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Avec AstraZeneca, anticipez, vaccinez !
Les pharmaciens vont pouvoir prescrire et administrer le vaccin anti-Covid-19 d’AstraZeneca à l’officine. La mise en œuvre de cette nouvelle compétence risque de se révéler bien plus complexe qu’il n’y paraît en raison du nombre de doses livrées, de leur conditionnement et de l’afflux de patients.
Depuis cet été, la profession, forte de son expérience en matière de vaccination antigrippale, n’a eu de cesse de monter au créneau afin de pouvoir vacciner contre le Covid-19. L’autorisation de mise sur le marché, fin janvier, du vaccin d’AstraZeneca va enfin permettre aux pharmaciens de passer à l’acte, En effet, les conditions de conservation de ce vaccin, entre + 2 et + 8 °C, facilitent son transport jusqu’aux officines. L’organisation de la délivrance et de la vaccination dans les pharmacies ne va toutefois pas s’avérer aussi simple que celle de la vaccination contre la grippe.
Des conditions de transport exigeantes
Premier point : les premières doses d’AstraZeneca ne seront pas destinées aux pharmaciens pour qu’ils vaccinent, mais aux médecins. La France attend 700 000 doses la semaine du 22 février et 1,1 million celle du 28 février, soit 1,8 million de doses destinées à la ville. Les grossistes-répartiteurs sont chargés de livrer ces vaccins aux officines qui les distribueront aux médecins, puisque la vaccination des personnes de 50 à 64 ans vise d’abord les patients avec comorbidités et commencera donc dans les cabinets médicaux. De fait, les pharmaciens ne pourront pas vacciner avant début mars. Dans le meilleur des cas.
Quoi qu’il en soit, de nombreuses problématiques se posent d’emblée. Certes, le vaccin d’AstraZeneca n’a pas à être conservé au congélateur, mais le respect de la chaîne du froid reste primordial. « Les grossistes-répartiteurs vont gérer le dernier kilomètre et les pharmaciens et médecins les derniers mètres », résume une source proche du dossier. Or, la gestion de ces derniers mètres nécessite la plus grande précaution : les flacons, qui contiennent 10 doses chacun, doivent être maintenus à la verticale et ne pas être secoués afin d’éviter tout contact entre la solution et le bouchon, le risque d’interaction n’ayant pas été évalué ; ils doivent aussi être protégés de la lumière. En clair, pas question de donner aux médecins un ou des flacons dans un simple sac. C’est d’ailleurs pour cette raison que la profession a demandé à Santé publique France de fournir aux officinaux des sacs isothermes. Ces conditions de transport impliquent donc la plus grande vigilance de la part des pharmaciens et des médecins, sachant que les grossistes-répartiteurs disposent d’une minute maximum pour la préparation des cartons de vaccin ! La logistique du vaccin d’AstraZeneca ne ressemble donc pas du tout à celle des vaccins antigrippaux.
Une prise de rendez-vous au cordeau
Deuxième point de vigilance pour les pharmaciens : la prise de rendez-vous lorsqu’ils pourront effectivement vacciner les Français. Les 50-64 ans représentent environ 13 millions de personnes, dont 4 millions avec des comorbidités. Même si les personnes à risque seront probablement vaccinées dans les cabinets médicaux, les pharmacies vont être confrontées à une demande plus forte que pour la vaccination contre la grippe. L’organisation de la prise de rendez-vous est par conséquent primordiale, d’autant qu’une fois ouvert un flacon se conserve seulement 6 heures à température ambiante et 48 heures au froid. Ce qui implique de vacciner au minimum 10 personnes rapidement.
Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), incite les pharmaciens à anticiper cette prise de rendez-vous. Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO) et du groupement Pharmacorp, a déjà travaillé sur le sujet. « C’est la même problématique qu’avec les tests antigéniques. Nous avons noué un partenariat avec mesoigner.fr pour les tests et nous allons faire de même pour la vaccination. Les patients prendront rendez-vous en ligne, les pharmaciens le confirmeront, et les informations données par les patients permettront à mesoigner.fr de renseigner directement le système d’information vaccin Covid (SI-VAC) grâce à une passerelle informatique. De plus, le rendez-vous pour la seconde injection sera pris automatiquement », détaille Laurent Filoche.
Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), préconise aux officinaux d’attendre. Il est en effet question qu’une plateforme nationale soit mise en place pour que le gouvernement puisse mieux gérer l’approvisionnement. « Les patients prendront rendez-vous auprès de leur pharmacien et celui-ci rentrera les informations sur cette plateforme », explique-t-il. L’arbitrage devrait être rendu à la fin de la semaine du 8 février.
