Effets indésirables des vaccins anti-Covid-19 : un problème, quel problème ?

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Effets indésirables des vaccins anti-Covid-19 : un problème, quel problème ?

Publié le 10 juin 2022
Par Anne-Hélène Collin
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Saisi pour mener une enquête sur les effets indésirables des vaccins anti-Covid-19, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a rendu son rapport préliminaire le 9 juin. Conclusion : il y a bien un problème. Mais ce n’est pas un problème de surveillance des effets indésirables… Alors lequel ?

Plusieurs semaines de travail, 24 auditions (dont la dernière sous format contradictoire), 50 intervenants. L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) a publié le 9 juin son rapport d’étape sur les effets indésirables des vaccins contre le Covid-19 et le système de pharmacovigilance français, après avoir été saisi, en février dernier, par la commission des affaires sociales du Sénat. C’est le succès d’une pétition demandant la création d’une commission d’enquête sur le sujet (plus de 33 000 signatures en un mois) et l’existence de plusieurs pétitions sur le même sujet, qui ont déclenché cette mission. Laquelle s’est déroulée dans un climat de « tension inédite », selon Cédric Villani, président de l’OPECST. « La campagne de vaccination a été source d’inquiétudes pour une partie de la population, car les vaccins utilisés ont été développés à une vitesse inédite et grâce à de nouvelles plateformes vaccinales », explique l’office, en préambule.

Au final, les parlementaires saluent le travail de la pharmacovigilance française. « Le système de surveillance des médicaments, piloté par l’ANSM, a fait preuve d’une mobilisation remarquable et d’une transparence inédite au cours de la campagne vaccinale contre la Covid-19, conclut l’OPECST. Les centres régionaux de pharmacovigilance ont examiné les déclarations d’événements indésirables dans un volume inconnu jusqu’alors, et le GIS EPI-PHARE a pu, grâce à de nombreuses études pharmaco-épidémiologiques, apporter des informations à l’échelle populationnelle, sur l’efficacité des vaccins ou encore la survenue de myocardites en lien avec la vaccination. Ces deux approches complémentaires ont permis d’identifier rapidement les signaux de vigilance, d’affiner en temps quasi réel l’estimation de la balance bénéfices/risques associée à chaque vaccin et, lorsque nécessaire, de faire évoluer rapidement leur place dans la campagne de vaccination. » Un regret : « les financements n’ont pas été à la hauteur du surplus d’activité et que des réformes structurales menacent son fonctionnement ».

Des DGS-Urgent pas clairs

Le rapport pointe une communication « trop discrète » des agences sanitaires, qui a laissé place à la défiance de la population à l’égard des vaccins. « Il a été regretté que la campagne vaccinale ait été menée par des acteurs politiques et non par les institutions telles que la Direction générale de la santé et Santé publique France – qui ont, dans les faits, été à la manœuvre, mais en second plan », explique l’OPECST. De même, la transmission des informations auprès des professionnels de santé n’a pas toujours été une réussite. « L’information ayant trait aux effets indésirables (…) aurait dû être fournie de manière active aux professionnels de santé. C’est la vocation des « DGS Urgent », mais ceux-ci n’apportent pas la clarté requise », lance l’OPECST. Qui tacle également certains dispositifs d’incitation à la vaccination déployés par l’exécutif, notamment la mise en place, début 2022, du pass vaccinal « pour tenter de faire aller à la vaccination les 5 à 10 % de personnes qui s’en tenaient à l’écart ». « Force est de constater que ses objectifs n’ont pas été atteints et il est à craindre que cette politique plus contraignante ait des conséquences sur l’adhésion à la vaccination en général », souligne l’office.

Transparence et reconnaissance

Pour restaurer la confiance, l’OPECST mise sur une communication transparente et complète sur l’existence d’effets indésirables, sur une action vigoureuse pour encourager les professionnels de santé à déclarer des évènements indésirables, sur un soutien adapté au système de pharmacovigilance dans son ensemble et sur la reconnaissance et un accompagnement des personnes qui souffrent d’effets indésirables, « qui, pour une part d’entre elles, se trouvent marginalisées et parfois en situation d’errance médicale. »

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« En dernier lieu, les rapporteurs tiennent à affirmer solennellement que nul ne peut accepter une telle polarisation de la société entre les défenseurs du vaccin et ceux qui craignent qu’ils soient la cause d’effets indésirables nombreux et graves, écrit l’OPECST. La vérité scientifique, qui n’exclut pas les nuances et peut évoluer, doit être la référence qui guide les décisions politiques et permet d’apaiser les tensions trop nombreuses. » Message à peine déguisé aux politiques qui surfent sur les arguments antivax dans leurs campagnes électorales.