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Un premier bilan encourageant
Deux ans après son déploiement, quel succès pour Mon espace santé ? Qui sont les utilisateurs et pour quel usage ? Éléments de réponse…
Deux ans après son lancement, Mon espace santé (MES) est en train de s’installer comme le carnet de santé numérique : plus de 11 millions de personnes se sont connectées à leur compte et 2,5 millions ont téléchargé l’application mobile, indique Claire Vigier, directrice de projets à la Délégation au numérique en santé (DNS). Et la dynamique est continue puisque nous avons en moyenne, chaque mois, 300 000 nouvelles personnes qui se connectent pour la première fois à leur espace. » S’il juge, lui aussi, la trajectoire intéressante, Xavier Vitry, directeur de projets à la DNS, reconnaît qu’il reste du chemin à parcourir. « Si l’on considère que 68 millions de Français disposent d’un compte MES, cela signifie que 15 % des gens l’ont consulté au moins une fois, précise-t-il. Nous avons encore une grosse marge de progression, car la majorité de la population n’est pas encore complètement au clair avec ce que peut leur apporter MES. Beaucoup ne savent même pas que cela existe… L’enjeu maintenant est d’atteindre ce fameux point de bascule qui permettra à MES d’entrer dans les mœurs. Mais ce qui est le plus important à nos yeux, c’est que les usages progressent sur le cœur de cible : les patients chroniques ou en ALD qui ont besoin de coordination des soins. »
226 millions de documents déposés.
C’est la consultation du dossier médical qui motive l’essentiel des usages avec 14,3 millions de documents examinés en 2023. « Les patients se connectent pour découvrir les résultats de leurs analyses biologiques ou consulter un compte rendu opératoire, indique Claire Vigier. Ils l’utilisent aussi pour mettre à jour leur historique de santé, un tiers des utilisateurs ayant complété au moins une rubrique de leur profil médical qui recense leurs pathologies, leurs traitements et leurs habitudes de vie. » Au total, 14,5 millions de documents ont été envoyés par les patients, dont 900 000 directives anticipées en cas de décès.
Du côté des professionnels de santé, un chiffre indique que les choses avancent dans le bon sens : 226 millions de documents ont été versés par les hôpitaux, les médecins, les laboratoires d’analyses biologiques ou les pharmaciens sur les dossiers médicaux partagés (DMP), consultables par les patients sur Mon espace santé. « Sur ce point, nous sommes dans les clous, puisque nous tablions sur 250 millions de documents déposés à fin décembre 2023. Ce cap a été franchi en janvier », se félicite Xavier Vitry. « Nous estimons que 500 millions de documents sont remis chaque année aux patients. Nous en sommes donc déjà à quasiment un sur deux, constate Claire Vigier. Cela signifie que les professionnels de santé commencent, eux aussi, à s’approprier l’outil grâce à l’investissement réalisé, dans le cadre du Ségur du numérique en santé, pour rendre simple et quasi transparent l’alimentation du DMP via les logiciels métier. »
Les prescriptions constituent 75 % des documents déposés par la médecine de ville. « L’enjeu dorénavant, c’est de nous assurer que chaque acteur envoie le document dont le patient a besoin : la lettre de liaison pour l’hôpital, la note de vaccination pour le pharmacien… », ajoute Claire Vigier. Quant aux médecins, « c’est vrai que, hormis les early adopters, et ceux qui sont installés dans des régions où le tourisme médical est important, ils n’ont pas encore le réflexe de consulter l’espace santé de leurs patients. Cela constitue, d’ailleurs, l’un des prochains sujets auquel nous devrons nous attaquer. »
Les pharmaciens aussi…
Dans les officines, on commence également à s’approprier doucement l’outil. « Sur le dernier trimestre 2023, les pharmaciens ont transmis une note de vaccination sur quatre, souligne Xavier Vitry. Sachant que nous n’avions pas effectué de communication spécifique pour les inciter à alimenter les carnets de vaccination, il s’agit d’un résultat assez extraordinaire, d’autant plus que nous avions positionné les pharmaciens comme des consommateurs plutôt que des producteurs de documents de santé. » Toutefois, il reste encore beaucoup de notes de vaccinations à envoyer dans Mon espace santé, la moitié des pharmacies ayant participé à cet effort. Le directeur de projets de la DNS reconnaît aussi qu’il reste du chemin à parcourir pour développer l’envoi des ordonnances par les patients aux officines via MES, ce service étant ouvert depuis le mois de mai 2023. « 7 000 officines, soit environ un tiers du réseau, sont aujourd’hui équipées d’une messagerie d’organisation qui permet de proposer ce service à la patientèle. L’un de nos prochains objectifs sera donc d’augmenter ce chiffre. Et, à l’autre bout de la chaîne, il faudra aussi développer les usages chez les professionnels de santé pour les inciter à investir le champ de la coordination et de la coopération interprofessionnelle. »
Consultation du DMP depuis le LGO pour 2025.
Sur la feuille de route des étapes qui restent à franchir, la vague 2 du Ségur du numérique en santé pour les pharmaciens figure en bonne place. « Contrairement aux médecins, les officines ne peuvent pas encore consulter les DMP de leurs patients depuis leur logiciel de gestion d’officine (LGO), la consultation étant inscrite dans la vague 2 du Ségur, rappelle Xavier Vitry. Les documents réglementaires qui permettront aux éditeurs de LGO de lancer les développements seront bientôt publiés. Cette fonctionnalité ne devrait donc pas être massivement déployée avant le deuxième semestre 2025. »
En attendant, un grand plan de communication sera lancé au premier trimestre en direction des pharmaciens, pour les aider à prendre en main les fonctionnalités déjà disponibles. « L’autre gros chantier qui nous attend, c’est l’inscription des préparateurs au RPPS (Répertoire partagé des professionnels intervenant dans le système de santé, NDLR) pour qu’ils puissent, eux aussi, consulter les données figurant sur le DMP des patients, ajoute-t-il. Nous en sommes à près de 9 000 inscrits, à fin janvier 2024, sur une population totale estimée à 70 000. Il y a donc encore du travail. »
L’autre priorité concerne l’amélioration de l’expérience utilisateur. « Nous allons encore simplifier le parcours de connexion pour que les patients puissent accéder très facilement à leur carnet de santé numérique, annonce Claire Vigier. Nous allons par ailleurs lancer au premier trimestre une fonctionnalité d’agenda qui enverra des rappels pour inciter à réaliser les examens, vaccinations et dépistages utiles, et ouvrir l’accès aux aidants pour qu’ils puissent consulter et alimenter le compte des proches qu’ils accompagnent. Nous sommes également en train de faire passer un décret en Conseil d’État qui nous autorisera à adresser des messages de prévention personnalisés sur MES via la messagerie sécurisée ou des notifications dans l’application mobile. L’objectif est que Mon espace santé soit un carnet de santé utile et évolutif tout au long de la vie, de la naissance jusqu’à la mort. »
« Nous sommes à la moitié du chemin d’une transformation à l’ampleur inédite de notre système de santé, conclut Xavier Vitry. En termes de timing et d’engagement des professionnels de santé, des éditeurs de logiciels, des instances représentatives des professionnels de santé, des patients et de la puissance publique, nous sommes partis sur de bonnes bases. Ce n’est pas un long fleuve tranquille, mais tout le monde a la volonté de faire avancer le sujet. »
2 %
C’est le pourcentage des usagers qui se sont opposés à la création automatique de leur compte Mon espace santé, soit moins d’1,8 million de Français.
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