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Ça pique !
Désormais généralisée, la vaccination contre la grippe saisonnière en officines nécessite de s’y préparer. Les groupements et les officines proposent des méthodes et des astuces pour pratiquer ces injections sereinement… revue de détails pour éviter toutes démangeaisons !
C’est parti ! Depuis janvier dernier, on sait que toutes « les pharmacies pourront vacciner contre la grippe, en complément des autres professionnels de santé qui vaccinent déjà ». La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, l’a annoncé, en personne, lors de ses vœux à la presse. Après l’expérimentation dans deux puis quatre régions, les 22 000 croix vertes peuvent se préparer à cette nouvelle mission. S’il reste des détails à préciser à l’heure où nous mettons sous presse (concernant la déclaration, le temps d’attente des patients etc), l’essentiel est dans le décret du 23 avril, consolidé au 3 mai.
FAITES PASSER le message.
Durant deux saisons d’expérimentation, le processus pour mettre en place la vaccination en officine s’est rodé. Les organismes de formation ont préparé des modules calibrés, pratiques et théoriques. « Nous avons privilégié les formations en présentiel, sur une journée, avec des groupes restreints pour aborder tous les points du décret, de la communication, l’acte de piquer, le dépôt du dossier aux Agences régionales de santé (ARS)… », explique Sophie Nicolas, responsable formation chez Giphar. « L’idée était d’accompagner les titulaires, pour qu’ils sachent ce qu’ils avaient à faire de façon très praticopratique en sortant de la session, y compris les courriers à préparer pour les ARS ». Chez Pharmactiv, « on a formé tout le réseau », explique le directeur général Serge Carrier, qui a choisi de ne plus multiplier les campagnes mais de se focaliser sur seulement deux cette année, dont une sur la vaccination. Concrètement, dès l’an dernier, les pharmaciens concernés avaient à disposition une formation d’une journée via l’OCP. De plus, une fiche récapitulative précisait les symptômes de la grippe versus le rhume, les conseils pour ne pas attraper le virus et ne pas le transmettre. Et un guide d’aide à la vaccination informait sur les patients cibles, sur la manière de poser sa candidature aux ARS étape par étape, sur le matériel à rassembler et sur la rémunération. Pour le back-office, un poster de formation sur le vaccin Influvac était également inclus dans le pack. Le tout était complété par une affiche à destination du grand public annonçant « Grippe saisonnière : votre pharmacien vous vaccine » et des badges « Ici, nous vaccinons contre la grippe » à porter par l’équipe. Désormais, des coverings « vaccination » sont également proposés pour les vitrines. Et du fait de la généralisation de la mission à l’ensemble du territoire, les affiches et autres éléments de communication devraient être beaucoup plus nombreux encore cette année. Pharmactiv a déjà prévu des posters à placer dans la salle de confidentialité où se déroule l’acte. « Les pharmaciens nous disent qu’ils souhaitent afficher cette expertise et son mode de fonctionnement dans cette pièce. Cette nouvelle affiche sera plus détaillée sur le rôle du pharmacien », commente Amel Magmagui, responsable marketing du réseau, dont « 95 % des 500 officines éligibles l’hiver dernier se sont mises à vacciner ».
BIEN se préparer.
Si la plateforme de l’Agence régionale de santé (ARS), permettant d’adresser les documents et courriers, a connu quelques bugs au démarrage de l’expérimentation, ces derniers ont vite été réglés. Et les phases de préparation vont être encore simplifiées dès cette année. « Tout s’est fait par internet, c’est pratique », estime Henri Claeys, titulaire de la Grande Pharmacie de France, membre du réseau Boticinal, à Lille (59). Comme cette officine, la plupart des pharmacies disposent de pièces susceptibles d’ accueillir des patients et le matériel (les compresses, une solution antiseptique…) est facile à rassembler. Plus compliqué, les pharmaciens doivent se débarrasser de leurs éventuelles réticences. « Les premiers freins concernaient la crainte de prendre les affaires des infirmières et des médecins, mais l’expérience a montré que non. […] De plus, une fois formés on a remarqué que les pharmaciens n’avaient pas peur, ils parlent avec aisance, ne font pas mal… Il y a eu un effet boule de neige positif », estime Pierre-Xavier Frank, directeur des affaires pharmaceutiques de Giphar.
