Vaccination Réservé aux abonnés

7 millions de vaccinsvendus, et après ?

Publié le 31 octobre 2020
Par Magali Clausener
Mettre en favori

Les pharmaciens tirent la sonnette d’alarme : une majorité d’entre eux sont déjà en rupture de vaccins antigrippaux. Combien de doses ont été effectivement délivrées en début de campagne ? Combien en reste-t-il pour le réseau officinal ? Le point avec les données du Groupement pour l’élaboration et la réalisation de statistiques (Gers).

La campagne de vaccination antigrippale 2020-2021 a démarré sur les chapeaux de roues : 2,3 millions de vaccins ont été vendus en officine le 13 octobre 2020, soit une augmentation de 247 % par rapport au premier jour de la campagne 2019-2020, selon les données du Groupement pour l’élaboration et la réalisation de statistiques (Gers) établies à partir d’un panel de 11 000 officines et extrapolées. Sur les cinq premiers jours de la campagne, les pharmaciens ont délivré 5 766 631 doses contre 1 920 147 sur la même période en 2019. Ce qui représente un coefficient multiplicateur de 3. Et à J11, ce sont 7 229 625 vaccins vendus, soit le double des 11 premiers jours en 2019 (3 649 234 de doses). « 92 % des délivrances en officine ont été faites sur présentation du bon de l’Assurance maladie ou d’une ordonnance et 8 % hors bons et prescriptions », commente Patrick Oscar, directeur général de Gers SAS.

Une augmentation de la couverture vaccinale

Les messages du gouvernement semblent bien avoir atteint leur cible. De fait, de nombreux pharmaciens constatent qu’une partie des délivrances concernent des patients fragiles qui ne s’étaient jamais fait vacciner auparavant. En outre, ceux qui se font vacciner habituellement ont avancé leur date de vaccination. Une remontée du terrain confirmée par le Gers. « Sur les huit premiers jours, 43 % des personnes de plus de 65 ans sont allées chercher un vaccin antigrippal dans les officines. C’est un chiffre très élevé. En 2019, elles n’étaient que 22 % durant la première semaine », observe Patrick Oscar.

Vers une pénurie ?

Cette forte croissance des ventes de vaccins cette année a pour conséquence des ruptures de stock dans les officines. « A J11, un tiers des pharmacies ont au moins un vaccin en stock. Certaines ont constitué un stock de réserve pour les cas urgents. Ce qui signifie que 66 % des officines sont en pénurie », précise Patrick Oscar.

Si des livraisons sont prévues par les laboratoires la dernière semaine d’octobre, début et fin novembre, certains officinaux s’inquiètent de savoir s’ils vont pouvoir disposer des 13 millions de vaccins censés être disponibles en pharmacie. Ce qui représente une hausse de 30 % par rapport au nombre de doses en 2019. Difficile de répondre à cette question, car le Gers ne dispose pas de données sur les commandes et livraisons des fabricants. Mais il est certain que les officines ne disposaient pas de 11 millions de vaccins lors de la campagne précédente : 10 533 664 doses ont été vendues du 15 octobre 2019 au 31 janvier 2020, et 172 685 de plus jusqu’au 31 mars. En outre, une part de la production totale de vaccins est destinée aux hôpitaux. En 2019, les établissements de soins ont acheté 907 184 doses. Cette année, ces achats se sont élevés à 1 743 783 unités.

Publicité

Quant aux vaccins acquis par des collectivités et des entreprises, aucun chiffre n’est disponible. Combien de vaccins sont donc destinés au réseau officinal, sans compter les stocks de l’Etat qui a commandé 2,5 millions de doses, et en destinerait plus de 1,5 million aux officines pour décembre ? Il faudra attendre quelques semaines avant de le savoir.