Mars bleu : un cancer, des campagnes

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Mars bleu : un cancer, des campagnes

Publié le 3 mars 2025
Par Mathilde Combel et Christelle Pangrazzi
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L'objectif de mars bleu ? Briser les tabous et inciter au dépistage du cancer colorectal, deuxième plus meurtrier en France avec 47 000 nouveaux cas et 17 000 décès chaque année. Pourtant, détecté à un stade précoce, il se guérit dans 90 % des cas. Le défi : augmenter un taux de participation qui plafonne sous les 35 % malgré une gratuité totale et une simplicité d’utilisation.

Tour d’horizon des campagnes

– La Ligue contre le cancer frappe fort pour Mars Bleu, le mois de sensibilisation au cancer colorectal, avec un slogan provocateur : « Va chier ». Cette campagne mise sur une approche directe et décalée pour dépasser les réticences liées au test de dépistage, encore jugé contraignant par de nombreux Français.

– La fondation pour la recherche sur le cancer (Fondation ARC) est sans appel : « Ne lâchez rien tant qu’ils ne lâchent rien ! », enjoint-elle, avec une application nommée « M. Popo », qui envoie 3 messages, vidéos ou émoji par jour. « Relou mais efficace », ce petit rappel régulier a pour but d’inciter à effectuer le test de dépistage. Les relances s’arrêtent dès qu’on lui répond « j’ai fait mon test ».

– La Société française d’endoscopie digestive (SFED), en collaboration avec l’agence Horizon bleu, se sert de dessins kawaii (mignon en japonais) sur des affiches aux couleurs pastel pour faire passer le message « Ne lui tournez pas le dos ».

– L’institut national du cancer diffuse un spot TV dont le message principal est « Vous n’êtes pas obligé de faire votre dépistage le jour de votre anniversaire, mais dès 50 ans, faites-le tous les 2 ans et avant tout symptôme ». Une bande dessinée et un podcast « Dès 50 ans, un test peut vous sauver la vie » sont également disponibles.

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Les pharmaciens, maillon essentiel du dépistage

Depuis avril 2022, les pharmaciens peuvent remettre directement les kits de dépistage aux patients, facilitant ainsi l’accès à cet examen crucial. En 2022, 530 000 tests ont été commandés par les officines. En 2023, ce nombre a connu une hausse significative, confirmant l’engagement du réseau officinal dans cette démarche de santé publique.

Informer, rassurer et accompagner les patients

En 2023, plus de 20 % des tests réalisés provenaient d’une remise en pharmacie. Par des affichages en officine, des conseils personnalisés et des supports pédagogiques, ils contribuent à lever les freins psychologiques et pratiques des patients.

Encore méconnu du grand public, ce test est simple, rapide et entièrement pris en charge par l’Assurance maladie. Réalisé à domicile, il consiste en un prélèvement de selles à envoyer gratuitement en laboratoire. En cas de résultat positif, une coloscopie est prescrite pour détecter d’éventuelles anomalies.

Un taux de participation encore insuffisant

Malgré cette montée en puissance, le taux de participation reste en deçà des objectifs. Sur la période 2021-2022, seuls 34,3 % des 17,7 millions de Français éligibles ont réalisé le test, un chiffre encore loin du seuil de 45 % recommandé au niveau européen.

L’implication des pharmaciens est donc essentielle. Professionnels de santé de proximité, ils touchent des patients qui ne consultent pas régulièrement un médecin, jouant ainsi un rôle central dans le renforcement du dépistage.