ÊTRE au top le jour J.
Une fois les campagnes lancées, les équipes ont pu, au comptoir, proposer la vaccination à leurs clients ayant le profil type des patients cibles (plus de 65 ans, femmes enceintes, asthmatiques, diabétiques…) et susceptibles d’avoir reçu un bon de l’Assurance maladie, sésame indispensable. A la Grande Pharmacie de France à Lille, où passent plus de 1 000 clients par jour, les trois adjoints et le titulaire formés à la faculté locale ont vacciné sans rendez-vous. « Nous avons imprimé à l’avance le document de consentement à faire signer », confie le titulaire qui a trouvé ce moyen pour gagner quelques minutes au moment des plus de 110 actes finalement pratiqués. « Nous sommes dans l’hypercentre, il y a peu d’habitants autour, très peu de personnes âgées, l’environnement est atypique », souligne le titulaire pour expliquer le peu de vaccinations réalisées. Chez lui, comme ailleurs, des patients ont spontanément sollicité la piqûre, y compris les non éligibles. « Cette année, certains nous ont demandé de les vacciner même si ce n’était pas pris en charge », remarque Henri Claeys. Dans ce cas, l’officine doit refuser. Toutefois, la plupart des pharmaciens formés se sont fait la main sur leur conjoint, leurs enfants, voire leurs salariés. C’est toujours une expérience d’acquise ! Selon les pionniers, le plus difficile dans le protocole, a été de faire patienter les gens 15 minutes après la piqûre. « En fait nous avons commencé par les questions obligatoires puis vacciné, et seulement après, nous avons fait remplir les papiers », explique Frédéric Pappalardo, co-titulaire de la Pharmacie du Grand M de Montpellier (34). Ce laps de temps a servi à combler l’attente. Dans les faits, peu ont respecté cette contrainte. Désormais, il suffit de « Repérer tout problème physique, psychique ou cognitif qui nécessiterait d’orienter vers le médecin traitant ».
50 %C’EST LE POURCENTAGE DE LA POPULATION CIBLE FINALEMENT VACCINÉE CONTRE LA GRIPPE LORS DE LA DERNIÈRE SAISON. OR, L’OMS RECOMMANDE UNE COUVERTURE À 75 %.
TémoignageVacciner à toute heure
A la Pharmacie du Grand M à Montpellier (34), on s’est donné les moyens de réussir l’expérimentation de la vaccination contre la grippe saisonnière. Deux des trois titulaires et trois des cinq adjoints ont été formés chez Ospharm ou à la faculté de la ville. « Nous voulions vacciner sur toutes les plages horaires », précise Frédéric Pappalardo le co-titulaire d’une officine ouverte de 8 h 30 à 20 h en semaine et à la fréquentation moyenne de 700 clients par jour. « Les gens étaient en attente dès l’expérimentation précédente. Nous avons vacciné plus de 300 personnes, soit environ un tiers des vaccins que nous délivrons. La majorité étaient des clients habituels, mais d’autres sont venus car leur officine ne vaccinait pas, ou bien envoyés par des infirmiers débordés », poursuit le pharmacien, qui a seulement communiqué via Facebook et des affiches sur le point de vente.
« Nous avons apprécié de passer 10/15 minutes avec ces gens. Ils nous voyaient sous un autre angle, sur le cœur du métier. Nous avons pris de l’importance dans leur vie en tant qu’acteur de santé ».
23 % DES VACCINS ANTIGRIPPAUX, RÉALISÉS EN PHARMACIES PENDANT LA CAMPAGNE 2018/2019, CONCERNENT DES PRIMO VACCINATIONS.
POUR ALLER + LOIN
Le Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (Cespharm) met à disposition des documents librement téléchargeables sur http://www.cespharm.fr/fr/Prevention-sante/Catalogue/(cible)/85/(theme)/122/
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