Sevrage tabagique : la problématique du pharmacien « prescripteur »

© Un cendrier et des mégots - Pixabay

Sevrage tabagique : la problématique du pharmacien « prescripteur »

Publié le 17 avril 2019
Par Magali Clausener et Laurent Lefort
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Lors du débat «  Services, conseils et prestations : lesquels privilégier en 2019 ? », organisé par Le Moniteur des pharmacies le 31 mars pendant le salon PharmagoraPlus, le sujet du sevrage tabagique a été abordé à travers la mise en place d’entretiens spécifiques. « Nous sommes aujourd’hui dans une dynamique où le remboursement conduit à une très nette accélération du recours aux substituts nicotiniques. Jusqu’à présent, nous avons toujours marqué une limite à la question de savoir si celui qui dispense peut prescrire », déclarait Nicolas Revel, directeur général de la Cnam en janvier dernier au Moniteur des pharmacies. Les pharmaciens sont-ils légitimes pour réaliser des entretiens de sevrage tabagique ? Ne sont-ils pas alors « juges et parties » en conseillant des substituts nicotiniques et en les vendant ? « On entend cet argument, mais il y a eu des précédents, répond Carine Wolf-Thal, présidente de l’Ordre. Il faut faire confiance au pharmacien qui ne vend pas tout et n’importe quoi. C’est un professionnel de santé qui peut mener des entretiens de sevrage tabagique avec des grilles et des arbres décisionnels car les patchs ne sont pas toujours la bonne solution. A l’Assemblée nationale [lors du vote du projet de loi de santé NdlR], cela s’est joué à quelques voix. » « Un député a dit que les pharmaciens allaient s’autoprescrire, mais nous sommes sur un axe de prévention. Lorsque nous sommes sur la pilule du lendemain, sur la vaccination, nous sommes déjà en prescription. Est-ce qu’il y a eu des problèmes ? Dans le cadre du sevrage tabagique, nous ne sommes pas seulement sur les dispositifs médicaux. La question est : comment aide-t-on pendant six mois les patients à avoir plus de chances de réussir grâce au suivi de leur pharmacien ? », a commenté Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Pour Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), « il faut prendre en compte la problématique prescripteur/prescrit. Il ne faut pas que pour les patients, la confiance soit altérée par cette dichotomie. En revanche, il y a un champ dans lequel il faut, de façon très large, pousser la diffusion des produits de santé et des médicaments, c’est la prévention. Et nous sommes tous favorables à ce que le pharmacien prescrive en matière de vaccination, de pilule de lendemain. Et pour le sevrage tabagique, il faut que le pharmacien ait le droit de prescription ».

Concrètement, l’Ordre et les syndicats ne baissent pas les bras. « On va y arriver mais il faut proposer quelque chose de plus complet », a d’ailleurs déclaré Gilles Bonnefond.

En Paca, une expérimentation menée depuis 2 ans par l’URPS Pharmaciens dans le cadre du « Mois sans tabac » a démontré tout l’intérêt de l’accompagnement des patients et de la pertinence de la posture motivationnelle. 

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