Organiser le flux des patients
Mais quel que soit le dispositif retenu (à la main des pharmaciens, des groupements, national ou mixte), les pharmaciens devront en amont accueillir les patients afin de vérifier leur éligibilité et les garder sur place 15 minutes pour les surveiller après la vaccination. Sans oublier le renseignement du SI-VAC. « Les pharmaciens reprendront le questionnaire utilisé par les centres de vaccination », estime Gilles Bonnefond. Quant à Philippe Besset, il conseille d’aménager un espace avec quelques chaises pour la surveillance des patients. Concrètement, les pharmaciens devront vacciner par plages horaires. De fait, ils vont devoir penser à l’organisation du flux des patients au sein de l’officine et de leurs équipes officinales. Combien de patients accueillir en même temps ? Comment Crédit gérer le flux entre les patients qui viennent se faire tester, ceux qui se feront vacciner et les autres ? Combien de pharmaciens pourront vacciner et combien seront au comptoir avec les préparateurs ? Faut-il envisager une formation pour les officinaux qui n’en ont pas suivi une (le préalable à la vaccination est, selon la Haute Autorité de santé, d’être déjà formé et d’avoir déclaré cette activité) ? « Des formations sont déjà proposées et les officinaux doivent anticiper ce point, car des pharmaciens qui ne vaccinaient pas contre la grippe souhaitent le faire contre le Covid », observe Philippe Besset. Il est néanmoins certain que, comme pour la campagne vaccinale antigrippale, l’ensemble des pharmacies ne proposera pas la vaccination anti-Covid.
Flux poussés ou flux tirés
La question des commandes aux grossistes va également se poser. Le déconditionnement des boîtes de 10 flacons est acté afin de mieux répondre aux besoins du terrain quels que soient les vaccinateurs. De fait, un code identifiant de présentation (CIP) par flacon a été créé. Les grossistes-répartiteurs prépareront les livraisons, ainsi que celles des seringues et des aiguilles avant de les acheminer vers les officines. Cependant, compte tenu du nombre limité de doses livrées en France en février, une source proche du dossier juge que les livraisons s’effectueront en flux poussés dans un premier temps. Il s’agit en effet de répartir 700 000 doses, soit 70 000 flacons, entre environ 18 000 officines (celles qui ont participé à la vaccination antigrippale). Ce qui représente à peine quatre flacons (40 doses) par pharmacie.
De plus, le ministère des Solidarités et de la Santé évalue à 70 000 le nombre de médecins prêts à vacciner, ce qui autorise un seul flacon de 10 doses par praticien, dans un premier temps. En fait, l’approvisionnement du vaccin va sans doute être similaire à celui des masques sanitaires dans les officines : en flux poussés puis en flux tirés lorsque le nombre de produits sera conséquent.
Gérer la pénurie
Toutes ces problématiques conduisent à une seule conclusion : les pharmaciens vont devoir gérer la pénurie des vaccins. C’est d’ailleurs le constat unanime et, pourrait-on dire, fataliste de Philippe Besset, Gilles Bonnefond et Laurent Filoche. Certes, les officinaux ont acquis de l’expérience dans ce domaine entre les masques et les tests antigéniques, mais ils seront encore une fois confrontés aux questions et à l’impatience des patients. Mieux vaut élaborer un argumentaire afin d’expliquer quelles sont les difficultés rencontrées aux personnes désirant se faire vacciner. Et se préparer à une nouvelle période « mouvementée ».
Les premières doses réservées aux pros de santé
Dans un communiqué en date du 6 février, la Direction générale de la santé (DGS) indique que 273 600 doses du vaccin d’AstraZeneca ont été réparties à partir de cette date entre 117 établissements, dont 7 en outre-mer. 316 000 autres doses sont attendues la semaine du 8 février. Toutes ces doses sont réservées aux professionnels de santé et du médicosocial. La DGS précise également que « dès que les quantités livrées le permettront, il pourra être administré par les médecins de ville puis, dans un second temps, dans les pharmacies de proximité, pour les personnes répondant aux critères requis par la Haute Autorité de santé (personnes âgées de 50 à 64 ans, en commençant par celles qui présentent des comorbidités) ». Et d’annoncer : « La date exacte d’ouverture de la vaccination à ces personnes sera communiquée très prochainement, en fonction des doses disponibles ».
À RETENIR
– A partir de mi-février, les officinaux devraient recevoir les premières doses du vaccin d’AstraZeneca, qu’ils délivreront aux médecins selon une clé de répartition encore à finaliser.
– Les pharmaciens seront autorisés à administrer le vaccin anti-Covid-19 d’AstraZeneca quand le nombre de doses disponibles permettra de vacciner les personnes de 50 à 64 ans sans comorbidité. A priori, seuls les pharmaciens ayant déjà participé à la campagne de vaccination contre la grippe sont concernés, selon les recommandations de la Haute Autorité de santé.
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