sur le polycarbonate, les consommateurs ont demandé massivement du verre et nous avons doublé les sorties de biberons en verre, confirme Colette Amos, directrice générale de dBb-Remond. Cette année, la demande s’est un peu calmée, mais nous vendons toujours plus de biberons en verre que de biberons en plastique. » dBb Rémond propose donc la gamme la plus large du marché, composée de 22 références de biberons en verre, déclinées en trois contenances : 110 ml, spécialement créée pour les services de maternité hospitaliers, et 240 ml et 290 ml pour un usage domestique. La société a d’ailleurs profité de la refonte de son identité et de son univers de marque opérée au début de l’année pour lancer deux nouveaux biberons en verre borosilicate, décorés de papillons.

Cette tendance au retour du biberon en verre ne bénéficie évidemment pas qu’à un seul intervenant. Bébisol, Beaba, Nuk, Dodie et la plupart des grands de la puériculture surfent également sur cette vague montante. Considéré par les parents comme plus rassurant que le biberon en plastique, il en séduit aussi beaucoup par sa matière naturelle. Une qualité bien dans l’air du temps qui vient s’ajouter au fait qu’il est facile à nettoyer, qu’il ne s’altère pas avec le temps et qu’il est stérilisable à haute température. Pour ses détracteurs, il garde en revanche le handicap de la fragilité. Un argument qui n’a pas échappé au groupe SGD. « Nous proposons un nouvel accessoire, une chaussette en silicone dans laquelle insérer le biberon, explique Laurent Zuber. Plus de risque de casse en cas de chute. »

Une réglementation en 2011

Les députés ont débattu jeudi 17 juin de la proposition de loi sénatoriale d’instaurer la suspension de la commercialisation des biberons contenant du bisphénol A. Au vu des interventions, le texte devrait être voté à l’unanimité de tous les groupes, avec l’accord du gouvernement, dans la version du Sénat. Dans cette hypothèse, la suspension de la commercialisation de ce type de biberons interviendrait dès la promulgation de ce texte. Le gouvernement a donné rendez-vous aux députés en janvier 2011 pour statuer sur l’évolution de la réglementation, a indiqué la secrétaire d’Etat au développement, Valérie Létard.