Campagne automnale anti-Covid-19 : un démarrage mou (pour l’instant ?)

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Campagne automnale anti-Covid-19 : un démarrage mou (pour l’instant ?)

Publié le 5 octobre 2022
Par Francois Pouzaud et Anne-Hélène Collin
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La nouvelle campagne de vaccination contre le Covid-19 a démarré officiellement lundi 3 octobre. Timidement dans les pharmacies. 

« J’ai eu ma toute première demande de patient pour l’injection de la deuxième dose de rappel avec un vaccin bivalent adapté au variant Omicron dès le lendemain, ce 4 octobre, témoigne Pierre-Edouard Poiré, installé en centre commercial à Saint-Ouen L’Aumône (Val-d’Oise). Mais n’ayant commandé que le nouveau vaccin développé par Pfizer (Comirnaty Original/Omicron BA.4-5) et ne l’ayant pas encore reçu, je l’ai invité à patienter un peu pour fixer une date de rendez-vous ». Une fois livré des nouveaux vaccins, ce pharmacien devrait planifier les premiers rendez-vous à la suite de ceux déjà planifiés sur les 15 jours à venir avec la version monovalente de ce vaccin. « Les demandes de rappel (99 % des cas) étant faibles, je planifie actuellement deux jours de vaccination par semaine », confie-t-il.

En revanche, comme chaque année à l’approche du début de la campagne vaccinale contre la grippe saisonnière, ce pharmacien est très sollicité par les demandes de vaccins antigrippaux. « Les patients ont déjà reçu leur bon de prise en charge et anticipent le démarrage de la campagne en réservant leur dose », explique-t-il.

La pharmacie Roure à la Seyne-sur-Mer (Var) constate un début de frémissement des demandes suscité par l’annonce de cette nouvelle campagne de rappel vaccinal contre le Covid-19 : « On voit un peu plus de demandes de vaccination depuis fin septembre. »

Curieusement, c’est dans la pharmacie de quartier de Régine Leroy à Grenoble (Isère) que les clients se manifestent le plus pour recevoir une nouvelle injection. « J’ai été livrée jeudi 29 septembre de deux flacons de Moderna (Spikevax bivalent Original/Omicron BA.1) et dans mon calendrier j’ai un nombre suffisant de patients pour utiliser 3 flacons de 5 doses. Les prises de rendez-vous s’étalent pour l’instant jusqu’au 20 octobre, et sont fixées en fonction des délais à respecter entre deux doses de rappel. Les demandes des patients sont parfois surprenantes, en particulier quand ils souhaitent une vaccination concomitante grippe/Covid. Tantôt elles portent sur la vaccination grippe associée à une 4e dose de rappel nouvelles souches du variant Omicron, tantôt sur une vaccination grippe associée à une 4e dose de l’ancien vaccin », s’étonne Régine Leroy.

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L’absence de données cliniques sur les vaccins bivalents en serait-elle la cause ? Reste que la planification des dates de rendez-vous pour les primo-injections risque de s’intégrer difficilement dans le cadre de cette nouvelle campagne vaccinale contre le Covid-19. « Les demandes seront tellement faibles que, même sur une période de 15 jours, on n’est pas certain d’avoir 5 ou 6 doses à injecter pour éviter d’avoir à jeter un flacon de vaccin monovalent entamé », craint Pierre-Edouard Poiré.

Des stocks à foison

Les chiffres du ministère de la Santé et de la Prévention, dévoilés ce 5 octobre en conférence de presse, confirment ce démarrage en douceur : 44 000 injections ont été enregistrées depuis lundi 3 octobre, dont 21 000 rappels. Parmi ces rappels, 3 000 ont été réalisés avec un vaccin bivalent. 25 millions de Français sont visés par cette nouvelle dose de rappel, dont 17 millions éligibles immédiatement, estime le ministère, qui compte bien lancer une campagne d’information pour le grand public.

Si les vaccins bivalents arrivent progressivement en ce début de campagne, le ministère de la Santé se dit « serein » quant à l’état des stocks disponibles. Il dispose déjà de 8 millions de vaccins adaptés à la commande : plus de 500 000 doses de Spikevax Original/Omicron BA.1 de Moderna (à partir de 30 ans), 2,6 millions de doses de Comirnaty Original/Omicron BA.4-5 de Pfizer/BioNTech (à partir de 12 ans), mais aussi 5,2 millions de doses de Comirnaty Original/Omicron BA.1. Ce dernier n’est volontairement pas proposé aux professionnels de santé vaccinateurs « pour ne pas complexifier les commandes », explique le ministère, qui le réserve en cas d’apparition de nouveaux variants. Au total, d’ici la fin de l’année, ce sont 25,7 millions de doses de Comirnaty bivalent et 12,4 millions de doses de Moderna bivalent qui sont attendues par la France. De quoi couvrir toutes les cibles, et même plus. Les personnes hors recommandations qui souhaitent recevoir une dose de rappel peuvent se faire vacciner. « Il n’est pas question d’empêcher qui que ce soit de se faire vacciner », ajoute le ministère de la Santé.