Tests de soumission chimique : attention aux arnaques !

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Tests de soumission chimique : attention aux arnaques !

Publié le 30 janvier 2025
Par Audrey Chaussalet et Christelle Pangrazzi
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Les bâtonnets à tremper dans les boissons, afin de détecter d’éventuelles substances chimiques, vendues dans certaines officines, « ne sont peut-être pas aussi fiables que ça », prévient Carine Wolf-Thal, la présidente du Conseil national de l'ordre des pharmaciens. Elle invite donc les pharmaciens à la plus grande prudence avant de les commercialiser dans leurs officines.

Comme d’autres avant elle dans la profession, Carine Wolf-Thal, la présidente du Conseil national de l’ordre des pharmaciens, émet des réserves au sujet des kits de détection de substances chimiques dans les boissons, pourtant vendues dans certaines officines. Elle a rappelé, sans citer de marques, que « ces tests, fabriqués aux États-Unis et au Royaume-Uni, ne figuraient pas pour l’heure dans la liste des marchandises autorisées qu’un pharmacien peut vendre en officine et qu’ils ne bénéficient d’aucun marquage CE. » Sa crainte : « Que ce soit au final faussement rassurant ! ».

Les tests vendus sur le marché ne sont pas des dispositifs médicaux

La marque Check Your Drink (CYD) a fait son apparition sur le marché officinal en décembre dernier. Le test CYD se présente sous la forme d’un petit sachet contenant plusieurs bandelettes réactives. Il suffit de déposer une goutte de boisson sur les marqueurs pour détecter la présence de substances psychoactives telles que le GHB, la MDMA ou la kétamine. Si une drogue est présente, la bandelette change de couleur. À 8,90 euros pour une pochette de cinq bandelettes, le produit promet de détecter plus de 600 molécules. Mais, ce dispositif de prévention n’est pas un dispositif médical. La réglementation de ce type de produits s’apparente à celle des éthylotests. Cependant, « on ne peut pas complètement balayer d’un revers de main l’idée de tester une boisson », reconnaît Carine Wolf-Thal.

Prévention de la soumission chimique : quel rôle pour le pharmacien ?

À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes le 25 novembre 2024, pendant le procès de Mazan, l’ancien Premier ministre, Michel Barnier, avait annoncé « une expérimentation sur le remboursement par l’Assurance maladie de kits pour détecter la soumission chimique des potentielles victimes », restée pour l’heure sans suite. Néanmoins, en décembre dernier, l’Ordre national des pharmaciens, en partenariat avec l’association #MendorsPas (fondée par la fille de Gisèle Pélicot), s’est engagé dans une campagne de communication pour faire connaître la plateforme nationale dévolue à l’orientation des victimes suspectant une soumission chimique : le Centre de Référence sur les Agressions Facilitées par les Substances (Crafs). Le Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (Cespharm) a mis à disposition des pharmaciens, des outils de communication (affiche, flyers, vidéos), ainsi que les adresses utiles pour la marche à suivre qui permet d’accéder à la preuve que la victime a bien été droguée à son insu. Au sujet de l’analyse de substances chimiques à partir d’un prélèvement sanguin ou urinaire, « rien n’a encore été décidé. Cela va faire partie d’un très prochain rendez-vous », révèle Carine Wolf-Thal qui considère que sur ce volet-là, « les biologistes médicaux ont davantage un rôle à jouer que les pharmaciens. »

Avec l’AFP

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