Grippe : des vaccins au cabinet des généralistes ?

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Grippe : des vaccins au cabinet des généralistes ?

Publié le 14 janvier 2025
Par Laurent Lefort
MG France, influent syndicat de médecins généralistes, réclame la mise à disposition de vaccins contre la grippe dans les cabinets médicaux. Ce n'est pas une première.

Nous écrivions hier 13 janvier que Michel-Edouard Leclerc avait quelques marottes. Force est de constater qu’il n’est pas le seul.

«  Vaccins grippe : il en faut dans nos frigos ! ». MG France réclame que soit enfin autorisée la détention de vaccins dans les réfrigérateurs des médecins généralistes, explique le syndicat le 14 janvier 2025. Cette mesure simple, de bon sens, ne coûtant pas un euro supplémentaire à la collectivité, permettrait aux médecins généralistes la vaccination d’opportunité de leurs patients « au fil de l’eau » lors des consultations de suivi habituel, justifie-t-il.

Une insistance récurrente

« Que cette interdiction d’un autre temps, qui ne profite pas à la santé publique, soit enfin levée », réclame avec véhémence le syndicat. Comme chaque année depuis plus de 10 ans, d’ailleurs, rappelle-t-il au passage…

Lors de la campagne saisonnière de vaccination contre la grippe 2023-2024, la Confédération des syndicats médicaux de France (CSMF), syndicat de médecins libéraux, avait également réclamé la possibilité d’avoir des stocks de vaccins dans les cabinets des médecins,  Compte tenu de la faible vaccination antigrippale des 65 ans et plus.

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Quelques années plus tôt, ils avaient d’ailleurs bien failli obtenir gain de cause mais… L’estimant « contraire à la constitution », le Conseil constitutionnel avait supprimé l’article 67 de la loi de financement de la sécurité sociale 2017 autorisant les médecins à détenir dans leur cabinet médical un stock de vaccins contre la grippe à administrer aux patients.

Cette autorisation avait été introduite par Marisol Touraine, alors ministre de la Santé, lors des débats autour du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), face à la fronde des médecins qui contestaient l’expérimentation de la vaccination par les pharmaciens.

« Si les pharmaciens vaccinent des patients, comment leurs médecins seront-ils au courant alors que le dossier médical partagé n’existe pas ? Donnons plutôt un stock de vaccins aux médecins, en liaison avec leur pharmacien de proximité », argumentait à l’époque Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF.

De l’influence des missions pharmaceutiques

« S’agissant des nouvelles missions des officines, je ne pense pas que l’avenir de la pharmacie soit de faire de la  » petite médecine générale « . Cependant, tout ce qui contribue à fluidifier le parcours du patient ne doit pas être la chasse gardée d’une profession. Certes, les protocoles de coopération ne sont pas vraiment de nature à faire gagner du temps médical. Ce ne sont pas les consultations pour cystite qui embolisent les cabinets médicaux. La vaccination non plus », expliquait en juin 2024, Yohan Saynac, médecin généraliste à Pantin (Seine-Saint-Denis), coprésident de la communauté professionnelle territoriale de santé de Pantin, délégué régional Ile-de-France du syndicat MG-France. Qui reconnaissait d’ailleurs  que « toutes les professions sont corporatistes ! Le  » corporatisme « , ce n’est pas un gros mot, on parle de la défense d’un métier. Il faut des corps organisés pour faire face aux décisions parfois absurdes des politiques. »

La demande de MF France s’inscrit cette année dans un contexte épidémique agressif auquel font face des stocks de vaccins pour le moins tendus.