Portrait : « J’exerce la mission de pharmacien correspondant »

Portrait : « J’exerce la mission de pharmacien correspondant »

Publié le 5 août 2024
Par Matthieu Vandendriessche
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Cotitulaire dans le Morbihan, Patricia Jouan assure depuis l’été dernier la mission de pharmacien correspondant, renforçant ses liens avec les patients et les médecins.

Patricia Jouan n’a pas endossé le rôle de pharmacien correspondant par hasard. Elle s’est impliquée dans les bilans partagés de médication (BPM) dès leur lancement en 2018, trois ans après s’être associée avec Maryse Garenaux, dont elle a d’abord été l’adjointe pendant dix ans, à la pharmacie de Pluméliau-Bieuzy (anciennement Pluméliau), dans le Morbihan. Cette ville de 4 300 habitants compte alors trois médecins. Mais, en 2019, deux d’entre eux partent à la retraite sans successeur. Pour celui qui reste et les deux installés dans des communes voisines, les BPM sont accueillis comme un bienfait. Patricia Jouan en a réalisé plus de 300. « Ils favorisent la reconnaissance et sont un formidable levier de fidélisation », constate la pharmacienne, qui y voit aussi une source de revenus complémentaires par une prise en charge globale en micronutrition, orthopédie et matériel médical. Elle entraîne toute son équipe dans les entretiens conventionnés, les dépistages et les vaccinations. Suivant cet engagement, l’officine s’inscrit dans une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP). Un exercice coordonné qui doit servir de cadre à la mission de pharmacien correspondant. Autre critère nécessaire, l’établissement est implanté dans une zone d’action complémentaire (ZAC), touchée par des difficultés d’accès aux soins.

Près de 100 patients bénéficiaires

Etre pharmacien correspondant, c’est tout d’abord être désigné comme tel par les patients à l’Assurance maladie. Puis, c’est recevoir des ordonnances tamponnées par des médecins traitants exerçant au sein de la MSP qui autorisent le renouvellement de traitements au-delà de leur validité pour une durée maximale de 12 mois. A l’officine, une centaine de patients bénéficient du dispositif depuis juillet dernier, essentiellement âgés de plus de 55 ans et atteints de pathologies cardiovasculaires. « Pour le moment, les prescripteurs ne vont pas au-delà de trois mois et ne nous donnent pas la possibilité de modifier les posologies. C’est un autre versant de cette mission qui implique d’avoir réalisé une formation spécifique au préalable. » La pharmacienne s’y tient prête. Pour elle, c’est tout de même un bon début, qui montre la confiance des médecins : « Ils savent que nous connaissons les patients et aussi nos limites. » Après une période d’absence, les prescripteurs apprécient de ne pas passer leur temps à des régularisations d’ordonnances. A l’officine, l’intérêt réside aussi dans la fluidité et la sécurité des dispensations. « On avance moins de médicaments et l’observance est améliorée par rapport à un renouvellement exceptionnel où l’on ne délivre en général qu’une partie de l’ordonnance. » Les dix salariés de l’équipe savent jongler avec ces nouveaux modèles de prise en charge. L’officine pratique le « triage » de premier recours dans le cadre de l’expérimentation Osys. Elle est aussi partie prenante dans le parcours expérimental Octave, qui met en place un suivi renforcé en officine des patients âgés après hospitalisation. Patricia Jouan a fait ses retours de terrain au ministère de la Santé, qui évalue le dispositif et s’interroge sur sa généralisation. De son point de vue, toutes ces missions sont source de motivation pour les équipes et d’attractivité pour les futures générations de pharmaciens et de préparateurs : « Moi-même, à 54 ans, plus ça va, plus j’aime mon métier ! »

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