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L’argent fait-il le bonheur ?
Le premier avenant à la convention pharmaceutique signé le 10 juin se penche sur la rémunération des missions officinales. Se pose la question de savoir si les tarifs qui ont été fixés sont suffisamment attractifs pour motiver toutes les officines à s’y mettre.
La vaccination en tête de pont pour la rémunération
Ainsi, ces nouvelles missions sont-elles suffisamment bien rémunérées pour donner à la profession l’envie de se lancer ? « Cet avenant renforce encore davantage le rôle de proximité du pharmacien, en particulier en matière de prévention et de dépistage pour soutenir et améliorer l’accès aux soins », s’est félicitée la Cnam. Il faut dire que, dans le domaine de la vaccination, la profession a fait un bond en avant spectaculaire : 5,5 millions d’actes pour la campagne de la grippe saisonnière 2023 ont été réalisés en officine, soit 3,9 points de plus que l’année précédente, alors que dans le même temps le nombre de Français vaccinés a reculé de 7,3 %. Et pour aller encore plus loin, la Cnam proposera désormais un paiement annuel de 3 € supplémentaires par code de vaccination de 9,60 € facturé (prescription et injection) afin d’inciter à la promotion de la vaccination. A condition cependant que ce nombre d’actes soit supérieur à 5 % de l’ensemble des rappels vaccinaux réalisés à l’officine (code RVA) en 2024, à 15 % en 2025 et à 25 % en 2026. Puis, sous réserve de clause de revoyure d’ici là, l’Assurance maladie propose de changer de modalité de rémunération à partir d’avril 2027 et de créer, à compter de cette date, un honoraire de prescription de vaccinations recommandées de 7,50 € lorsque le patient ne dispose pas d’une prescription préalable, cumulable avec l’honoraire de vaccination de 7,50 €.
Mais la grande nouveauté sera sans aucun doute la dispensation d’antibiotiques par les pharmaciens sans prescription médicale préalable pour les angines et les cystites. Proposée par l’Assurance maladie, la mesure a été avalisée par le gouvernement dans le budget de la Sécurité sociale pour 2024. Toutefois, la bataille pour la rémunération de cette mission a été rude entre les syndicats et la Cnam. Finalement, la FSPF a accepté une rémunération différenciée selon le résultat du Trod : 10 € TTC en cas de test négatif et pas de nécessité d’antibiotique et 15 € dans le cas contraire.
Une Rosp exceptionnelle pour lancer la machine
Globalement, c’est l’ensemble des missions officinales que les pouvoirs publics ont souhaité booster rapidement. Ainsi, un nouvel entretien pour les patients sous traitement opioïde pourra être proposé par le pharmacien lors d’un renouvellement de l’ordonnance afin d’alerter sur les risques de dépendance. Rémunération : 5 €. Par ailleurs, pour lancer la machine sur toutes les autres missions prévues par la convention, la Cnam va mettre en place une rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) exceptionnelle en 2024, d’un montant potentiel de 900 € par officine. Cette prime pourra notamment valoriser à hauteur de 50 € la réalisation d’au moins un entretien pour femme enceinte ; de 400 € le fait d’effectuer au moins un entretien auprès de patients chroniques (entretiens pharmaceutiques ou bilans de médication) ; la progression d’au moins 10 % par rapport à l’année dernière du nombre de remises de kits de dépistage du cancer colorectal pour 250 € ou encore l’aménagement des locaux pour réaliser des tests urinaires pour 100 € et la réalisation d’au moins un Trod angine pour 50 €.
Au total, l’enveloppe accordée aux missions pharmaceutiques devrait atteindre 27 millions d’euros en 2024, 112 millions en 2025 et 170 millions en 2026. Ces sommes ne tiennent pas compte des entretiens de prévention qui devraient également se déployer dans les prochains mois. Ceux-ci pourraient être véritablement lancés au second semestre. Voulus par le président de la République, ils auraient dû démarrer en début d’année mais les textes réglementaires n’ont paru qu’à la fin du mois de mai. Ces bilans de prévention d’une trentaine de minutes ont vocation à être offerts à tous les assurés sociaux à quatre âges clés de l’existence : 18-25 ans, 45-50 ans, 60-65 ans et 70-75 ans inclus. Ils doivent permettre le repérage des risques individuels et établir avec le patient un plan personnalisé de prévention qui sera envoyé également au médecin traitant. Le pharmacien peut aussi orienter son patient vers des ressources disponibles dans sa région, par exemple pour entreprendre l’arrêt du tabac. Ces bilans peuvent être réalisés indifféremment par un professionnel médecin généraliste, sage-femme, infirmier ou pharmacien. Ils sont rémunérés pour tous à hauteur de 30 €. Selon un sondage réalisé par l’USPO dans les Hauts-de-France en début d’année, 82 % des pharmaciens se disaient prêts à s’engager dans cette nouvelle mission, tout en jugeant la rémunération insuffisante.
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